Notre dossier : Les Minguettes se projettent – Les projets, secteur par secteur – Ce qu’ils en pensent
Pyramide
Priorité au désenclavement
Dans ce secteur, 475 logements locatifs sociaux seront réhabilités, 409 seront résidentialisés, tout comme 375 autres situés dans des copropriétés via le dispositif municipal du PIG Énergie. Mais c’est la destruction programmée de 32 logements sociaux qui fait surtout débat, à l’initiative d’un petit groupe d’habitants qui s’oppose à cette perspective.
Pour rappel, cette opération de démolition doit permettre la création d’une voie supplémentaire de 50 mètres environ dans le quartier. Elle partirait du rond-point Cachin (avenue d’Oschatz) vers l’hôpital des Portes du sud.
“Il s’agit de créer une voirie de désenclavement qui permettra aux services publics de se rendre en quelques secondes au cœur du quartier, ce qui n’est pas possible aujourd’hui, explique Yazid Ikdoumi, directeur de mission au Grand projet de ville. Il est trop compliqué d’y entrer et d’en sortir. Les rues sont en tortillons, reviennent sur elles-mêmes… Cette opération va donc permettre au quartier de respirer car l’ensemble des logements pourra être desservi de manière cohérente et intelligente.”
Sécurité des déplacements
L’opération implique toutefois la démolition de 32 logements. “Tous les logements sociaux détruits doivent être reconstruits soit dans la ville, soit dans l’agglomération, rappelle Humbert David, l’urbaniste en charge du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Le loyer doit être identique. C’est encadré par la loi, l’ANRU et la Métropole. Et les gens peuvent demander à être relogés dans le quartier.” Voire au Puisoz où les logements doivent être reconstruits d’après Idir Boumertit, adjoint à l’urbanisme. Humbert David indique par ailleurs que les places de stationnement détruites seront reconstruites à l’identique le long de la voirie.
Reste la question de la sécurité, certains habitants redoutant l’arrivée d’une rue trop rapide. “La voie que l’on propose est une desserte très locale, répond Humbert David. Elle peut être assez étroite, éventuellement à sens unique, avec pourquoi pas une priorité aux modes doux. Ce n’est pas un tube pour faire passer les voitures.” Ce que confirme Yazid Ikdoumi : “Aujourd’hui, les rues que l’on crée disposent de trottoirs confortables, elles n’ont plus rien à voir avec celles que l’on a fabriquées dans les années soixante ou soixante-dix. Elles intègrent tous les nouveaux usages, et la voiture y sera réduite au minimum.”
Dans un autre registre, la Ville envisage la réalisation d’équipements publics dans le quartier de La Pyramide, qui pourraient être la nouvelle bibliothèque ou un équipement polyvalent. “Il s’agit bien d’une opération d’ensemble, pas simplement de la construction d’une voirie, même si cette voirie a un rôle essentiel dans la transformation du quartier”, conclut Yazid Ikdoumi.
Darnaise / Portes du sud
Économie, emploi et commerce
C’est une opération emblématique, qui aurait dû avoir lieu dans le premier programme de renouvellement urbain de 2005. Mais suite à l’accident de l’usine AZF de Toulouse en 2001, le préfet de l’époque avait interdit les constructions sur une grande partie du plateau, dont ce secteur, du fait de sa proximité avec la Vallée de la chimie. Ce n’est qu’en 2010 que l’État a réduit l’étendue du Plan de prévention des risques technologiques (PPRT), y autorisant ainsi de nouveau les constructions.
“On revient vers ce territoire avec l’idée d’une transformation fondamentale, indique Yazid Ikdoumi, directeur de mission au Grand projet de ville. L’idée d’aménager le quartier avec une place et un centre commercial à l’intérieur était peut-être une erreur. Nous préférons désormais des places en entrée de quartier, autour desquelles on positionne les commerces.” L’objectif serait donc de déplacer le centre commercial de La Darnaise sur une place située au carrefour du boulevard Lénine et de l’avenue du 8-mai-1945. Elle serait construite à l’emplacement actuel de la tour 71 du boulevard Lénine, qui serait donc détruite. En tout, 289 logements sociaux seront détruits, tandis que 444 autres seront résidentialisés.
