De la maternelle au lycée, plus de 15 000 jeunes reprendront ce lundi le chemin d’un établissement scolaire. Cette rentrée est marquée par l’extension des CP à 12 à l’ensemble des établissements situés en REP, et le dédoublement des CE1 en REP +. Pour répondre à l’augmentation du nombre de salles de cours, des travaux importants ont été engagés par la Ville.
• Treize classés en REP + : Gabriel-Péri, Louis-Pergaud A, Louis-Pergaud B, Léo-Lagrange, Charles-Perrault, Centre, Anatole-France A, Anatole- France B, Henri-Wallon, Jean-Moulin, Flora-Tristan, Paul-Langevin, Saint-Exupéry.
• Sept sont en REP : Max-Barel, Charréard, Joliot-Curie, Georges-Lévy, Moulin-à-Vent, Ernest-Renan, Jules-Guesde.
• Le groupe scolaire Parilly ne relève pas de ces réseaux, il est en dispositif DIF (environnement difficile).
Dédoublement
• En CP : vingt groupes scolaires (REP et REP +) concernés
– 70 % des classes seront constituées de groupes à 12 élèves (dans des salles standards ou cloisonnées),
– 30 % de classes composées de 24 élèves, avec deux enseignants dans une même salle de classe.• En CE1 : 13 écoles élémentaires (REP +) concernées
– 58 % des classes seront constituées de groupes à 12 élèves,
– 42 % de 24 enfants avec deux enseignants,
– à la rentrée de septembre 2019, les établissements classés en REP seront également concernés par ce dédoublement.
Moments de joie mais aussi d’inquiétude, comme d’habitude pour les plus jeunes. Est-ce que je vais être dans la même classe que mon meilleur copain ? Qui sera mon nouvel enseignant ? « Même pendant les vacances on y pense un peu, raconte Sarah, rencontrée fin juillet au centre aéré d’Eyzin-Pinet. Je m’inquiète car je passe en CM2, je dois bien travailler pour pouvoir faire une bonne classe de 6e ensuite. »
Comme Sarah, ils seront 9 285 élèves à faire leur entrée lundi dans le premier degré : 4 108 élèves en maternelle et 5 177 en élémentaire. « Ce qui correspond à une augmentation par rapport à l’an dernier de 1,3 % « , précise Véronique Callut, adjointe au maire en charge des affaires scolaires.
Mesure emblématique du gouvernement Macron à la rentrée 2017, le dédoublement des classes de CP en REP + (Réseau d’éducation prioritaire) est étendu cette année à l’ensemble des écoles en REP ainsi qu’aux CE1 des groupes scolaires situées en REP +. Même si Véronique Callut considère que les CP et CE1 à 12 sont une mesure de bon sens pour les enfants, elle souligne la difficulté de la mise en place de cette mesure. « Pour répondre à cette nouvelle organisation, nous n’avons obtenu aucun moyen financier supplémentaire (NDLR : pour un budget de 300 000 euros sur quatre ans). Or le dédoublement de ces classes entraîne à la prochaine rentrée la création de 25 classes (14 en CP et 11 en CE1). En effet vingt de nos vingt et un groupes scolaires sont classés en Réseau d’éducation prioritaire REP et REP +. »
Trente-huit ouvertures
À Vénissieux, un vrai travail de concertation s’est mis en place pour mettre en place ces classes dédoublées. « Nous avions le choix, souligne l’élue, entre le cloisonnement d’une salle pour créer des petites classes pouvant accueillir chacune un groupe de 12 élèves, l’accueil d’une classe à 12 dans une salle de taille standard, ou le co–enseignement, c’est-à-dire 24 élèves dans une même classe avec deux enseignants. Le choix entre ces trois solutions a été effectué pour chaque groupe scolaire avec les inspectrices de l’Éducation nationale (IEN) des circonscriptions et validé par Directeur académique des services (DASEN). »
Outre ces ouvertures liées aux CP et CE1 dédoublées, la carte scolaire a décidé en juin dernier de la création de deux classes en maternelle (Flora-Tristan et Parilly) et de 11 en élémentaire : Max-Barel, Joliot-Curie, Pasteur, Louis- Pergaud B, Anatole-France B, Centre, Henri-Wallon, Jean-Moulin, Saint-Exupéry, Flora-Tristan et Jules-Guesde. Il faudra attendre lundi pour savoir si une ouverture supplémentaire sera décidée par l’IEN à l’école Moulin-à-Vent. Si celle-ci est actée, le chiffre passera donc à 39 ouvertures de classe.
