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Festival Essenti[elles] : Memona Hintermann-Afféjee, Grand Témoin

Grand reporter à France 3, lauréate du grand prix international de la presse étrangère, avant de devenir membre du CSA, Memona Hintermannn-Afféjee sera à Vénissieux le 7 mars pour l’ouverture du festival Essenti'[elles]. Avant-propos…

Grand reporter à France 3, lauréate du grand prix international de la presse étrangère, avant de devenir membre du CSA, Memona Hintermannn-Afféjee sera le grand témoin du festival Essenti'[elles], organisé du 7 au 9 mars par la Ville. Avant-propos…

Une femme dans les zones de conflit
La question de mes relations aux hommes dans un environnement essentiellement masculin, dans ma vie de reporter- tout particulièrement en zones troublées, pays plongés dans la guerre ou après des conflits- m’a souvent été posée. Paradoxalement, pour moi, ce sujet n’a pas beaucoup compté! Je me suis déplacée et j’ai travaillé au sein d’équipes d’hommes la plupart du temps – caméraman, preneur de son, monteur. J’ai très rarement demandé à être accompagnée d’ un reporter d’images femme, sauf quand il m’était impossible d’entrer dans l’univers très fermé de femmes recluses chez elles comme en Afghanistan.
Je n’ai presque jamais ressenti le fait d’être une femme comme une situation de minorité. J’imagine que les hommes -hommes en armes, hommes de pouvoir politique ou religieux – devaient sentir que je n’avais pas peur. Non pas par bravade mais parce que j’ai ce tempérament. Peut-être dû aussi au fait que toute idée liée à une attitude de séduction était totalement absente . Je me plaçais probablement dans un schéma que je définirais comme un cadre purement clinique, distant, sans aucune aspérité indiquant que j’étais une femme face à un homme ou un groupe d’hommes.
Mon regard, mon comportement, ma façon d’être n’envoyaient qu’un message :  » je suis là pour raconter, décrire, comprendre. Avec respect. Un peu comme un médecin ».

Le viol comme arme de guerre
La question du viol est restée un tabou jusqu’à très récemment dans les rédactions où j’ai travaillé. Je pense que l’explication est plurielle mais un point me semble important. Le viol n’était pas considéré -selon moi- comme un problème intéressant les hommes! C.était vu comme un sujet relevant du domaine des femmes. De surcroît, un nombre très minuscule de femmes se trouvaient être directrices de rédactions ou rédacteurs en chef. Par conséquent, le mur à franchir était haut : « ce problème est le problème de quelques types de femmes, ce n’est pas un sujet capable d’intéresser des millions de téléspectateurs devant un mass médias. » Une règle non écrite mais puissante . Résultat : peu , très peu de sujets sur la question. Or, le viol comme arme de guerre est aussi vieux que la guerre et n’a jamais cessé d’être utilisé en représailles par les vainqueurs du moment .
J’ajoute, qu’en télévision, écrire et décrire ces drames , obtenir les confidences des victimes et témoins, est plus complexe qu’en radio ou pour la presse écrite.

Les pressions d’ordre sexuel de Khadafi
Des confrères présents lors de notre voyage à Tripoli savaient les détails de ce que j’avais vécu face au dictateur libyen. Tous avaient plus ou moins gardé le secret -en raison des menaces précises sur ma vie. Sauf, l’un d’eux et je sais qui. Puis il y eu le silence. Jusqu’à une émission présentée par Marc-Olivier Fogiel en février 2003 avant mon départ pour couvrir l’invasion américaine en Irak. C’était aux alentours de minuit quand le présentateur me surprit par sa question . J’y ai répondu de façon assez détaillée. Il n’y eut aucun bruit n’ai le lendemain ni les jours suivants … Jusqu’en décembre 2007! Á l’avant-veille de l’arrivée de Kadhafi invité officielle de la France, un rédacteur en chef de Canal Plus me proposa de venir en parler en direct. Ce que je fis. Á ce moment seulement, le sujet interpella. Cette chronologie signifie clairement pour moi, qu’en France, le sujet du viol est longtemps demeuré une question tabou. J’ai idée de la raison de cette obscure face de notre silence sur ce sujet .

