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Sécurité : la PSQ, ça change quoi ?

Depuis le début de l’année, une trentaine de policiers – dont 21 à plein temps – ont été affectés au commissariat de Vénissieux, dans le cadre du dispositif des Quartiers de reconquête républicaine, mesure phare de la nouvelle Police de sécurité du quotidien. Objectif affiché : améliorer le quotidien des habitants.

Depuis le début de l’année, une trentaine de policiers – dont 21 à plein temps – ont été affectés au commissariat de Vénissieux, dans le cadre du dispositif des Quartiers de reconquête républicaine, mesure phare de la nouvelle Police de sécurité du quotidien. Objectif affiché : améliorer le quotidien des habitants.

Pour y voir plus clair
> PSQ : Police de sécurité du quotidien, nouvelle doctrine de la police nationale impliquant un partenariat entre population, police et acteurs institutionnels. Le gouvernement met notamment en avant un abandon de la politique du chiffre, une simplification des procédures, une attention particulière face au harcèlement.
> QRR : Quartiers de reconquête républicaine, l’un des dispositifs de la PSQ pour lutter contre la délinquance en déployant des moyens de police supplémentaires dans 60 lieux ciblés. 1 300 effectifs dédiés seront affectés aux QRR d’ici 2 022.

C’était le 18 septembre dernier. Gérard Collomb était encore ministre de l’Intérieur. Dans la cité des Tarterêts de Corbeil-Essonne (91), il inaugurait le dispositif des Quartiers de reconquête républicaine (QRR), la mesure phare de la Police de sécurité du quotidien (PSQ). Grâce à ce dispositif des QRR, le gouvernement a prévu de doter une soixantaine de quartiers sensibles d’effectifs de police supplémentaires d’ici la fin du quinquennat. « L’idée, c’est de concentrer les moyens sur un nombre limité de quartiers », soulignait-on au ministère. De fait, 1 300 effectifs dédiés seront affectés aux QRR d’ici 2022, soit entre 15 et 30 agents supplémentaires par quartier.

Le QRR des Minguettes (22 500 habitants) se situe dans la moyenne haute. Depuis le début du mois, 21 agents supplémentaires ont été directement affectés au commissariat de Vénissieux. Neuf autres, dont les missions s’exerceront sur l’ensemble du département, renforceront au besoin ses effectifs sur le terrain. Ils pourront notamment intervenir en amont et/ou en aval des opérations de police, afin de les rendre plus efficaces sur un plan judiciaire. « Leur travail consistera alors à aider au montage du dossier, pour que le procureur puisse disposer de tous les éléments, explique le maire, Michèle Picard. L’objectif, c’est que la peine soit à la hauteur du délit. »

Fermeté et autorité
« Les délinquants doivent savoir qu’avec la PSQ, ils seront davantage arrêtés, poursuivis, et sanctionnés », avait averti Gérard Collomb en février dernier dans un entretien au journal Le Monde. Le maire espère que ces annonces seront suivies d’effet. « On se retrouve dans les problématiques soulevées : trafics de stupéfiants, occupation des halls d’entrée, nuisances sonores sur les places, squares occupés à point d’heure, etc. Ce que j’attends, c’est que l’on arrive à remédier ou à réduire fortement ce qui enquiquine la vie des habitants. »

Quelques chiffres
21, c’est le nombre de personnels qui ont été affectés à temps plein au commissariat de Vénissieux. 9 autres pourront les soutenir ponctuellement. 

22 500, c’est le nombre d’habitants du Quartier de reconquête républicaine (QRR) des Minguettes. Dans le cadre de la PSQ, le gouvernement prévoit sur le territoire national un déploiement — police et gendarmerie confondue — de plus de 10 000 effectifs supplémentaires d’ici 2022, et un « retour sur le terrain » de 4 500 agents. 40 000 réservistes supplémentaires seront affectés d’ici 2 020 à la police et à la gendarmerie. Les effectifs dédiés à la cybercriminalité seront doublés, pour passer à 800 personnes. 10 000 caméras piéton seront déployées. Trois milliards de crédits immobiliers et d’équipement seront débloqués.

S’agit-il pour autant de reconquérir des quartiers d’où la République aurait été chassée ? Pour Michèle Picard, la réponse est non. « Je n’aime pas l’expression de « Quartier de reconquête républicaine ». Elle donne l’impression que dans ces territoires, la République aurait reculé ou qu’il s’agirait de zones de non-droit. À Vénissieux par exemple, il y a bien des endroits où la police a des difficultés à intervenir. Mais ce ne sont pas des zones de non-droit. » Même son de cloche pour le commissaire Mazière, qui dirige le commissariat de Vénissieux/Feyzin/Saint-Fons. « La police va partout, et n’a pas vocation à reconquérir un territoire qu’elle n’a pas perdu. »

