La CGT conteste la procédure de licenciement entamée par le laboratoire à l’encontre d’un délégué du personnel, y voyant une manoeuvre d’intimidation avant les élections professionnelles, voire une sanction contre l’un des animateurs de la grève du 11 janvier.
Un petit comité d’accueil bruyant et coloré attendait les dirigeants de Carso LSEH, mercredi 27 février au matin, à l’entrée du site des laboratoires, à Vénissieux. L’union locale CGT entendait ainsi attirer l’attention sur « l’acharnement et la répression » dont serait victime, selon elle, l’un des salariés du groupe, en raison de son engagement syndical.
Alain Dafri est délégué du personnel, délégué syndical CGT et membre du comité d’entreprise. La direction de Carso souhaite licencier M. Dafri, à qui elle reproche plusieurs manquements. Une faute professionnelle, d’abord. Le salarié aurait égaré un chariot d’échantillons, ce qui aurait retardé une analyse. L’intéressé conteste formellement la véracité de cette accusation.
« Accusation grotesque »
Il lui est également reproché de déranger ses collègues pendant leurs heures de travail… « Une accusation grotesque, qui cible l’exercice de son mandat de représentant syndical et du personnel, et même les moments où il remet des bons du CE aux salariés », dénonce Guillaume Dumoulin, secrétaire de l’UL-CGT.
Enfin, il serait reproché au syndicaliste d’avoir tenu dans la presse (y compris Expressions) des propos qui nuisent à l’image de la société, lors d’une journée de grève, le 11 janvier dernier. « Il n’a fait que rappeler que des rachats d’entreprises concurrentes avaient fait augmenter l’activité mais pas les effectifs, se traduisant l’été dernier par une surcharge de travail qui a fait exploser les arrêts maladie. Des faits, rien que des faits », assène M. Dumoulin.
Manoeuvre d’intimidation ?
Son rôle lors du mouvement de janvier ne serait-il pas la véritable clé du conflit ? M. Dafri est l’un des animateurs de cette journée de grève chez Carso (la première depuis trois ans) qui s’était tenue lors de négociations salariales serrées. Elles avaient abouti à une augmentation générale de 2%, une première depuis 2015 (cette année-là, la hausse avait été de 0,3%).
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« Derrière ces mauvais procès, on soupçonne Carso de vouloir se débarrasser de celui qui a ré-introduit la CGT dans l’entreprise, analyse Guillaume Dumoulin. Dans quatre mois, auront lieu les élections du personnel dans l’entreprise. Cette procédure ressemble beaucoup à une manoeuvre d’intimidation à l’attention des salariés tentés de rejoindre ou de soutenir un syndicat revendicatif… »
Le 27 février, le comité d’entreprise de Carso s’est prononcé contre le licenciement de M. Dafri, à la quasi unanimité. Cet avis, consultatif, n’empêche pas la procédure de se poursuivre, mais la rend néanmoins plus difficile à plaider auprès de l’inspection du travail, qui a désormais le dossier entre les mains.
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