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Débat sur le réseau ferroviaire lyonnais : des riverains méfiants, des élus exigeants

La SNCF voudrait passer à 4 voies la ligne entre Saint-Fons et Grenay. Lors du débat public du 11 juin, des associations de riverains ont suspecté l’opérateur de vouloir y faire circuler plus de trains de fret. Les élus exigent des engagements contre les nuisances et le développement des gares périphériques.

Photo © Laurent Critot / CNDP

SNCF Réseau voudrait passer à 4 voies la ligne entre Saint-Fons et Grenay. Les associations de riverains suspectent l’opérateur de vouloir y faire passer les trains de marchandises du Contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise. Les élus exigent des engagements contre les nuisances sonores.

Depuis le 11 avril et jusqu’au 11 juillet, les projets de réaménagement du « nœud ferroviaire lyonnais » (NFL) sont présentés par la Commission nationale du débat public, sur la demande de SNCF Réseau (ex-RFF). Le 11 juin en soirée, c’était au tour de Vénissieux d’accueillir cette réunion publique, consacrée à l’impact des aménagements prévus.
Une centaine de personnes ont participé au débat, salle Joliot-Curie, essentiellement des membres d’associations fédérées par le collectif Fracture mais aussi des élus tels que le maire de Vénissieux, Michèle Picard, et celui de Saint-Priest, Gilles Gascon.

Une voie de plus à Vénissieux

Les aménagements prévus sur la portion Saint-Fons/Grenay de la ligne Lyon-Grenoble ont été très commentés. SNCF Réseau estime que, pour augmenter le trafic vers la Part Dieu, il faudra passer l’intégralité de ce segment à quatre voies. Le secteur de Saint-Fons l’est déjà, mais pas celui de Vénissieux (trois voies jusqu’à Saint-Priest), ni celui de Saint-Priest à Grenay (deux voies).

Dans la traversée de Vénissieux, la quatrième voie serait construite au Sud de la ligne, a annoncé SNCF Réseau. L’opérateur a admis que le Chemin du Charbonnier sur Vénissieux et Saint-Priest sera « très impacté » par cet agrandissement, mais a promis que « des mesures contre les nuisances seront prises ».

Denis Cuvillier, de SNCF Réseau, chef de projet NFL. (Photo Laurent Critot / CNDP)

Un débat inutile, selon « Fracture »

Après une bonne heure de présentation par Denis Cuvillier et Didier Llorens (SNCF Réseau), le public a pu s’exprimer. D’emblée, Gilles Renevier, porte-parole de la fédération d’associations Fracture, a remis en cause la sincérité et l’utilité même du débat. « La SNCF a la culture du je fais semblant d’écouter et je fais ce que je veux à la fin. Les chiffres annoncés pour justifier le projet sont douteux ».
Et le président de Fracture de préciser : « Il y a quelques années, on nous prédisait que le trafic fret allait tripler : il a été divisé par deux ! De 700.000 wagons isolés, on est passé à 140.000. La SNCF mise tout sur sa filiale la plus rentable, Géodis, transporteur routier aux milliers de camions ! On nous promet des protections acoustiques le long de la ligne, mais les habitants du sud de Vienne les attendent toujours. On nous parle d’un contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise (CFAL), mais il traversera Vénissieux, Saint-Priest et Saint-Fons, qui en font pourtant partie ! En fait, il s’agit de contourner Lyon et le quartier d’affaire de la Part Dieu, tant pis pour les autres communes ».

Un projet déjà « ficelé » ?

« Fer Autrement », association de riverains des communes de l’Ozon, a embrayé. « Lors du débat public sur le CFAL, aucune de nos propositions n’a été retenue par RFF qui avait présenté des études biaisées. Ce débat est un habillage pour légitimer un projet déjà ficelé. Nous refusons d’être des faire-valoir ». Joignant le geste à la parole, la vingtaine d’adhérents a quitté la salle Joliot-Curie. « On ne fait pas avancer le débat avec des chaises vides » a déploré Jean-Claude Ruysschaert, président de la commission particulière du débat public.

Roger Rivat, de l’association Halte au bruit et aux nuisances. (Photo Laurent Critot / CNDP)

Le Vénissian Roger Rivat, vice-président de l’association « Halte au bruit et à la vitesse » a été plus constructif. « Tout le monde est d’accord pour améliorer le cadencement des TER et augmenter le fret ferroviaire. Le problème, ce sont les nuisances générées par les trains de marchandises. Faire passer le fret dans nos communes pour se connecter au CFAL Nord, de Grenay à Ambérieu, c’est une énorme erreur. Ces trains sont lourds et bruyants et circulent surtout la nuit, pour faire de la place aux trains de voyageurs. Si l’on veut inciter les entreprises à choisir le rail, il faut des lignes dédiées, qui vont du Nord de l’Europe jusqu’à Gibraltar, et qui roulent jour et nuit ».

Une opportunité à saisir

Exigeant « un financement à la hauteur des enjeux, notamment environnementaux », Michèle Picard a rappelé que la Ville de Vénissieux veut que les parties nord et sud du CFAL soient réalisées en même temps, sur un tracé dédié. Elle souhaite aussi que la SNCF développe la gare de Vénissieux, « pour en faire la porte Sud de la Métropole, avec une meilleure desserte TER et des arrêts TGV ». L’élue a également insisté sur la nécessité de mise en place de protection des nuisances phoniques dans la traversée de sa commune. Le maire de Vénissieux a annoncé que le conseil municipal du 17 juin prochain apportera une contribution écrite au débat.

Michèle Picard, maire de Vénissieux (Photo Laurent Critot / CNDP)

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