Après les « gilets jaunes », les ambulanciers et les pompiers, les lycéens sont entrés à leur tour dans le mouvement de contestation qui secoue le pays depuis plusieurs semaines.
À Vénissieux, la cité scolaire Sembat-Seguin a connu un premier débrayage et quelques heurts dès le lundi 3 décembre en matinée. Ces incidents se sont considérablement amplifiés le lendemain. Les affrontements ont débuté aux alentours de 8h30. Une voiture a été renversée, et des projectiles jetés sur les vitres de l’établissement. Une barrière de la copropriété située en face de l’entrée a été secouée et légèrement endommagée sous les yeux de plusieurs habitants apeurés. Des chariots et une palette ont également été incendiés.
Un barrage filtrant a été mis en place par les manifestants quelques minutes plus tard sur le boulevard Marcel-Sembat, au croisement de la rue du Général-Petit. Si la tension était palpable, tous les véhicules ont pu passer. Certains automobilistes se faisant même un plaisir de participer au concert ambiant, en usant de leur klaxon, pour signifier leur adhésion au mouvement.
La situation a dégénéré aux abords de la station de métro Parilly, place Grandclément. Plusieurs fois, les CRS, venus en nombre, ont chargé des groupes de manifestants – au moins une cinquantaine – en faisant usage de bombes lacrymogènes.
« Dites bien qu’on n’est pas d’accord avec la violence »
Devant le lycée Jacques-Brel, la journée du 4 décembre a commencé par des feux de poubelles et de la casse à la station du T4. Ce qui a rapidement entraîné l’arrêt de la circulation du tram et l’arrivée d’une escouade d’une douzaine de policiers. Extincteurs vidés d’un côté contre grenades lacrymogènes de l’autre, une fumée âcre a plané au-dessus d’un face-à-face tendu, sur les voies du tram, une bonne partie de la matinée.
Devant l’entrée du lycée, en contrebas du groupe de lanceurs de cailloux, ou sur la butte de Monmousseau surplombant l’avenue d’Oschatz, une centaine d’élèves observent les événements, entre sidération et excitation. « Dites bien qu’on n’est pas d’accord avec la violence, insiste Célia, en Terminale ST2S. Mais on est aussi contre la réforme du bac et le système Parcoursup, qui nous empêchent de faire les études qu’on souhaite. On se bat pour avoir le bac mais après on n’a rien parce qu’on est de Vénissieux ! »
Lina et Manel, en terminales ST2S 2 et G1, tiennent le même discours. « On n’est pas des casseurs, mais les réformes du gouvernement, sur l’orientation et la suppression de filières, elles sont violentes avec nous, elles nous enfoncent au lieu de nous aider. » Devant Jacques-Brel depuis 7h30, Damien Coursodon, le proviseur, tenait à souligner que l’établissement reste ouvert, et que la majorité des élèves suit les cours, dans le calme.