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“En mouvement” contre le surpoids et l’obésité

Depuis 2011, plus de 180 enfants de 6 à 11 ans ont été suivis dans le parcours « En mouvement ». Les infirmières scolaires, qui repèrent les petits en surpoids, sont de véritables lanceuses d’alertes. Quand l’engagement des familles est fort, les résultats sont spectaculaires.

Depuis 2011, plus de 180 enfants de 6 à 11 ans ont été suivis dans le parcours « En mouvement ». Les infirmières scolaires, qui repèrent les petits en surpoids, sont de véritables lanceuses d’alertes. Quand l’engagement des familles est fort, les résultats sont spectaculaires.

La courbe de poids, un outil de référence

L’indice de masse corporelle (IMC) rend compte de la corpulence d’un individu. Sa formule de calcul est la même quel que soit l’âge : on divise le poids (en kg) par le carré de la taille (en m). Par exemple, un individu pesant 62 kg pour 1,75 m a un IMC de 20,2. Un IMC normal se situe entre 18,5 et 25. Entre 25 et 30 on est en surpoids. Au-dessus de 30 commence l’obésité. Au-delà de 40 l’obésité est qualifiée de morbide ou massive.
Chez l’enfant, l’IMC ne peut s’interpréter qu’à l’aide d’une courbe de référence, en fonction de son âge et de son sexe. Celle-ci permet d’identifier précocement un surpoids en train de se constituer, c’est une information essentielle accessible dans le carnet de santé.
La surveillance systématique de la corpulence est recommandée.

Créé en janvier 2011 par l’Atelier santé ville, le parcours « En mouvement », destiné aux enfants de 6 à 11 ans en surpoids ou souffrant d’obésité, connaît un réel succès. Cette pathologie touchant de plus en plus d’enfants devient un véritable problème de santé publique. Ce phénomène est plus marqué chez les habitants des quartiers populaires. Une étude réalisée il y a quatre ans par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) confirme « une qualité nutritionnelle globalement plus faible de l’alimentation et une moindre diversité alimentaire pour les enfants et les adolescents de milieu défavorisé ; une consommation plus faible de fruits et de légumes, et une absorption plus élevée de boissons sucrées ». On se souvient également que l’Observatoire régional de santé, en 2007, avait mis en avant dans son diagnostic santé la problématique du surpoids à Vénissieux (30 % de la population) et de l’obésité (11 %), à l’origine de maladies telles que le diabète et les pathologies cardiovasculaires. Des résultats confirmés par les premiers chiffres connus du diagnostic santé mené en 2017, qui évoque une poursuite de la hausse du diabète toutes populations confondue.

Les infirmières scolaires lanceuses d’alerte
Sur la base de ces résultats, la Ville a décidé de mettre en place au début des années 2010 un dispositif de prise en charge destiné aux enfants en surpoids ou obèses. Intitulé « En mouvement », il a été construit en partenariat avec différents partenaires : l’agence régionale de santé, le groupe hospitalier Les Portes du Sud, et le Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité en pédiatrie (Reppop 69). Depuis sa création, plus de 180 enfants en ont bénéficié. Pour Nathalie Dussurgey, la coordinatrice de l’ASV, l’objectif est moins de faire maigrir les enfants que de sensibiliser les familles à adopter des habitudes de vie saine (rythmes de vie, diététique…) et favoriser la reprise d’une activité physique régulière. « Le critère d’inclusion de l’enfant est un décrochage de sa courbe de poids vers le haut, précise la coordinatrice. Le but de ce parcours étant de stabiliser ou d’inverser cette courbe. Car si rien n’est fait l’enfant poursuivra sa prise de poids. Les familles doivent adhérer à ce parcours et l’engagement doit être total. »

Le rôle des infirmières scolaires est primordial. Ce sont elles en effet qui repèrent l’enfant dont la courbe de poids décolle anormalement. Elles alertent alors les parents et proposent ce parcours santé. « En mouvement » est ouvert à l’ensemble des écoliers de la ville. Les activités ont lieu dans les gymnases Alain-Colas et Colette-Besson dans le quartier des Minguettes, ainsi que dans le gymnase de l’école Pasteur.

