Ian Brossat, 38 ans, tête de liste du Parti communiste français (PCF) aux élections européennes du 26 mai prochain, était à Vénissieux ce samedi 12 janvier. D’abord sur le marché des Minguettes en compagnie du maire, Michèle Picard, puis au local du PCF vénissian, pour une rencontre avec une cinquantaine de militants.
Une question d’actualité, d’abord. Hier, le président de la République a estimé que beaucoup de problèmes viennent de ce que les Français « ont oublié le sens de l’effort ». Qu’en pensez-vous ?
Emmanuel Macron et son gouvernement sont dans la provocation permanente. Comment oser dire cela alors que, par exemple, l’État doit 23 millions d’heures supplémentaires non payées aux infirmière des hôpitaux publics ? C’est vraiment irresponsable. Mais peut-être parlait-il des actionnaires du CAC 40 qui ont empoché 57 milliards d’euros en 2018 sans lever le petit doigt…
Lors d’une visite à Vénissieux, il y a 2 jours, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a déclaré que le « grand débat national » lancé par le gouvernement devait permettre aux Français de « dire quelles sont les dépenses publiques à conserver et celles à supprimer » pour faire baisser les impôts. Qu’en pensez-vous et, vous-même, qu’appelez-vous à faire de ce « grand débat » ?
Bruno Le Maire pense que les Français sont contre les impôts. Il se trompe, les Français sont contre l’injustice fiscale, nuance ! La vraie question est celle de la répartition des richesses, entre ceux qui se gavent et ceux ne s’en sortent pas. J’évoquais à l’instant les actionnaires des entreprises du CAC 40, qui ont reçu 57 milliards d’euros de dividendes en 2018, 12% de plus que l’année précédente, un record. Quelle partie de ces sommes folles vont être escamotées ? En France, l’évasion fiscale atteint plus de 100 milliards d’euros, c’est à dire une fois et demi la somme payée par les contribuables par le biais de l’impôt sur le revenu. Au niveau de l’Europe, c’est mille milliards d’euros ! Combattre vraiment cette fraude permettrait d’arrêter de sacrifier les services publics qui profitent à tous, l’école, la santé, la justice, la sécurité… Mais ça, le ministre de l’économie et des finances n’en parle pas, évidemment.
Et concernant le « grand débat national » ?
On en voit bien les limites. Le gouvernement nous dit « vous pouvez débattre de tout, sauf de tels ou tels sujets ». Bruno Le Maire, justement, a expliqué par exemple que ce n’était pas la peine de discuter du rétablissement de l’ISF, pourtant exigé par une majorité de Français, parce que le gouvernement ne reviendrait pas dessus. Ce n’est pas au gouvernement de nous dicter ce que l’on doit débattre ou pas. Je propose donc à chacun de s’impliquer dans ce débat pour en faire éclater les cadres et les contraintes, tout en poursuivant le mouvement social inédit que connait notre pays avec le mouvement des « gilets jaunes ». Le monde du travail a pris le micro. Il doit continuer à s’exprimer.