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Retraités : « On vit plus mal qu’avant »

Ce 18 octobre, les retraités manifestent dans toute la France. Pourquoi ? La réponse de Claude, Raymonde, Francesca et Lucien, des Vénissians rencontrés sur le marché, pas vraiment des « privilégiés »…

Ce 18 octobre, les retraités manifestent dans toute la France. Entre la hausse de la CSG, le quasi-gel des pensions et l’inflation, le « petit effort » exigé des retraités finit par peser lourd sur leurs conditions de vie. Rencontre avec des Vénissians qui ne se sentent pas vraiment « privilégiés »…

« Macron dit que les retraités sont tout le temps en croisière, mais nous on est tout le temps en galère ». Et en colère, aussi. Raymonde et Francesca, croisées sur le marché du centre-ville un mercredi matin, ne correspondent pas au portrait-robot du retraité « privilégié » décrit par le gouvernement, ces seniors passés du baby-boom au papy-boom et qui pourraient faire « un petit effort » pour les jeunes qui tirent le diable par la queue. « Quand je pense qu’ils envisage de supprimer la pension de reversion aux veuves, c’est vraiment scandaleux, s’insurge Raymonde, retraitée de la Fonction publique territoriale. Je ne sort pas, je ne part pas en vacances, je me serre la ceinture pour offrir deux-trois bricoles à mes petits-enfants, et Macron me traite de privilégiée ? Ça me fout en rogne ! »

« C’est ignoble d’opposer les génération comme ça, embraye Claude, retraité de la chimie. D’abord, on a cotisé toute notre vie et on ne se retrouve pas avec des pensions de folie, c’est le moins qu’on puisse dire. Ensuite, on est bien placés pour voir les difficultés des jeunes, ce sont nos petits-enfants ! On fait déjà ce qu’on peut pour les aider, mais c’est pas en nous faisant les poches qu’on va mieux y arriver. Bon, il y a des poches mieux remplies, mais celles-là faut pas y toucher… »

Claude fait partie de l’Union syndicale des retraités de la CGT du Rhône. Avec cinq autres adhérents présents ce jour-là, il distribue un tract pour appeler à la manifestation des retraités du 18 octobre*, la troisième en moins d’un mois. « La marche, c’est bon pour la santé, ironise Lucien, ex-ouvrier dans l’industrie. Par contre, je suis un peu sourd mais pas muet, ils vont m’entendre ! » À lui aussi, les hausses des prix et de la CSG compliquent la vie. « Fini, les sorties et les voyages, il faut compter chaque sou pour le marché, on vit plus mal qu’avant ».

Entre la hausse de la CSG de 1,7 point et le quasi-gel des pensions en 2019 et 2020 (+ 0,3 % chaque année, alors que l’inflation est de 2,3% sur un an), le « petit effort » intergénérationnel exigé par Emmanuel Macron finit par peser lourd : 95 % des retraités perdront du pouvoir d’achat en 2019, selon l’Institut des politiques publiques (IPP), alors même que 6,7 millions d’entre eux auront subi en 2018 « une perte moyenne de l’ordre de 320 euros sur l’année » avec la mise en place des mesures gouvernementales, selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Et ce n’est pas fini : en 2020, la situation devrait encore s’aggraver puisque « 79 % des ménages comptant au moins un retraité seraient perdants, pour une perte moyenne de l’ordre de 700 euros par an », selon le centre de recherche.

Lucien, Raymonde et Claude n’ont pas fini de marcher…


LES RETRAITÉS, CES « PRIVILÉGIÉS » ?