Confiance et estime de soi
Lundi, fin d’après-midi au gymnase Besson. Christopher, Kadigia, Amel, Yamina, Brandy, Kenza, Wyam et Mohad se retrouvent pour leur atelier de sport hebdomadaire. Une Au programme : sarbacanne, course, jeux de ballon, parcours moteur et gymnastique. Chaque trimestre les activités changent. « On propose une dizaine de sports, indique Mathieu Audras, chargé de projets sport-santé. Le choix est assez large pour permettre à l’enfant de choisir une activité qui lui convient. Ici nous travaillons la thématique santé en premier lieu, mais aussi la motivation, la connaissance de son corps, la gestion de l’effort, la confiance et l’estime de soi. »

Mathieu Ravet et Oriane sont les deux encadrants du soir. « Au niveau du regard des autres, la vie quotidienne n’est pas toujours facile pour ces enfants, observent-ils. Du fait de leur poids, ils subissent parfois des moqueries. Rien de cela ici, les enfants s’éclatent, nous sommes bienveillants avec eux. On sent qu’ils aiment venir ici. »

La petite Kenza en donne une bonne illustration. Sous aucun prétexte elle ne manquerait ce rendez-vous du lundi. « Je suis scolarisée en CE1 à Louis-Pergaud, dit-elle avec un grand sourire. J’ai 7 ans. J’aime beaucoup courir, bouger et j’adore jouer au foot. Je me suis fait de nouvelles amies ici. Elles n’habitent pas dans mon quartier, elles viennent de tous les coins de Vénissieux. »

La séance passe vite, trop vite pour Kenza. Il est déjà l’heure de retrouver les parents. Mais avant de se quitter, les écoliers font le point avec leurs encadrants pour préciser ce qu’ils ont plus ou moins aimé dans le programme. Vivement lundi prochain.

Le Parcours santé, c’est…

• Une équipe pluridisciplinaire
– une diététicienne, Morgane Navarro
– un chargé de projet sport santé, Mathieu Audras,
– un éducateur sportif, Mathieu Rave,
– une psychologue du Point accueil écoute familles (PAEF), Marion Vistoli
– l’infirmière scolaire dont dépend l’enfant

• Un programme complet
– trente ateliers sport (une fois par semaine de 16h15 à 17h45) : jeux de ballon, parcours moteurs et gymniques, sarbacane, biathlon, lutte, sports collectifs
– trois rencontres sport parents/enfants (une fois par trimestre)
– quatre temps d’échanges collectifs pour les parents avec la psychologue et la diététicienne
– quatre journées « sortie » pour les enfants et les parents avec activités physiques (tir à l’arc, golf, VTT, escalade, tyrolienne, marche nordique…) et une activité autour de l’alimentation (atelier cuisine, pique-nique…)
– des entretiens individuels pour la famille permettant de faire le point avec toute l’équipe du parcours
– un suivi téléphonique mensuel

Le parcours « En mouvement », des résultats probants

Mathieu Audras, chargé de projets sport-santé, a mené une enquête par entretien téléphonique auprès des parents dont les enfants ont suivi le parcours « En mouvement » entre 2012 et 2016. Ils ont été questionnés sur la continuité sportive post-parcours, sur les habitudes alimentaires, la perte ou la stabilisation pondérale.

Près de quatre enfants sur cinq (80,4 %) continuent à faire régulièrement du sport ou de l’activité physique dans la semaine. Aucun enfant n’est dispensé de sport à l’école. La majorité des familles s’oriente vers le tissu associatif sportif de la ville : les clubs de karaté, judo, danse, gymnastique, taekwondo, football, basket-ball et natation.

Une prise de conscience du « bien manger »
En matière de pratiques alimentaires, près de trois enfants sur quatre (73,9 %) ont une alimentation variée, près de deux sur trois (60, 9 %) mangent en quantité équilibrée, et plus de deux sur trois (67, 4 %) ne grignotent plus entre les repas. Pour Mathieu Audras, la participation de la famille joue un rôle majeur dans le rééquilibrage des pratiques alimentaires de l’enfant. Lorsque cette prise de conscience du « bien manger » se retrouve chez les parents, les habitudes alimentaires sont souvent plus équilibrées.
Autre objectif du parcours : la stabilisation du poids de l’enfant. Près de deux écoliers sur trois (63 %) l’ont stabilisé ou en ont perdu. L’étude confirme à nouveau que l’implication des familles reste primordiale dans l’atteinte de cet objectif. Lorsque celle-ci poursuit dans son intégralité le programme sur deux ans, l’enfant a davantage tendance à perdre du poids.

