Le site Enedis de Vénissieux est bloqué par un mouvement de grève lancé par la CGT depuis le 7 juin (voir « Enedis sous tension », Expressions du 8 juin). Très suivi, il s’est amplifié depuis, avec notamment le renfort des gaziers de GRDF Saint-Fons et d’agents d’autres agences de la région. Mi-juin, au niveau national, 160 sites du distributeur d’électricité étaient touchées par ce mouvement social (dont celui de Villefranche aujourd’hui) d’une ampleur inédite depuis la transformation d’ERDF en société anonyme en 2008.
« Temps fort »
Le 21 juin, la CGT appelait à une « journée morte » dans l’ensemble du secteur de l’énergie (production nucléaire, gazière et hydraulique, distribution, commercialisation et maintenance des réseaux d’électricité et de gaz…), pour marquer un « temps fort » de mobilisation. À Vénissieux, une assemblée générale des grévistes a rassemblé à 11 heures près de 80 personnes (le site emploie 110 salariés) de chaque côté d’une rue Germaine-Tillon « relookée » aux couleurs de la lutte. Se relayant jour et nuit à l’entrée du site, les grévistes ont acclamé les « chargés d’affaires » du site : non-grévistes mais solidaires, ils se sont généreusement cotisés pour soutenir le mouvement.
Linky sous-traité, agents maltraités ?
Les revendications du personnel mobilisé concernent la défense du service public, les conditions de travail, l’emploi, les salaires. Par exemple, les syndicats dénoncent le recours accru à l’externalisation des activités, notamment pour la pose des compteurs communicants Linky et Gazpar, ainsi que « l’exigence de rapidité lors des interventions sur le réseau, qui met en danger les clients et les agents », selon Maud Millier, secrétaire générale du syndicat CGT-Énergies de Lyon.
« Enedis poursuit son objectif de supprimer 2 500 emplois d’ici 2021, dont la grande majorité dans les services techniques, explique un délégué du personnel. Ces suppressions de postes entraînent des délais de raccordement plus long, une mauvaise qualité du service rendu. Les actionnaires s’y retrouvent peut-être, mais pas les clients, ni les agents qui ne trouvent plus de sens à leur travail ».
Négociations au point mort
Après l’échec d’une première rencontre le 11 juin, les salariés demandent une nouvelle réunion avec la direction. Laquelle répond pour le moment par une fin de non-recevoir. « Nous défendons notre entreprise menacée de démantèlement, mais vous nous méprisez et vous nous menacez, lance un salarié à un cadre de la direction locale croisé dans les locaux de Vénissieux en compagnie d’un huissier équipé d’un appareil photo. Écoutez-nous et apprenez à nous faire confiance au lieu de nous provoquer et de nous insulter ». Julien Coeffe, responsable de l’agence Enedis de Vénissieux, a promis aux grévistes de rendre compte de la situation à ses supérieurs et de leur demander la tenue d’une réunion.
Lors de l’AG du 21 juin, les grévistes ont décidé de s’inviter au comité d’entreprise du 28 juin. Entre-temps, plusieurs dizaines d’entre eux ont l’intention de rendre mardi 26 juin leur habilitation à travailler sur le réseau en tension, ce qui rendrait impossible leur envoi en intervention.
Photos © Raphaël Bert – Expressions
Dominique Barzasi
22 juin 2018 à 6 h 59 min
Après la SNCF, l’énergie sur la voie de la privatisation : ce gouvernement privatise à tout va pour engraisser les actionnaires. Les luttes se multiplient, les cheminots continuent à défendre le service public du rail la solidarité des habitants est indispensable pour préserver les services publics français garant de l’égalité de traitement pour tout sur le territoire.