Connectez-vous avec nous

Bonjour, que cherchez-vous ?

Culture

Théâtre de Vénissieux : le jeu des trônes

Le 17 janvier, la compagnie en résidence L’Exalté proposera Dunsinane, suite de Macbeth écrite par David Greig. Rencontre avec le metteur en scène Baptiste Guiton.

En résidence au Théâtre de Vénissieux depuis 2014, la compagnie L’Exalté-Baptiste Guiton est fidèle à ses auteurs. Après Magali Mougel (Cœur d’acier) et Dennis Kelly (Mon prof est un troll, Après la fin) — tous ces spectacles ont été créés à Vénissieux —, elle revient à David Greig, déjà côtoyé en 2014 avec Lune jaune. Les lycéens de Jacques-Brel se souviennent forcément de la belle lecture faite de ce texte par la compagnie, dans leur établissement.

Avec Dunsinane, que Baptiste Guiton présentera le 17 janvier prochain sur la scène vénissiane, David Greig invente une suite au Macbeth de Shakespeare.
« Shakespeare écrivait en décasyllabes très poétiques, analyse Baptiste Guiton. David Greig, lui, fait de la prose dialoguée avec un vocabulaire qui, par endroit, s’apparente vraiment à Shakespeare. On retrouve ainsi les fantômes de Hamlet, les artisans du Songe d’une nuit d’été. Sa structure narrative est capable de faire rire sur des choses sordides et cruelles et d’émouvoir avec des scènes d’une blessure horrible. »

Situé en pleine Écosse médiévale, Macbeth mettait en scène un général qui, poussé par sa femme, Lady Macbeth, assassinait le roi Duncan avant de sombrer dans la folie. Tous deux mouraient à la fin de la pièce.

Répétition de Dunsinane avec Baptiste Guiton (à droite)

« Macbeth est une histoire vraie que Shakespeare a adaptée. David Greig reprend les faits réels. Nous sommes en 1054 en Écosse et un tyran nommé Macbeth est défait, dans sa forteresse de Dunsinane, par un lord anglais, Siward. Il faut bien sûr voir dans le sujet des corrélations avec la géopolitique actuelle. Il est question de l’ingérence anglaise en terre écossaise — n’oublions pas que l’Écosse a demandé son indépendance à trois reprises —, tout comme on peut y voir des allusions à l’ingérence américaine en Irak. On peut aussi penser à la Crimée, la Libye et même la Syrie ou le Mali. Décrivant les soldats anglais comme des gamins, Greig voulait parler de ces gosses envoyés au front. Ils sont inexpérimentés dans ces territoires inconnus, face à des cultures qu’ils ne comprennent pas. Comment une guerre peut-elle se faire dans ces conditions ? Greig met en scène de jeunes hommes en proie à de grosses difficultés en terre écossaise. Comme nos casques bleus qui ne sont jamais bien accueillis alors qu’ils viennent pour le maintien de la paix. Plus généralement encore, Greig aborde la question de l’étranger : les Anglais en Écosse mais aussi la notion d’être étranger dans son propre pays et ne pas s’y sentir chez soi. La question de l’identité est très importante. Né en Écosse, l’écrivain a vécu au Nigeria avant de retourner dans son pays, « comme un chien au milieu d’un jeu de quilles » a-t-il écrit. On retrouve dans Dunsinane cet amour de l’Écosse, un pays qui a à la fois quelque chose de magique et qu’on ne peut pas entièrement comprendre. »

Des allures de Game of Thrones et du Scorsese de Gangs of New York

Baptiste ne tarit pas d’éloges pour David Greig, « auteur majeur du théâtre contemporain ». « Il s’empare d’une œuvre classique du répertoire élisabéthain, extrêmement difficile. Il l’a ingérée, digérée et en donne la suite. Je l’ai dit, on retrouve un peu du vocabulaire shakespearien mais un texte résolument contemporain comme peuvent l’être les grandes fresques écossaises. Et je pense aussi à des séries genre Game of Thrones. Il y a là une veine cinématographique et populaire, le Scorsese de Gangs of New York, avec de la cruauté, de l’humour dans la violence et cette possibilité de tuer un mec à tout moment. On retrouve aussi un lien entre notre grande Histoire, notre mythologie, les références connues et les enjeux actuels. On balaie un millénaire d’Histoire. »

Treize comédiens seront sur le plateau, entourés comme l’indique encore Baptiste, « d’un très beau décor à la fois opératique et épuré ». Puis, il ajoute : « Comme toujours, le spectacle sera créé à Vénissieux. Je suis un inconditionnel des premières à Vénissieux. C’est un des rares théâtres à tenir dans l’agglo lyonnaise, à réaliser un travail de médiation culturelle avec le public. L’équipe est simple et exigeante, chaleureuse. Dunsinane est une coproduction du Théâtre de Vénissieux, du TNP et du Toboggan à Décines. »

Au Théâtre de Vénissieux, le 9 janvier, de 19 heures à 20h30, on pourra découvrir (dès 15 ans) les prémisses de Dunsinane avec une répétition publique et une soupe partagée.

Le 17 janvier à 19 heures, petite histoire (entrée gratuite dans la limite des places disponibles) ;
à 20 heures : représentation.

À l’issue du spectacle, rencontre avec l’équipe artistique.

Tarifs : de 5 à 19 euros.

Réservations : 04 72 90 86 68 – theatre-venissieux.fr

Cliquer pour commenter

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez également

Culture

Ce 29 janvier, les élèves de 1re STI2D du lycée Sembat présentaient les extraits de "La Tempête" de Shakespeare, étudiés avec deux comédiennes de...

Culture

Avant la représentation du 18 janvier au Théâtre de Vénissieux, les Vénissians ont été invités à suivre des répétitions publiques du spectacle "Après la...

Culture

Uni au Théâtre de Vénissieux au sein de La Machinerie, l’équipement Bizarre ! propose concerts et ateliers. Mais également, baptisé Plan B, un incubateur...

Culture

Exposition d'Aurélie Pétrel, Jérôme Allavena et Vincent Roumagnac à l'espace Madeleine-Lambert de Vénissieux

Culture

« Alors, tu viens ou tu viens ? » Dans la salle polyvalente du lycée Jacques-Brel, trois classes (2nde/1re option théâtre, 2nde CPL et 1re bac...