À Carrefour Vénissieux, la colère à tous les rayons
Samedi 31 mars, la liste des revendications remplaçait celle des courses, à Carrefour Vénissieux comme dans toute la France. En cause : des milliers de suppressions d’emplois dans le groupe et une prime « insultante » versée aux salariés, qui voudraient bien que les actionnaires aussi, passent à la caisse. Reportage.
Environ 450 magasins du groupe Carrefour sont touchés par un mouvement de grève, ce samedi 31 mars, à l’appel des syndicats FO (majoritaire), CGT et CFDT. Les cadres de la CGC n’avaient pas appelé à la grève ce samedi, mais à une « déconnexion totale » la veille. Une fronde inédite, qui touche toutes les catégories, dans tous les secteurs du groupe, depuis les plus petits magasins (Contact, Market, Proxi…) jusqu’aux hypers comme celui de Vénissieux, en passant par les plateformes logistiques et même le siège mondial de Boulogne-Billancourt.
À Vénissieux, près de 200 salariés se sont déclarés grévistes sur la journée. Une première. Une centaine se sont relayés devant l’une des entrées de l’enseigne, dès l’ouverture. S’ils ont défilé à plusieurs reprises dans la galerie, ils n’ont pas bloqué le passage des clients. Des clients manifestement moins nombreux que d’habitude, sans doute informés par les médias que leurs courses risquaient d’être un peu perturbées… À 10h30, les manifestants ont reçu la visite du maire de Vénissieux et de plusieurs de ses adjoints, venus leur exprimer leur soutien.
Ce qui explique cette mobilisation, c’est l’annonce en janvier de la suppression de 5.000 emplois, du passage en location-gérance de plusieurs hypermarchés, mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est l’annonce du montant de la « prime de participation » : 57 euros, contre 610 l’an dernier.
« C’est comme si on nous faisait l’aumône, dénonce Nora, hôtesse de caisse, c’est dégueulasse ! » La pilule passe d’autant moins que les actionnaires vont percevoir, eux, 356 millions d’euros de dividendes. « Vu que la plupart des salariés sont au smic, ils comptent beaucoup sur cette prime, explique Sacha Tarassioux, délégué central CGT de Carrefour. Il n’y a pas si longtemps, elle représentait un mois de salaire. Déjà, l’an dernier, ça avait remué, mais là, c’est carrément insultant ».
Pour Éric De Villaine, délégué FO, « Carrefour fait payer à ses salariés les erreurs stratégiques du groupe, qui est en retard sur le Drive, Internet, le Bio, les services, l’électroménager, qui a raté son rachat de Dia… C’est vrai que la concurrence est rude, mais ce sont toujours aux mêmes de faire des efforts, s’insurge le syndicaliste. On a passé l’hiver sans chauffage, il y a une explosion des CDD, les salaires sont bloqués, ça suffit maintenant, les actionnaires aussi, doivent passer à la caisse ! »
Les habitants des tours gérées par GLH n'ont toujours pas de chauffage. Ils étaient une soixantaine à manifester leur mécontentement ce mercredi matin.