Générer de l’activité économique
“Les commerces fonctionnent lorsqu’il y a du flux, reprend Yazid Ikdoumi. Ceux qui s’installeront profiteront du passage, abondant à cet endroit-là. Ils pourront aussi générer une offre à destination des gens qui travaillent aux alentours.” Le projet prévoit parallèlement la création d’une nouvelle zone artisanale, en lieu et place des tours 36, 38 et 40 dont la démolition est prévue de longue date. “On veut faire du développement économique pour amener de l’emploi dans le quartier, explique Humbert David, l’urbaniste en charge du NPNRU. C’est une zone attractive pour des artisans qui travaillent par exemple avec la Vallée de la chimie ou dans le bâtiment.” Exit donc l’idée d’une ville dont la fonction serait uniquement l’habitat. “Une ville, c’est aussi de l’emploi et du travail”, assure Yazid Ikdoumi. Qui précise qu’un travail est en cours, notamment avec des chefs d’entreprise, afin d’affiner le potentiel économique à poursuivre. “Le travail sera long. C’est pour cette raison que nous cherchons à développer l’attractivité du territoire”, conclut-il.
Balmes / Monmousseau
Nouveaux habitants, nouveaux équipements
En sept ans, 457 logements sociaux environ seront démolis dans ce secteur. Mais en tout, 1 026 logements vont y être construits. Ils seront situés à l’emplacement de l’ancien lycée Jacques-Brel, des deux barres ICF — les opérations de relogement de la plus grande sont par ailleurs terminées — et des trois tours Alliade. Pour faire face à l’accroissement de la population, un nouveau groupe scolaire Charles-Perrault sera construit. Il remplacera l’actuel, voué à la destruction.
Les 260 logements de la résidence Édouard-Herriot seront quant à eux réhabilités d’ici 2020 par son bailleur, Alliade Habitat, et leurs espaces extérieurs réaménagés. Le bailleur a mis 9,7 millions d’euros sur la table, soit presque 50 000 par logement.
L’un des aménagements les plus emblématiques du secteur sera la requalification de la place du marché. “L’idée, c’est d’obtenir une grande place du marché avec une halle couverte comme dans le 8e arrondissement de Lyon”, explique Humbert David, l’urbaniste en charge du Nouveau programme national de renouvel- lement urbain (NPNRU). Qui précise que de “nouveaux usages seront créés pour les jours sans marché”, grâce à des marquages au sol pouvant être utilisés pour des activités ludiques et/ou sportives.
Trame verte
Le foyer Adoma de la rue Billon et ses 161 chambres seront également détruits. Pour le remplacer, deux résidences de 80 logements seront construites au sein de la métropole lyonnaise, en un lieu qui reste à déterminer. “L’offre de chambres en foyer est déjà très importante à Vénissieux”, justifie Yazid Ikdoumi, directeur de mission au Grand projet de ville. Le secteur accueillera en outre un nouveau gymnase pour le lycée Jacques-Brel et une nouvelle crèche. Le centre nautique Delaune sera démoli pour être reconstruit à proximité de l’ancien, le service ne sera ainsi pas interrompu.
Enfin, on notera la mise en place d’une trame verte d’un hectare et demi, qui permettra de relier à pied ou à vélo le centre-ville au plateau. D’une longueur de deux kilomètres environ, elle s’étendra du parc Dupic au parc des Minguettes, en passant par l’emplacement actuel des barres ICF sur lequel un petit parc sera créé. “On pourra se rendre à pied ou en modes doux en toute sécurité du haut des Minguettes jusqu’à l’hôtel de ville, note Yazid Ikdoumi. Les possibilités de flux entre le haut et le bas de la ville seront multipliées. Le rôle structurant de l’avenue Jean-Cagne sera ainsi renforcé, ce qui permettra à l’activité commerciale de Vénissy de se développer encore.”
Léo-Lagrange
Fluidifier et rénover
“Nous sommes dans le même état d’esprit pour le secteur Léo-Lagrange que pour celui de La Pyramide. L’idée consiste à désenclaver le quartier. Les habitants du plateau doivent pouvoir descendre facilement dans le Centre, et les gens du Centre doivent pouvoir accéder directement à l’offre culturelle de l’Îlot du cerisier”, assure Yazid Ikdoumi, directeur de mission au Grand projet de ville. Deux nouvelles voiries seront donc prévues à cet effet. “Il s’agit plutôt de ruelles ou d’allées que de grands boulevards dédiés aux voitures, précise Humbert David, l’urbaniste en charge du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Elles pourront toutefois être empruntées par tous types de véhicules, car on a besoin d’y faire passer les riverains, les véhicules de sécurité, les camions poubelles ou de déménagement. Mais on ne recrée pas le boulevard Jean-Cagne.”
