Les grincheux, comptez-vous. Il sera en effet difficile de trouver quelqu’un qui ne trouve pas son compte dans la programmation des Nuits de Fourvière. Du 1er juin au 30 juillet, le festival financé par la Métropole aligne 53 spectacles tous genres confondus : théâtre, danse, musique, opéra, cirque et même karaoké géant. Avec, parfois, des mariages qui paraissent improbables. Laissons la parole à Dominique Delorme, directeur de la manifestation, lors de la conférence de presse du 12 mars : « Nous ouvrons cette année une nouvelle piste de présentation d’artistes. L’idée est née de la rencontre avec la salle Molière à Lyon, forte de ses 500 places, un écrin qui permet une écoute en acoustique. La deuxième rencontre a été faite avec le violoncelliste Vincent Segal, qui va ouvrir un nouveau cycle de concerts : les Salons de musique. C’est lui qui a proposé le nom. »
Jusque là, rien d’étonnant. Mais attendez la suite : « Nous rendrons ainsi un hommage à Émile Vacher, l’inventeur du musette disparu en 1969, avec Philippe Krümm, spécialiste des musiques traditionnelles, et le dessinateur Robert Crumb. » Crumb ? Le fabuleux auteur de comic’s, créateur de Fritz le chat, adulé par tous les fans de BD américaine ? Associé à l’accordéon qui nous faisait fuir, enfant, quand passaient à la télé André Verchuren, Aimable et Yvette Horner ? C’est gonflé ! Et ce sera, précipitez-vous car il n’y en aura pas pour tout le monde, le 6 juillet à la salle Molière.
Le festival le plus important de la région
La programmation, c’est une habitude pour ce festival qui est sans doute le plus important de la région au vu du nombre de dates et de la qualité des spectacles proposés, est on ne peut plus éclectique. Côté théâtre, on aura le choix entre Robert Wilson, un habitué des Nuits qui s’intéresse au Livre de la jungle mis en musique par les deux sœurs CocoRosie, mais aussi Georges Lavaudant qui monte L’Orestie d’Eschyle, Serge Valletti qui poursuit sa traque d’Aristophane ou Les Chiens de Navarre qui reviennent avec Tout le monde ne peut pas être orphelin (au Radiant de Caluire). Le festival a également poussé les étudiants de l’Ensatt à travailler avec les Comp. Marius, ces étonnants Flamands qui se sont attaqués au répertoire de Beaumarchais et de Pagnol. Là, ce sera pour du Shakespeare, un melting pot de ses drames royaux.
La danse sera au rendez-vous avec Natalia Osipova et son parcours sans faute du Bolchoï au Royal Ballet de Londres, via l’American Ballet Theatre de New York, et avec Yoann Bourgeois qui mettra ses chorégraphies acrobatiques au service du Requiem de Mozart. Quant au Pockemon Crew, après être passé par le Théâtre de Vénissieux début février, il viendra célébrer son vingtième anniversaire à Fourvière.
Vénissieux encore avec le parc de Parilly, enfin Vénissieux et Bron puisque le parc s’étend sur les deux communes, où s’installera le temps de trente représentations, du 14 juin au 24 juillet, le théâtre équestre de Bartabas pour Ex Anima. Les amateurs de cirque pourront aussi se rendre au domaine de Lacroix-Laval, à Marcy-l’Étoile, pour voir Lexicon, spectacle gallois du NoFit State Circus, et au grand théâtre de Fourvière pour le cirque Éloize qui, à l’occasion de ses 25 ans, viendra pour la première fois au festival.
La musique, des jeunes aux survivants
Restent encore les amateurs de musique. Iront-ils voir la chanson française : Zazie, M, Claire Diterzi, Vanessa Paradis, Arthur H, Eddy De Pretto, Clara Luciani ? Du jazz avec Biréli Lagrène ou Ibrahim Maalouf ? Un hommage à Leonard Cohen ? De la soul avec Don Bryant et Mavis Staples, de la musique africaine avec Youssou N’Dour, du son cubain avec Omara Portuondo ? Du rock-pop avec New Order, Interpol, Damon Albarn (The Good, the Bad and the Queen), Bon Iver, Sting, Tears for Fears, Jeanne Added, The Blaze ? Ou vibrer à voir sur scène quelques groupes mythiques — ou du moins ce qu’il en reste : Magma, King Crimson, Midnight Oil, Pink Floyd (représenté par Nick Mason) et Supertramp (représenté par Roger Hodgson) ? Et comme toutes ces soirées vont vous donner envie de chanter, rien de tel que l’Éclat final, le 30 juillet, où avec les Franglaises et ARTE, on pourra se livrer à un karaoké géant.
Les Nuits de Fourvière, du 1er juin au 30 juillet.
Tarifs, suivant les soirées, entre 5 et 65 euros.
Programme complet sur nuitsdefourviere.com
Tony
10 mai 2019 à 15 h 38 min
En fait, si on se penche un peu sur le travail artistique de Robert Crumb, il semble totalement naturel qu’il participe à la soirée consacrée à l’accordéoniste Emile Vacher, pionnier du genre musette.
Son œuvre graphique témoigne fréquemment de sa passion pour ce genre musical (et pour les musiques populaires rétro en général, Crumb étant un collectionneur notoire de 78 tours). Cf ses nombreuses illustrations pour des rééditions en CD. Et aussi sa collaboration musicale avec « les Primitifs du futur ».
On est donc bien loin du « mariage improbable gonflé » évoqué par JC Lemeunier.
Ceci renvoie à une question problématique, qui est de comprendre pourquoi le genre musette souffre en France de dénigrement – ou dans le meilleur des cas d’une grande méconnaissance, et paradoxalement, par des gens éduqués. Partout ailleurs dans le monde, ce genre musical est perçu pour ce qu’il est : une musique populaire des années 20/30, avatar français du jazz rétro.
Pour finir voici un lien vers une belle piste du groupe « Robert Crumb and the cheap suit serenaders ».
Allergiques attention : ce morceau peut contenir des traces d’accordéon 🙂
https://www.youtube.com/watch?v=OdN2EJGmIug
joel rigout
13 mars 2019 à 17 h 01 min
« Associé à l’accordéon qui nous faisait fuir, enfant, quand passaient à la télé André Verchuren, Aimable, Yvette Horner. »…………Sachez cher monsieur que si l’on parle encore aujourd’hui d’ Accordéon, c’est grâce à eux !!!! et pour votre gouverne, les médias passaient ce que le public attendait…. Avant d’écrire, réfléchissez à la rédaction de vos commentaires !!!