Sélectionnée aux auditions à l’aveugle puis éliminée lors de l’épreuve des K.O., la jeune candidate vénissiane de The Voice n’a qu’une envie, chevillée au corps : vivre de la musique. Et elle s’en donne les moyens.
Elle se présente sur scène comme dans la vie : longs cheveux rouge cerise, piercings au visage et innombrables bracelets aux poignets, jean déchiré et Dr Martens aux pieds. “Même s’il est déglingué, c’est mon style et j’y tiens”, lance-t-elle sur un ton de défi qui semble signifier “Punk je suis, punk je resterai !”
Née à Vénissieux en 1999 d’une mère française et d’un père anglais, c’est un peu par hasard qu’Estelle Welby s’est retrouvée sur la scène de The Voice, le fameux télé-crochet de TF1. “C’est ma tante qui m’a inscrite au casting organisé à Eurexpo en 2018. J’ai envie de vivre de la musique et j’ai pensé que l’émission m’apporterait une certaine visibilité.” La voici donc parmi les 130 artistes sélectionnés sur 10 000 candidats potentiels.
Lors des auditions à l’aveugle, trois fauteuils sur quatre se retournent. Jenifer la compare à Pink, Soprano à Evanescence — rien de moins — mais elle choisit de rejoindre l’équipe de Mika qui reconnaît son talent et sa détermination mais aussi la nécessité de travailler. “C’est lui qui m’a fait la critique la plus constructive, admet-elle. J’étais venue pour ça.” À l’épreuve suivante, celle des K.O., son coach lui conseillera de “continuer à développer son répertoire émotionnel et musical” la laissant retrouver le monde, loin des studios de l’émission.
Aucun regret pour la chanteuse, bien au contraire. “Grâce à The Voice, j’ai appris beaucoup de choses sur moi-même et sur mes capacités vocales. J’ai beaucoup plus confiance en moi. Désormais, je sais que j’ai du talent, je sais que j’ai une belle voix.”
Lady Gaga et Freddy Mercury
La musique, Estelle est tombée dedans toute petite. “À 2-3 ans déjà, je passais des heures devant les clips de MCM à chanter et à danser !” À l’époque, à la maison, maman écoute Goldman et Mylène Farmer, papa, Eagles, AC/DC et Pink Floyd, et les grands-parents, Balavoine et Polnareff. Aujourd’hui, à 19 ans, la jeune chanteuse, qui apprécie tout autant le rap que le métal, est le fruit de ce mélange. “Rock, pop, rap, jazz, reggae : pourquoi se limiter à un seul style quand on sait en faire plusieurs ?” En tête de liste de son panthéon personnel : “Freddy Mercury — je ressens beaucoup d’amour pour cet artiste — et Lady Gaga. Elle a un côté provoc’ que j’aime beaucoup. Et ses chansons m’ont beaucoup aidée à une période compliquée de ma vie.” Deux écorchés vifs donc, à l’image de cette jeune femme hypersensible qui, si elle préfère cacher ses failles et ses souffrances — elle évoquera à demi-mot avoir été victime de harcèlement scolaire entre 6 et 12 ans —, a trouvé dans la musique, “un défouloir, une échappatoire, une libération. La seule façon pour moi de communiquer mes émotions”.
Un album en préparation
Autodidacte, elle s’empare d’une guitare à 15 ans, arrête l’école en première et décide d’aller chanter dans la rue. “Je devais avoir 16 ou 17 ans, se remémore-t-elle. J’ai demandé à une amie de m’accompagner et je me suis lancée.” Aujourd’hui, on peut la voir interpréter les titres des artistes qu’elle affectionne à Saint-Jean ou rue de la République. “Dans la rue, tout est plus naturel, plus spontané. Les gens ne se forcent pas à rester et ça me fait plaisir de savoir qu’ils aiment ce que je fais. C’est aussi l’occasion de me faire des contacts, pour aller chanter dans des bars, des restaurants. Le samedi soir à Saint-Jean, c’est blindé, j’adore !”
C’est à 16 ans aussi qu’Estelle rencontre son manager, Davy Anders, lors d’un concours de chant, organisé à Feyzin, au cours duquel elle décroche le prix coup de cœur du jury. “Pour moi, lui décerner ce prix, ça a été comme une évidence, confie le professionnel avec qui la jeune chanteuse travaille aujourd’hui à l’enregistrement d’un album. Estelle est une rebelle au grand cœur qui a beaucoup de choses à dire. Je l’encourage d’ailleurs à écrire car elle n’est pas seulement une interprète. C’est quelqu’un de très humain qui a un vécu et beaucoup d’émotions à partager avec le public.”
L’après The Voice pour Estelle Welby ? Continuer à chanter, à travailler, à composer. “Je dois encore gagner en confiance en moi pour ne plus avoir peur d’interpréter mes propres compos devant un public. Je continue aussi à travailler le jeu de scène, le placement du regard, pour me sentir plus à l’aise.” L’album est en cours — “trois chansons sont déjà enregistrées, une en français, deux en anglais” —, photos et vidéos alimentent régulièrement les réseaux sociaux et les démarches sont entamées pour trouver des scènes où tourner. Il y a fort à parier que l’on entendra de nouveau parler de cette jeune Vénissiane à la signature vocale si singulière.