Insolite – Depuis sept ans, Christèle Quattrociocchi élève des chèvres à Vénissieux, pour le seul plaisir de les voir grandir. Mais elles sont menacées par le manque de civisme de certains habitants.
« J’ai toujours rêvé d’élever des chèvres », assure Christèle Quattrociocchi. On la croit sur parole. Autour d’elle, une dizaine de petits bovidés se sont regroupés, alléchés par les tranches de pain dur qu’elle tient dans sa main. Juché sur une brouette, un jeune bouc attend la becquée tandis que ses congénères piétinent l’herbe verte. D’autres patientent quelques mètres plus loin, à l’ombre des arbustes. Dans cette maison aux allures de petite ferme qui appartenait autrefois à des commerçants du quartier, on se croirait à la campagne. Mais nous sommes bien dans le centre-ville de Vénissieux, à quelques mètres de la médiathèque.
« J’ai eu la première chèvre il y a sept ans. Puis pour mes quarante ans, mon beau-frère m’a offert deux mâles, qui n’arrêtaient pas de se battre. Au bout d’un mois, j’ai acheté une femelle et ils se sont calmés », raconte-t-elle. Dès lors, les naissances s’enchaînent. Chaque année, une nouvelle portée d’un ou deux individus vient compléter le troupeau. Mais les mâles ne sont pas les bienvenus. « Dès qu’ils grandissent, l’odeur devient pénible », sourit Christèle Quattrociocchi. Il y a trois ans, les deux boucs sont donnés à une ferme pédagogique. « Autour de nous, on commençait à s’agacer des odeurs. » Un autre mâle, arrivé en novembre, devrait donc partir lui aussi rapidement.
Victimes des incivilités
L’objectif n’est pas d’exploiter les animaux. « Ce sont des chèvres naines, trop petites pour produire du fromage ou du lait. D’ailleurs, je n’ai jamais essayé de les traire, précise la fermière en herbe. En fait, je les élève uniquement pour le plaisir. Elles me rappellent aussi l’Ardèche, un endroit que j’aime beaucoup. Avec mon mari, nous allions il y a vingt ans en vacances dans un petit village. Au-dessus de l’école où nous logions, il y avait une bergerie dans laquelle une dame élevait des chèvres pour produire du fromage. C’est de là que m’est venue cette envie. Après avoir longtemps hésité, je me suis lancée et je ne regrette pas. »
Seule ombre à ce tableau digne d’un roman de Marcel Pagnol, les incivilités. « Le soir, des jeunes viennent discuter et écouter de la musique près de la clôture. Cela ne me gêne pas, mais ils jettent aussi papiers, bouteilles, canettes, mégots, briquets et autres paquets de cigarettes dans le jardin, déplore Christèle Quattrociocchi. Comme elles ont tendance à manger tout ce qu’elles trouvent, cela peut être dangereux. Sans compter que certains ont déjà franchi la barrière pour faire peur aux bêtes. » Quelques chèvres semblent d’ailleurs plus craintives depuis quelque temps…