Ces créations ne s’expliquent pas seulement par une augmentation sensible du nombre d’écoliers scolarisés en maternelle et primaire. Mais également par une nouvelle méthode de calcul appliquée depuis le dédoublement des classes de CP et de CE1 : « Les effectifs des CP et de CE1 sont isolés de l’effectif total et le nombre des classes des autres niveaux est calculé à partir de seuils fixés par l’Éducation nationale », précise Véronique Callut.
Côtés enseignants, la grogne est toujours là. Pour le SNUipp, le compte n’y est pas en cette rentrée : « Il manquera pour le seul département du Rhône des enseignants pour 284 classes, correspondant en grande partie aux dédoublements des CP et des CE1 ». Le syndicat considère que la situation est tendue. « Il n’y aura par exemple pas d’ajout de poste de remplaçant alors que l’on connaît les difficultés rencontrées chaque année dans le département pour trouver des enseignants remplaçants. » Rien qu’a Vénissieux l’an dernier, plusieurs écoles avaient été confrontées à cette situation. Les parents d’élèves avaient été obligés de se mobiliser pour être entendus par le rectorat.
Dédoublement des CP : le bonheur des uns…
Selon une enquête menée par le SNUipp, la mesure mise en place à la dernière rentrée donne des résultats probants mais, faute de moyens suffisants, elle se fait au détriment des autres niveaux.
Réalisée entre avril et mai, cette enquête menée par le SNUipp a porté sur 3 852 CP dédoublés en France. Le syndicat a reçu 1 338 réponses. Les enseignants considèrent à 90 % que le climat de la classe est plus apaisé, à 59 % que les élèves sont plus autonomes, à 84 % que les interactions sont favorisées, à 81 % que la dynamique de classe n’est pas compliquée en effectif réduit, et à 56 % que les élèves ne sont pas sursollicités. Pour 71 % des enseignants, les compétences sont acquises plus rapidement, et pour 93 % les pratiques de classes ont évolué (travail en ateliers ou en groupes restreints). Autre point positif : les échanges avec les familles sont favorisés pour 66 % des professeurs. Quant aux parents, ils déclarent à 95 % avoir un bon ressenti.
Revers de la médaille : pour un quart des écoles de REP +, l’augmentation des effectifs dans les classes de cycle 3 est très problématique, pesant défavorablement sur les apprentissages en fin de scolarité primaire. Autre point noir : le manque de locaux. Alors que de nombreuses écoles sont déjà à l’étroit, dans un tiers des cas le CP à 12 s’est traduit par la suppression d’autres salles (bibliothèques, salle informatique…).
Le SNUipp déplore également que les élèves de classes dédoublés relevant des Rased (Réseaux d’aide spécialisées aux élèves en difficultés) n’aient plus un accès systématique à cet accompagnement renforcé, faute d’un nombre suffisant de personnels spécialisés, l’administration imposant des priorités sur les prises en charge.
Enfin, le syndicat souligne que la mise en place de la mesure s’est faite au détriment d’un autre dispositif appelé « Plus de maîtres que de classes », qui consistait à affecter un enseignant supplémentaire dans une école. Selon les enseignants qui ont répondu à l’enquête, ce dispositif n’a été conservé que dans 28 % des écoles concernées.
Derniers commentaires