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Tramway T4 : dix ans qui ont changé la ville

Au-delà de l’amélioration de l’offre de transport, plébiscitée par les usagers, le tram a littéralement transformé Vénissieux, renforçant son attractivité. Il a aussi été un élément déterminant dans la réussite du lourd programme de renouvellement urbain engagé sur le Plateau des Minguettes.

André Gerin est un témoin privilégié pour dire ce que le tram a apporté à Vénissieux. L’inauguration de la ligne T4, en avril 2009, a conclu en beauté son quart de siècle passé à la barre de la Ville de Vénissieux. Pourtant, il n’était pas un chaud partisan de ce moyen de transport, lui préférant de loin le métro.

« Même si on s’est battu au début des années 2000 pour que le tram soit réalisé d’un seul tenant et desserve bien les Minguettes, c’est vrai qu’on n’était pas fans du projet au départ, reconnaît l’ancien député-maire. Or aujourd’hui, force est de constater que le T4 a changé la psychologie de la ville. C’est un outil de désenclavement, d’aménagement et d’animation qui favorise la vie des habitants. Je n’aurais jamais dit cela il y a 20 ans. Et avec l’arrivée du T6 en fin d’année, cela va donner encore plus de cohérence au réseau de lignes fortes qui dessert la commune. »

Succès populaire

Avec 100 00 voyages/jour — une fréquentation plus de deux fois supérieure aux prévisions d’origine — la ligne T4 est un indéniable succès populaire. Elle a rattrapé les lignes T1 et T2, mises en service huit ans plus tôt. Et elle est la grande bénéficiaire du projet « capacité tramway », doté par le Sytral d’un budget de 60 millions d’euros, qui va généraliser l’usage des rames de 43 m, d’une capacité de 300 voyageurs, entre Feyzin et La Doua.

Mais l’effet le plus spectaculaire du T4 pour Vénissieux est d’ordre urbain. Il a relié la ville à l’agglomération, et permis le désenclavement des Minguettes, enjeu essentiel des lourds programmes de politique de la ville lancés au mitan des années quatre-vingt-dix.

Reconquête urbaine

Car le tramway, à l’inverse du métro, ne transporte pas des foules énormes dans des tunnels noirs. Il est ouvert sur la ville et visible depuis la ville. Ce qui en fait un excellent outil de reconquête de l’espace public, d’amélioration environnementale, permettant de reconstruire la rue, de façade à façade. L’exemple de l’avenue d’Oschatz, que met en avant la première adjointe au maire de Vénissieux, Yolande Peytavin (lire ci-dessous son interview), est à ce titre éloquent. Cette avenue qui rendait autrefois quasi palpable la coupure entre le vieux Vénissieux et le Plateau est peut-être ce qui symbolise aujourd’hui le mieux la réunification de la commune.

L’arrivée du tram a également été un fort levier de développement, tant immobilier qu’économique. Tout au long du tracé, les promoteurs ont investi. En 2014, la commune comptait 1 870 logements de plus qu’en 2009, soit une hausse de 8 %, comparable à la moyenne observée dans la métropole lyonnaise. Le tram n’explique pas tout ; le coût excessivement élevé du foncier à Lyon a également joué en poussant les acheteurs en périphérie. Mais les professionnels du secteur ne s’y trompent. Pour Gilles Pommateau, directeur des agences ORPI de Vénissieux et Lyon 8e, « l’intérêt premier du T4 c’est d’avoir désenclavé Vénissieux et plus largement le sud-est lyonnais. Il a attiré de nouveaux profils d’acheteurs. »

Yolande Peytavin, première adjointe

« Le T4 a intégré les Minguettes à la ville »

En charge du développement de la ville, première adjointe sous André Gerin puis Michèle Picard, Yolande Peytavin suit le dossier tram depuis une vingtaine d’années.

Quand vous vous retournez sur l’histoire du T4, qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit ?
– D’abord l’aboutissement d’une bagarre. On l’a oublié aujourdhui, mais la ligne a failli être remise en cause au début des années 2000, puis le Sytral avait proposé qu’il ne monte pas tout de suite aux Minguettes. On nous avait déjà fait le coup pour le métro, il était hors de question permettre une telle erreur de se reproduire. La réussite du T4 aujourd’hui montre que l’inclusion des Minguettes dans le tracé était essentielle.

– Réussite en termes de fréquentation ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les prévisions au moment des études portaient sur un plus de 40 000 voyages/jour, on en est aujourd’hui à 100 000, et la capacité du T4 va être encore augmentée avec la livraison de nouvelles rames de 43 m. Mais c’est également, surtout je dirai, une réussite en matière d’aménagement urbain, de désenclavement pour le Plateau des Minguettes.

Sans le T4, le renouvellement urbain des Minguettes n’aurait pas pu se faire dans d’aussi bonnes conditions ?
– C’est évident. Le tram a intégré le plateau à la ville et à l’agglomération. Il a été un élément déterminant de la réussite du programme de renouvellement urbain. À mes yeux, la transformation de l’avenue d’Oschatz en est le plus beau symbole. Avant, quand vous étiez au pied de cette avenue, la coupure était manifeste. Aujourd’hui c’est un axe magnifique bordé de façades urbaines de qualité, il fait véritablement la couture avec la ville haute. D’autant que nous y avons implanté la médiathèque, en bas, comme un élément fédérateur, à la jonction du centre-ville.

– Un mot sur le T6 qui sera livré en fin d’année…
Cette ligne va venir donner encore plus de cohérence au réseau de lignes fortes qui dessert Vénissieux. Après le métro et le T4, elle va constituer un vrai plus pour les habitants du nord de la commune. D’un côté on pourra se rendre directement à Gerland et Confluence, de l’autre vers le 8e et la zone des hôpitaux.

– Dans quelle mesure cette amélioration de la desserte de Vénissieux a-t-elle boosté le développement de l’immobilier ?
– Il est indéniable que l’arrivée du tram a redonné de l’attractivité à Vénissieux. Mais ce n’est pas la seule raison. Nous disposons aussi d’un important foncier, libre ou en mutation. Tout l’enjeu maintenant, même si nous avons changé de dimension, est de garder une maîtrise. À ce titre, le PLU-H (Plan local d’urbanisme et de l’habitat), qui sera opposable en juin, nous a permis de pacifier les choses, de ne pas libérer les vannes à tout va.

Et bientôt le T6

Sur 6,7 km, entre Debourg (Gerland) et Hôpitaux Est, la ligne T6 viendra compléter au mois de décembre les quelque 70 km de voies de tramway qui desservent l’agglomération. Ligne transversale de l’Est lyonnais, le tram T6 intéresse directement la zone nord de Vénissieux puisque trois stations sont situées à proximité immédiate de la commune : « Moulin-à-Vent, « Petite Guille » et « Beauvisage-Pressensé ». Son tracé croise par ailleurs le T4 au niveau du boulevard des États-Unis, ce qui avait donné lieu à d’importants travaux et à une interruption partielle du trafic du T4 l’été dernier, au grand dam des Vénissians.
Le chantier tire désormais à sa fin. Tous les travaux d’aménagement doivent être achevés à l’été 2019. La période de septembre à fin décembre, précédant la mise en service, sera consacrée aux essais, à la formation des conducteurs et à la marche à blanc.

 

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