Le concepteur et constructeur de véhicules autonomes Navya est confronté à un décollage du marché plus lent qu’escompté. Les nouvelles orientations stratégiques annoncées cet été « n’auront pas d’impact sur les chaînes de production à Vénissieux », assure le directeur marketing de Navya, Nicolas de Crémiers.
Le 25 juillet, la direction de Navya a annoncé de « nouvelles orientations stratégiques » pour les deux prochaines années. En quoi consistent-elles, et pourquoi cette échéance de deux ans ?
Nous constatons que le déploiement de véhicules 100 % autonomes prend plus de temps que ce qui était anticipé. C’est l’inconvénient d’être pionnier dans son domaine ! Mais nous sommes toujours convaincus que c’est l’avenir du transport de biens et de personnes. C’est confirmé par les investissements importants réalisés sur ce marché, par les nombreux partenariats noués entre industriels et start-up, ainsi que par le soutien des pouvoirs publics. Mais le décollage réel ne se fera que lorsque les véhicules seront capables de se déplacer vraiment en autonomie complète, plus rapidement, et dans des environnements complexes. Ça demande encore des perfectionnements technologiques, mais aussi une évolution réglementaire et une meilleure acceptation du public. Nous estimons que ces progrès prendront deux ans. Par exemple, la loi ne permet pas encore de transporter des personnes sans opérateur de sécurité à bord. Ce cadre devrait évoluer d’ici 18 à 24 mois. Du côté du public, les expérimentations en cours, notamment à Lyon, permettent à des milliers de personnes de se familiariser avec cette technologie, et de constater son haut niveau de sécurité !
Et en attendant ?
D’ici là, l’autonomie complète des véhicules va être déployée progressivement, dans des sites fermés où les contraintes de déplacement sont moins problématiques. Et dans le même temps, nous allons accroître la diversification de nos sources de revenus, en intégrant nos systèmes de conduite autonomes, logiciels et capteurs, sur des véhicules tiers construits par des partenaires. Nous avons déjà commencé à le faire avec Charlatte Manutention, pour le transport de bagages dans les aéroports.
Est-ce que ça veut dire que vous cessez de construire vos propres véhicules ?
Pas du tout, nous continuerons à produire des navettes à Vénissieux ! Nous en avons vendu 63 en 2018 et nous n’avons pas l’intention d’arrêter. Nos nouvelles orientations n’auront pas d’impact sur l’effectif de nos chaînes de fabrication, qui est actuellement d’une quarantaine de personnes. D’autant plus qu’une partie de l’intégration de nos systèmes sur des plates-formes tierces se fera sans doute à Vénissieux.
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