Attaquante de talent dans les années quatre-vingt-dix, capée une douzaine de fois en équipe de France, désormais vice-présidente du District de Lyon et du Rhône, la vénissiane Mylène Chauvot est une pionnière du foot féminin.
Même si son CV dit l’inverse, il ne faudrait surtout pas penser que le football est la seule passion de Mylène. « En fait, j’aime tous les sports ».
Dès l’âge de 12 ans, elle ne se sent à l’aise qu’en tenue de sport. Et là, elle devient intenable, infatigable, presque excessive. D’aucuns diraient boulimique. « J’étais très à l’aise en athlétisme que j’ai découvert bien avant le foot. » Minime, elle devient recordwoman du club de Cluny sur 60 mètres. À 14 ans, avec un bond à 5,38 m, elle est championne UNSS en longueur, avant de se distinguer au javelot avec un jet à 45 mètres.
Le trop-plein d’athlétisme la pousse à découvrir le foot, toujours à Cluny. Aussi à l’aise avec des crampons qu’avec des chaussures à pointes, Mylène prend très vite une licence au club de Flacé-Mâcon. C’est le début d’une passion pour cette discipline encore confidentielle à l’époque chez les filles. Le bac en poche, elle opte pour la fac de sport de Villeurbanne avec l’idée de rapprocher du FC Lyon qui fait figure de pionnier puisque le club crée sa section féminine dès 1970. Le championnat de France de football féminin ne sera officiellement relancé par la Fédération Française de Football qu’en 1974-1975.
Tout en se lançant sereinement dans son cursus universitaire, Mylène croque dans le milieu de l’animation sportive à la faveur de stages et de vacations. Et s’impose dans le même temps comme titulaire au FCL. Attaquante gauchère très appréciée, elle décroche sa première sélection en équipe de France, alors dirigée par Aimé Mignot, et obtient avec le FCL son premier titre de championne de France en 1991.
La Vénissiane domiciliée près du parc Louis-Dupic va pourtant devoir lever le pied en 1992 suite à une rupture des ligaments croisés, une blessure devenue de plus en plus courante chez les sportifs de haut niveau. Ce qui ne l’empêche pas de remporter deux autres titres de championne de France en 1993 puis 1995, et un dernier en 1998. Six ans plus tard, le FC Lyon passera sous la bannière de l’Olympique lyonnais.
Y a-t-il une vie après le foot de haut niveau ? Oui car Mylène a la prudence de poser un premier pas dans le monde du travail dès 1996… à Vénissieux. Forte de son expérience dans l’animation, elle se fait une place au sein de la direction municipale des sports, intervient dans les écoles, à l’USEP, s’implique dans les centres d’initiation, à la Maison de l’enfance Anatole-France, tout en obtenant son BAFA. Elle qui voue une passion pour le sport au sens large ne va pas être déçue. Elle encadre des activités en basket, hand, athlétisme, badminton, escalade… et parfois en foot. Elle respire, elle vit. Même si elle n’échappe pas à des tâches plus administratives comme la planification des besoins des écoles en matière de matériel.
Toujours en mouvement, Mylène accepte ensuite de rejoindre le service des sports de Saint-Priest pour prendre en main le pôle animation. « J’ai eu cette opportunité qui me convenait, moi qui suis habitée par ce besoin de bouger, de voir autre chose. C’est dans ma nature. »
« Pourquoi vouloir créer une équipe sénior, si l’on oublie par ailleurs de former des éducateurs, des bénévoles et d’attirer des jeunes joueuses ? »
Quand le district de Lyon et du Rhône de football la sollicite en 1994 pour remplacer l’ancienne présidente de la commission féminine, Mylène n’hésite pas. D’autant qu’elle exerce déjà dans la maison en qualité d’éducatrice. Son objectif est alors clair : transmettre son vécu et sa passion du foot. Avec une idée forte : aider les clubs à se structurer pour assurer le développement en grand du foot féminin, en particulier auprès des jeunes.
Alors qu’elle occupe aujourd’hui le poste de vice-présidente du District, son discours n’a pas changé : « Pourquoi vouloir créer une équipe sénior afin de profiter de la vague actuelle initiée par l’OL ou l’équipe de France, si l’on oublie par ailleurs de former des éducateurs, des bénévoles et d’attirer des jeunes joueuses ? C’est pourquoi un dimanche par mois, on organise le challenge Passion foot, destiné à rassembler un maximum de filles de 6 à 11 ans, sous la forme de tournois. »
Outre ses responsabilités au District, Mylène a intégré le club des 100 dirigeantes créé en 2017 par la FFF. Là encore, il s’agit d’accompagner la montée en puissance des femmes dans le monde foot, en formant chaque année 25 d’entre elles à des postes à responsabilité.
On ne pouvait passer sous silence la Coupe du monde qui démarre dans une dizaine de jours, d’autant que le District est partie prenante. « On a mobilisé nos licenciés, avec animations à Lyon en février, on a organisé la « Laura Foot d’Elles » en avril en appui sur la Ligue, puis la fête départementale du foot féminin à Vénissieux, le dimanche 19 mai. Enfin, un village FIFA sera installé sur la place Bellecour, le 26 juin. »
Les féminines peuvent-elles imiter l’équipe de France masculine ? « Bien évidemment, elles sont capables d’être championnes du monde. Et quand je vois les décisions et les choix de Corinne Diacre, la sélectionneuse, je retrouve la même manière d’agir que Didier Deschamps. C’est un signe, non ? »
Mylène Chauvot
Née le 19 août 70 à Mâcon
Responsable du pôle animation au service des sports de Saint-Priest
Vice-présidente du District de foot de Lyon et du Rhône
12 sélections en équipe de France, quadruple championne de France avec le FC Lyon en 91, 93, 95 et 98