Et après…
À la suite du Parcours, plus d’un tiers des familles (37 %) a poursuivi un programme complémentaire autour de la problématique du surpoids ou de l’obésité de leur enfant au sein d’un établissement ou d’un dispositif médico-social. Certaines ont continué la démarche au sein du Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité en pédiatrie (Reppop69). D’autres se sont tournées vers le Centre médico-psychologique (CMP), le Point accueil écoute famille (PAEF) ou un centre de soins de suite et de réadaptation.
Enfin, une majorité des familles a témoigné être satisfaite d’avoir participé au programme. Certaines ont vécu le Parcours santé comme un véritable tremplin, une réelle prise de conscience de la nécessité de changer de mode de vie.

 

Des petits chefs inspirés

Concours de cuisine – Apprendre à réaliser un repas équilibré tout en partageant une expérience conviviale avec son enfant. Tels étaient les objectifs de la matinée Top chef organisée le 8 décembre dernier à la Halle à grains.

Quatre critères de réussite
– la cohésion d’équipe : attitude respectueuse, langage correct, attitude fair-play
– l’anti-gaspillage : attention aux déchets alimentaires, aux denrées entamées mais pas utilisées
– le respect de l’hygiène : nettoyage des aliments, des mains, et bonne tenue de sa table
– l’équilibre alimentaire des plats : pas trop gras, sucré ou salé.
Pour chacun de ces critères chaque membre du jury a attribué une note selon le barème suivant : très bien, bien et moyen.

Le défi est de taille pour les quatorze familles participantes. Il s’agit de réaliser en une heure un repas équilibré : une salade composée, un wrap et une salade de fruits. Sur chaque table, un panier type et du matériel de cuisine de base pour les trois préparations. Un stand épicerie est également à disposition. On y trouve de l’huile d’olive, de la ciboulette fraîche, des pignons de pins, du citron, de l’ananas, des épices, de la noix de coco râpée…
Au top départ, tout le monde s’applique. Morgane Navarro, diététicienne, Mathieu Audras, chargé de projets en activité physique adaptée et santé, et Mathieu Ravet, éducateur sportif, tous membres de l’Atelier santé ville (ASV), passent de table en table, encourageant adultes et enfants.

Parents et enfants motivés
La maman de Brandy s’affaire avec sa fille de 7 ans, scolarisée en CE1 à Louis-Pergaud. Aînée de trois enfants, la fillette pèse 34 kg, alors qu’elle ne devrait pas dépasser 28 kg. Sa maman raconte : « Brandy a été repérée par une infirmière scolaire en CP il y a un an compte tenu du décrochage de sa courbe de poids. Elle nous a parlé de ce parcours, on a foncé. Tout est gratuit, aussi bien les activités des enfants que les rencontres avec la diététicienne, l’éducateur sportif ou le psychologue. Nous nous sommes rendu compte que c’est au niveau des proportions qu’il y avait un souci. Brandy me disait souvent « maman j’ai faim », donc je la resservais. Elle ne prenait pas assez de temps pour manger.  » Autre souci : le grignotage entre les repas. « Maintenant je fais attention, explique Brandy. Je cuisine avec maman. J’aime beaucoup aller au gymnase avec les autres. J’ai même perdu un kilo ! » Participer à Top chef était évident pour cette maman et sa fille. « C’est un moment privilégié que nous avons toutes les deux ! »

Un peu plus loin, Morage et son fils de 9 ans, Ngorima, en CM1 à l’école du Centre. Ce petit garçon mangeait en grosse quantité, se levait la nuit. « Un éducateur du SESSAD (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile) nous a proposé ce parcours en lien avec l’infirmière scolaire, rappelle la maman. Aujourd’hui Ngorima va mieux. Il a eu un vrai déclic. La nuit il ne mange plus, les quantités sont raisonnables, et il adore les légumes ! Il a pris goût à cuisiner. Son rêve est de devenir chef. »

Amel, 7,5 ans (CE1) et son frère Mehdi, 5 ans (grande section de maternelle), tous deux à l’école Flora-Tristan, sont venus avec leurs parents. Pour la maman, se retrouver au sein de ce parcours est déculpabilisant : « Amel est en surpoids, ce qui n’est pas le cas de Mehdi. J’étais un peu désemparée. Les professionnels du parcours sont très à l’écoute, ça m’aide. »

À l’issue du concours, tous les enfants engagés ont reçu une médaille et différents prix, notamment des entrées pour le cinéma Gérard-Philipe et le Théâtre de Vénissieux.


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