Jacqueline et Madeleine : faire face aux dépassements d’honoraire
« Les soins de santé sont de plus en plus mal remboursés : nous avons besoin de lunettes, d’appareils auditifs. Nous sommes très mal remboursés sans parler des dépassements d’honoraires. Pour mon opération de la cataracte, j’ai été opérée dans le privé à Lyon. À Edouard-Herriot il aurait fallu que j’attende plusieurs mois. Or, j’avais déjà trop attendu et ça devenait pressant. Après l’intervention, j’ai dû refaire faire mes lunettes. Tous ces soins ne sont pas du superflus. Pour l’arthrose, par exemple, je prends un médicament qui n’est plus remboursé entièrement ».

Claude : avec 1 384 euros par mois, on compte au centime près
« Je fais l’impasse sur les sorties, sauf celles proposées par l’OMR, dont les activités ne sont pas très chères. Ça me permet de retrouver mes amies, de tisser des liens. Je finis mes fins de mois toujours sur la corde raide, je ne veux surtout pas demander à mes enfants. Avec 1.384 euros par mois en comptant la pension de réversion de mon mari, c’est pas toujours facile. Après avoir payé le loyer, les charges, la mutuelle, l’électricité, il ne me reste pas grand-chose pour vivre. Je me débrouille comme je peux. Mon médecin connaît ma situation et ne me prescrit uniquement des médicaments remboursés quand c’est possible ».

Suzanne : la hausse de la CSG m’a fait perdre un mois de loyer
« La hausse de la CSG, il ne faut pas m’en parler, c’est catastrophique. Elle nous a fait perdre 58 euros par mois, sur un an cela fait 696 euros, le montant d’un mois de notre loyer. Vous imaginez. Quand je fais mes courses tout est plus cher. Chaque fois qu’il rencontre des retraités, le président Macron dit de faire des efforts, mais nous avons travaillé dur toute notre vie et on voudrait pouvoir en profiter un peu. Quand on parle des retraités dans les médias, on a toujours l’impression que nous sommes les plus riches, que nous voyageons, mais ce n’est pas la majorité, il y a beaucoup de retraités pauvres ».

1 Commentaire

  1. Fredin

    21 novembre 2018 à 22 h 27 min

    Moi je touche 380 €/mois et mon mari 593 €/mois et on fait avec. Fonctionnaire, les heures sup. non payées, non récupérées, à faire du ménage, cadre sur une feuille mais non reconnu à la retraite ! Après 16 ans à peine 340 €/mois. Dans le privé c’est guère mieux !
    Quand je pense que des retraités qui ont 2000 €/mois et plus ne cesse de se plaindre, c’est HONTEUX !!!!
    Seulement nous nous sommes rendu compte que des employeurs ne nous avaient pas déclaré à l’URSSAF et à l’époque, nous ne le savions pas. On nous donnait notre feuille de paie point barre.
    Le club Med à l’étranger, après avoir travaillé des années, ne nous a pas déclaré. Nous l’avons su le jour où nous avions demandé notre retraite. Et oui, quand on travaille au club Med à l’étranger, pas de retraite, pourtant c’est français !!! Voilà les surprises que nous avons connu le jour où nous avions demandé notre retraite !!!!

  2. Dominique

    25 octobre 2018 à 7 h 19 min

    Les retraités vont à nouveau faire les frais d’une augmentation maximum des mutuelles de santé. Notre généreux président des riches a, dans sa grande bonté, annoncé lors de sa campagne que certaines prestations : lunettes, prothèses dentaires et auditives reviendraient à 0 €, il précisait que cela n’augmenterait en rien le coût des mutuelles. Encore un mensonge de Macron puisque bien évidemment il faut financer cette mesure généreuse pour les plus démunis, et bien évidemment ce sont les mutuelles qui vont en partie financer, résultat : entre 8 et 9% d’augmentation pour les retraités!!! dans le même temps nous apprenons que les salaires des grands patrons augmentent de 14%!! les actionnaires sont ravis de la politique libérale menée par le gouvernement Français, il n’y a jamais eu autant de millionnaires dans notre pays.
    les retraités votent!! ils sauront choisir le bon bulletin et manifesteront au côté des actifs pour une société juste et solidaire.

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