Vers une « Coproduction de sécurité »
Il faut donc bien distinguer le dispositif des QRR de la doctrine de la PSQ. « La PSQ, c’est une méthode de travail qui a été mise en place sur tout le territoire national, rappelle le commissaire Mazière. Elle consiste à se rapprocher au plus près des besoins exprimés par la population. Tous les moyens sont mis en commun au niveau de la police, de l’ensemble des partenaires institutionnels, de la commune, des bailleurs, etc. pour aboutir à une coproduction de sécurité. Chacun ayant vocation à apporter sa pierre à l’édifice, afin d’apporter d’avantage de sécurité à nos concitoyens. »

Reste qu’à Vénissieux, cette notion de partenariat n’est pas nouvelle. De nombreux liens ont été tissés au fil des ans entre la Ville, les services de police, les bailleurs et les associations, auxquels viennent s’ajouter les retours des services sociaux, de l’Office public de la tranquillité (TOP) et des conseils de quartier. Le commissariat de Vénissieux dispose aussi depuis fin 2013 de l’un des 130 délégués à la cohésion police-population en France, le commandant Maurin. Deux jours par semaine, ce policier à la retraite assure — en civil — une permanence destinée à renforcer les relations entre les citoyens et la police. Son lot quotidien ? « Appréhender les choses calmement, apaiser les tensions, traiter les conflits avant qu’ils ne s’enveniment, nous avait-il expliqué début décembre. Une grande partie de mes interventions concerne d’ailleurs des conflits de voisinage, des broutilles qui se sont envenimées, qui se transmettent parfois d’une génération à l’autre. »


 

Michèle Picard : « J’espère que l’on gagnera en réactivité »



En tant que maire, qu’attendez-vous de la PSQ ?

On se retrouve dans les problématiques soulevées : trafics de stupéfiants, occupation des halls d’entrée, nuisances sonores sur les places, squares occupés à point d’heure, etc. Ce que j’attends, c’est que l’on arrive à résoudre ou à réduire fortement ce qui enquiquine la vie des habitants. Même si beaucoup de choses ont été faites, la problématique est encore réelle pour beaucoup d’habitants. La PSQ est censée répondre à ces difficultés-là, c’est ce qui la rend intéressante par rapport à ce qui est déjà fait.

Quelle sera la différence selon vous ?

J’espère que l’on gagnera en réactivité. La lutte contre les trafics de stupéfiants est d’ailleurs un élément important dans la PSQ. Et sans la PSQ, 44 réseaux ont été démantelés à Vénissieux en 2017. Je me dis qu’on devrait avoir rapidement des résultats encore meilleurs, et que la vie des gens en sera améliorée.

L’Assemblée nationale a voté fin novembre la création d’une amende forfaitaire de 200 euros pour sanctionner l’usage de stupéfiants. Qu’en pensez-vous ?
Je n’ai pas d’avis tranché sur la question. La lutte contre les stupéfiants doit se faire à tous les niveaux. Nous devons savoir comment ces produits entrent dans le pays, déterminer comment on lutte pour que ces réseaux ne s’installent dans nos quartiers et en pourrissent la vie. Et il faut aussi s’en prendre aux consommateurs. C’est un tout. Même si l’idée de pénaliser ne me choque pas, je préfère toutefois que l’on fasse de la prévention. C’est ce que nous avons mis en place avec le forum de prévention des addictions par exemple, pour montrer aux jeunes les dommages causés par les écrans, l’alcool ou les autres formes de drogue. Si les dealers arrivent à vendre de la drogue, c’est parce qu’il y a des clients. Après, soit on légalise, soit on sanctionne, mais on ne peut pas rester dans l’entre-deux.


Commissaire Mazière : « augmenter notre capacité d’enquête »



Que va changer la mise en place de la PSQ à Vénissieux ?

Pour le commissaire Mazière, « Beaucoup de choses ont déjà été déjà faites. Il y a un notamment de très bonnes relations entre les services et police, la Ville et ses partenaires. Cet état d’esprit et cette coproduction de sécurité ne nous sont donc pas étrangers. Le changement majeur, c’est l’arrivée de fonctionnaires supplémentaires dans le cadre du Quartiers de reconquête républicaine (QRR). Ils vont nous permettre d’accentuer la présence policière sur le terrain et d’augmenter notre capacité d’enquête et de résolution des procédures judiciaires. L’idée, c’est d’être en capacité d’accentuer notre action, qui est profonde et reconnue. On a déjà d’excellents résultats dans la lutte contre la délinquance sous toutes ses formes. Ils sont reconnus au travers des conseils de quartier, ce qui démontre que la population est consciente de l’investissement de la police nationale sur le territoire vénissian. »

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. Dominique Barzasi

    9 janvier 2019 à 6 h 00 min

    Une bonne nouvelle , ces renforts humains en matière de sécurité ne peuvent qu’être positifs, nous jugerons dans quelques mois l’efficacité du nouveau dispositif. Cela ne peut qu’apporter un plus qui vient conforter le travail de proximité sur notre commune pour la sécurité et la tranquillité des habitants.
    Je profite de ce commentaire pour souhaiter une très bonne année 2019 à l’équipe d’Expressions et aux lecteurs en ligne.

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