Premier grand rendez-vous de cette fin novembre, déjà mentionné dans notre précédente édition, Une opérette à Ravensbrück est l’adaptation par Claudine Van Beneden et sa compagnie Nosferatu d’un texte de Germaine Tillion écrit clandestinement pendant sa déportation à Ravensbrück.
Germaine Tillion, une combattante
En choisissant de baptiser du nom de Germaine Tillion la rue qui descend des Minguettes jusqu’à l’avenue Pierre-Semard, la municipalité a tenu à rendre hommage à cette grande résistante (1907-2008), entrée au Panthéon en 2015. Ethnologue, elle va parcourir les Aurès au cours de deux missions, entre 1935 et 1940. Dès 1940, elle prend part à la Résistance et entre en contact avec le réseau du musée de l’Homme. Incarcérée en août 1942, elle est déportée en octobre 1943 à Ravensbrück dans le cadre des directives « Nuit et brouillard ».
Devenue Verfügbar (c’est-à-dire non affectée à un Kommando de travail et « disponible » pour les pires corvées), c’est là qu’elle rédige, en cachette, son opérette. Évacuée en avril 1945 par la Croix-Rouge suédoise, elle gagne Göteborg. De retour en France en juillet 1945, elle réintègre le CNRS.
En 1954, Germaine Tillion accomplit une première mission d’observation en Algérie, où elle enquête sur les dysfonctionnements de la société coloniale et, notamment, sur la torture, puis passe trois mois chez les Touaregs en 1957. Elle poursuit sa carrière, tant d’un point de vue universitaire que politique — elle fait partie du gouvernement de Michel Debré en 1959 —, prend position pour l’émancipation des femmes de la Méditerranée, contre l’excision, l’esclavage moderne et le racisme, « cette peur devenue folle ». Grand-croix de la Légion d’honneur en 1999, elle lance encore un appel contre la torture en Irak en 2004, à 97 ans.
Le Verfügbar aux enfers, le titre original de cette opérette écrite à Ravensbrück, est donc du théâtre musical qui emprunte ses airs à des morceaux connus venant du classique, de l’opérette, de la chanson populaire ou même grivoise. Germaine Tillion décrit, à la façon d’une opérette, une atmosphère où la joie et le drame tentent de se mélanger. Présentée le 22 novembre à 20 heures, cette Opérette à Ravensbrück sera précédée à 19 heures par une Petite histoire (dans la salle Albert-Rivat, entrée gratuite) au cours de laquelle on apprendra plus sur Germaine Tillion. À la fin du spectacle, l’équipe viendra rencontrer le public.
Quelques jours plus tard, le 26 novembre entre 18h30 et 19h30, les abonnés pourront arpenter tout le théâtre lors d’une visite guidée.
Le 27 novembre à 14h30, avec Le Singe d’orchestre proposé par la compagnie Laissons de côté, les petits — dès 6 ans — assisteront à un cours délirant sur l’histoire de la musique, de la préhistoire à aujourd’hui, mené par trois conférenciers un peu dingues. À noter que cette conférence loufoque et endiablée sera jouée à Bizarre !, l’équipement de musiques actuelles qui est lié au Théâtre de Vénissieux au sein de La Machinerie.
Le Jeune noir à l’épée
Le 29 novembre à 20 heures, retour au théâtre avec Le Jeune noir à l’épée. Alors qu’il visite l’exposition Le Modèle noir de Géricault à Matisse, au musée d’Orsay à Paris, le rappeur/slameur Abd al Malik découvre une peinture de Puvis de Chavanne, Jeune noir à l’épée, qui le bouleverse. « Jeune noir à l’épée, par sa singularité criante en termes de représentation de la figure noire, me racontait émotionnellement une histoire qui s’inscrivait tout naturellement dans ce monde de pauvreté et de béton que j’avais connu », explique Abd al Malik dans le dossier de présentation du spectacle. Il en tira un long poème, quelque part dit-il encore entre Baudelaire et Glissant, sur un jeune noir sorti de prison qui retourne dans sa cité HLM. Le texte est publié chez Flammarion puis fait l’objet d’une adaptation scénique. Avec un leitmotiv fort — « Comment pourrais-je m’aimer, comment pouvais-je t’aimer si sans cesse je luttais ? » —, entouré de danseurs sur une chorégraphie de Salia Sanou, Abd al Malik étudie « la construction d’un regard, la création de l’Autre et d’un inconscient collectif racialisé ».
22 novembre, 20 heures : Une opérette à Ravensbrück. Dès 14 ans. Tarifs : de 5 à 19 euros. À 19 heures, Petite histoire autour de Germaine Tillion, résistante et déportée.
26 novembre, de 18h30 à 19h30 : visite du théâtre réservée aux abonnés. resa@lamachinerie-venissieux.fr
27 novembre, 14h30 : Le Singe d’orchestre. Dès 6 ans. Tarifs : de 5 à 8 euros. Représentation à Bizarre !
29 novembre, 20 heures : Le Jeune noir à l’épée. Dès 14 ans. Tarifs : de 5 à 19 euros.
Réservations : 04 72 90 86 68 – theatre-venissieux.fr
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