Remise à niveau du patrimoine immobilier
La première nouvelle voirie sera construite dans la continuité de la rue Debussy, et se terminera rue Paul-Langevin. Elle permettra de descendre facilement dans le centre-ville ou d’en remonter. “Cette opération implique la destruction d’une cage d’escaliers Grand Lyon Habitat de 14 logements sociaux située au 12 de la rue Debussy”, annonce Yazid Ikdoumi. Qui précise que l’école Léo-Lagrange sera totalement restructurée. Elle bénéficiera notamment d’une nouvelle entrée située sur le bas. “Ce sera l’occasion de l’ouvrir au secteur pavillonnaire situé en contrebas, afin d’obtenir un peu plus de mixité.”
Dans le même esprit, la rue Léo-Lagrange sera restructurée et prolongée jusqu’à la rue du Cluzel. Elle permettra ainsi de rejoindre directement le cinéma Gérard-Philipe depuis le coeur du quartier. Comme pour la voirie citée plus haut, l’opération nécessite la démolition d’un immeuble de 62 logements appartenant à Alliade Habitat, sis au 29-31, rue Léo-Lagrange. “Nous pourrons profiter de la place libérée pour construire quelques logements neufs à cet endroit, sous la forme de petites maisons ou de petits immeubles collectifs, expose Humbert David. Afin de diversifier le logement — ce qui est l’un des buts poursuivis par l’opération de rénovation urbaine —, il est possible d’envisager toute une palette de produits, de la petite maison jusqu’à l’immeuble collectif mais de petite hauteur.”
Ces opérations liées aux voiries ne doivent cependant pas faire oublier qu’une très grande partie du patrimoine immobilier existant sera réhabilitée et résidentialisée. “On remet totalement à niveau l’ensemble des logements du quartier, jusqu’à la résidence pour personnes âgées Henri-Raynaud qui sera elle aussi réhabilitée”, souligne Yazid Ikdoumi. Car si 76 logements locatifs sociaux sont voués à la démolition, 1 246 seront réhabilités et 1 052 autres résidentialisés.
Anneau des parcs
La verdure s’invite en ville
“L’anneau des parcs, c’est ce qui permettra aux deux communes de mieux fonctionner ensemble”, assure Humbert David, l’urbaniste en charge du projet. De fait, entre le parc des Minguettes et le parc Victor-Basch à Saint-Fons, les espaces construits font la part belle aux maisons individuelles, avec de beaux jardins arborés. L’idée serait donc de renforcer et d’utiliser cette cohérence.
“Si l’on met en lien les deux parcs et que l’on retravaille les rues plutôt comme des allées paysagères, cela peut donner une ambiance de parc, expose l’urbaniste. On pourrait ainsi développer une qualité de vie liée à la végétation et à la nature, avec de la fraîcheur. Ce serait l’occasion de créer des usages extérieurs conviviaux, familiaux, agréables pour tout le monde.”
Le boulevard Yves-Farge, à cet endroit, doit être entièrement requalifié par la Métropole, avec plus de surface pour les modes doux et les espaces verts. “Aujourd’hui, le boulevard Yves-Farge, c’est un peu l’ancienne nationale qui n’a pas bougé, observe Humbert David. Il deviendrait donc une grande allée du parc, utilisable en voiture, à vélo, à pied ou à cheval.” Deux boucles de 4,2 et 6 kilomètres seraient ainsi créées, la plus grande permettant notamment de relier les Grandes Terres aux deux parcs.
Reste toutefois la problématique de la sécurité. “Le parc des Minguettes est sous-utilisé, très pentu, squatté par endroits. Il faut donc que les gens du quartier se le réapproprient”, note Humbert David. Qui reconnaît toutefois qu’il sera compliqué de “laisser passer les poussettes mais pas les scooters”. Il préconise donc de “générer des usages dans le parc en travaillant avec les habitants et les associations pour trouver un point d’équilibre, tout en renforçant l’offre commerciale boulevard Yves-Farge”.
Habitante
23 juillet 2019 à 7 h 56 min
Très déçue par cette première réunion de concertation, peu de participants, quelques habitants de Billon Picard qui redoutent les conséquences des travaux de démolition et de voirie pour leur bien, deux habitants proche du marché qui n’en peuvent plus de ne pas dormir, bref pas de réel échange sur le projet.
Une prochaine rencontre après l’été sera bien nécessaire pour permettre le dialogue avec les élus. Les contributions écrites qui peuvent être déposées sont toujours compliquées à rédiger surtout si l’on a pas une connaissance fine du projet. Pour ma part je regrette que l’on ne parle d’espaces verts que pour l’anneau des parcs et non pour de futures constructions qui pourraient être végétalisées. Le tout béton est un non sens avec le réchauffement climatique, les dalles de béton comme aménagement urbains sont également à proscrire.. enfin qu’en est-il du PDU, les déplacements ne sont que peut abordés dans le projet…. et beaucoup de sujets à discuter avec nos élus! bonnes vacances à toutes et tous.