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Alessandro Piangiamore : autant en emporte le vent

L’artiste italien se partage en deux et montre ses travaux à l’espace Madeleine-Lambert à Vénissieux et à la Halle des bouchers à Vienne. Où il est question de vents et de temps qui passe.

Montrer le temps qui passe, le palpable et l’impalpable, voilà bien une gageure dont peu d’artistes se sont sortis. C’est pourtant ce qu’expose Alessandro Piangiamore à l’espace Madeleine-Lambert sous le titre La Chair des choses (une rose et quatre vents).

Il y a quelques années, Xavier Jullien, directeur du service arts plastiques de la Ville, visitait l’atelier d’Alessandro, à Rome. « Son travail était très poétique, avec une matérialité très forte. Il avait un lien avec les éléments et les phénomènes naturels, tels que le vent, les coraux, les fleurs, auxquels s’ajoutait une dimension rituelle. »

Dans un premier temps, Alessandro Piangiamore est venu à Vénissieux s’imprégner du lieu. Il a fait de même à Vienne. Puis il a proposé des œuvres en lien avec chacune des villes. Ainsi, quatre carottages de terre prise sur le chantier du Puisoz et exposés aux vents locaux dans quatre endroits différents : sur le toit de la Maison du peuple, sur la plus haute tour du château de Sain-Bel, sur la résidence d’artistes Moly-Sabata à Sablons et à Vienne. Quatre vents ont transformé les échantillons terreux, dont les noms vernaculaires sont l’aouro, la bise noire, l’aloup de vent et le mistral. Allez dire ensuite à Alessandro que, géologiquement parlant, il ne s’est pas passé assez de temps pour que les vents puissent façonner la terre, il vous répond en souriant, dans un mélange de français, d’italien et d’anglais : « Sans doute, mais vous n’avez pas de bonnes raisons de ne pas le croire. Vous ne pouvez pas le voir et vous avez besoin de le croire. »

Ce travail est présenté avec une série de gravures, réalisées avec Laurence Clair des ateliers municipaux Henri-Matisse. « Elle a joué sur l’encrage et les tirages, si bien que l’image, au fur et à mesure qu’on la tire, disparaît peu à peu. »

Alessandro présente ensuite une sculpture où, là encore, une image a son importance. C’est celle de l’Etna, photographié sur une vieille carte postale. « Je suis Sicilien et j’ai grandi en le voyant. Il existe une tradition avec des gens qui, tous les ans à une date secrète, grimpent au sommet du volcan et le nourrissent en jetant des coraux dans son cratère. Ils font un vœu. »
Alessandro a disposé un corail blanc au-dessus de la représentation de l’Etna, qui rend la fumée du volcan encore plus tangible.

Pour cette exposition, l’artiste a rencontré beaucoup de monde, dont les jardiniers des espaces verts. « Ils nous ont permis de récupérer des variétés anciennes de roses, dont la Vénissiane. Ils me les ont envoyées à Rome pour que les fragments soient inclus dans deux sculptures en béton, dans lesquelles sont mélangées des cendres de l’Etna. Les pétales et les feuilles se sont décomposés. J’ai appelé cela « Ieri ikebana », c’est-à-dire ikebana d’hier, du nom des compositions florales japonaises. »

La Chair des choses (une rose et quatre vents) d’Alessandro Piangiamore. À l’espace Madeleine-Lambert (Maison du peuple) jusqu’au 16 février.

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