À La Solidage, tout le monde l’appelle « Gaby ». Gabrielle Balcou a fêté aujourd’hui ses 107 ans avec tous les résidents de l’Ehpad La Solidage, à Vénissieux.
Le 25 octobre 1911, il y a très exactement 107 ans, naissait Gabrielle Devaux, dans le 3ème arrondissement de Lyon. Deux mois plus tôt, la Une des journaux était consacrée au vol de la Joconde au Louvre et deux mois plus tard on ne parlerait que du premier hold-up en voiture commis en Europe, par les anars de la bande à Bonnot…
Les parents de la petite Gabrielle avaient-ils lus le best-seller de l’année, La guerre du feu, de Rosny aîné ? Cette année-là, le super-vilain qui faisait frémir dans les chaumières vivait ses premières aventures feuilletonnesques, c’était Fantomas, cruel maître du crime. Cinq jours avant la naissance de Gabrielle, l’explorateur Amundsen avait lancé son expédition vers le pôle Sud, qu’il sera le premier homme à atteindre, en décembre suivant.
Gabrielle a traversé le XXème siècle, ses drames et ses bonheurs, mais ne se souvient plus de grand chose, et n’a plus personne pour raconter ce que fut sa vie. Tout ce qu’on sait de « Gaby », comme la surnomment le personnel et les résidents de l’Ehpad, c’est qu’elle est arrivée à La Solidage en 2011, l’année de son centenaire, après une hospitalisation.
Avec des papiers d’identité mais sans son livret de famille, disparu. « Elle nous disait, à cette époque, qu’elle avait été mariée mais qu’elle n’avait pas eu d’enfants, raconte Sylvia Bachelet, aide-soignante et animatrice à La Solidage. Pendant un temps, une petite-nièce lui rendait visite, et puis cette dame est décédée. Depuis, plus personne de sa famille ne vient la voir ».
En se mariant, Gabrielle Devaux est devenue Gabrielle Balcou. Aujourd’hui, elle ne se souvient plus qu’elle a été mariée, ni avec qui. Ni qu’elle a été longtemps secrétaire de direction à la Specia, à Saint-Fons, ni qu’elle a habité à Laennec, dans le 8ème arrondissement de Lyon. Les souvenirs de sa longue vie se sont effilochés au fil du temps.
À Sylvia, elle a raconté qu’elle aurait bien voulue être bonne soeur, autrefois. « Mais j’ai trop pêché ! » dit-elle avec un sourire malicieux. Car s’il est une chose que Gaby n’a pas perdu, c’est un humour un peu grivois ! Cette année encore, comme cadeau d’anniversaire, elle a demandé… « un monsieur ». Les aides-soignantes lui ont bien désigné Robert, 65 ans aux prunes, mais elle l’a trouvé « bien trop vieux ».
Ce 25 octobre, Saliha Prudhomme-Latour, adjointe au maire en charge notamment des personnes âgées, lui a remis les salutations de la ville de Vénissieux, lui a souhaité « un très heureux anniversaire de la part de la municipalité » et a remercié le personnel de l’Ehpad pour ses soins attentifs envers la doyenne des Vénissians (et peut-être du Rhône).