Paroles de femmes
Avant de faire parler les femmes , j’ai toujours pris soin de parler de ma propre vie. Je voulais qu’elles sachent d’où je venais, quel avait été mon chemin, comment j’avais réussi à surmonter telle ou telle difficulté . Il s’agissait de créer un lien, rassurer sur ma démarche, assurer mon interlocutrice de ma sincérité. Parfois, je prenais du temps car je savais que ma propre présentation serait une clef pour les faire parler sans réticence, en réduisant le sentiment d’être jugée par quelqu’un comme moi qui faisait irruption dans leur vie. La confiance demande …la confiance. La relation humaine me paraît essentielle dans la recherche de l’authenticité pour tenter de décrire des situations complexes . C’est pourquoi, j’insiste pour dire que je crois en l’honnêteté qui peut accepter l’idée de subjectivité dans une interview alors que l’objectivité est plutôt du registre de l’interrogatoire…

Liberté de paroles
Il m’est arrivé d’utiliser des subterfuges ! Donner la parole à celui qui s’arrogeait le rôle exclusif de chef, celui qui sait. Et ensuite , recueillir la parole des …subordonnées… Cependant , ce genre de situation n’était pas si fréquentes . Quand hommes et femmes, sont confrontés à des situations extrêmes, ils me semble qu’ils se placent assez naturellement dans la solidarité face au danger. Elles arrachent le droit de parler . Les femmes conquièrent alors un espace de liberté qu’elles n’arrivent pas toujours à préserver après les conflits quand l’ordre ancien se remet en place. Nous connaissons cette trame historique ! La France a dû attendre la seconde guerre mondiale pour confier le droit de vote aux femmes! Pour cela, le combat commun dans la résistance avait démontré qu’elles étaient courageuses, inventives. Malheureusement, cette leçon de justice n’est pas universellement respectée .

Je ne suis pas certaine que l’onde de choc propagée par l’affaire Weinstein ait changé profondément les relations entre les femmes et les hommes dans les milieux vulnérables, là où le statut de la femme la place en minorité. Quand je rencontre des responsables œuvrant pour porter secours aux femmes battues, on me fait remarquer que la libération de la parole se passe sur une autre planète et une planète lointaine. Et c’est aussi le cas dans les endroits où les gens font face à des difficultés sociales , pour trouver un emploi, un toit, etc. Récemment, je l’ai entendu lors d’un événement pourtant festif , rassemblant les salariés d’une très grosse association dans le Pas-de-Calais. La libération de la parole m’a été présentée alors comme un luxe dont l’urgence n’est pas si prioritaire que cela! Désolée de paraître pessimiste !

Un machisme propre aux banlieues ?
Je ne suis pas certaine que la femme -en général – soit particulièrement malmenée partout en banlieue. Je connais assez bien les banlieues autour de Paris. Je sais aussi que chez moi , à l.île de La Réunion, en dehors des zones très touristiques, une femme qui va seule dans un café peut être dévisagée et faire l’objet de commentaires et d’invitations à caractère salement sexuel. Est-ce le fait de conceptions religieuses rétrogrades dans cet exemple précis? Non, sûrement pas. Mais le manque d’éducation et de respect à l’égard de la femme , oui! En France métropolitaine, dans certains « bleds » et pas que de zones dites sensibles, se déplacer seule quand on est une femme est aussi désagréable qu’à Mantes-la-Jolie. Mais tout ceci n’est que mon avis! Tant que nous les femmes n’élèveront pas mieux nos fils, la vie changera peu sur ce champ précis.

Note : Memona Hintermann-Afféjee sera présente au cinéma Gérard-Philippe le 7 mars à 18h, à l’occasion de l’ouverture du festival Essenti'[elles]

Au programme


• Mercredi 7 mars
18 heures : ouverture du festival
18 h 15 : rencontre avec Mémona Hintermann-Afféjee, grand reporter
20 heures : projection du film « Les Gardiennes » de Xavier Beauvois. Ce film retrace la vie des femmes dans une ferme en 1915. Travaillant sans relâche, leur vie était rythmée entre le dur labeur et le retour des hommes en permission. Avec Nathalie Baye, Laura Smet, et Iris Bry.
Cinéma Gérard-Philipe, 12, avenue Jean-Cagne
Information et réservation : 04 78 70 40 47
www.ville-venissieux.fr/cinema

• Jeudi 8 mars
18 h 30 : présentation de courts-métrages
Les Équipements polyvalents jeunes (EPJ) des quartiers Pyramide, Moulin-à-Vent et Parilly, ainsi qu’un groupe d’habitantes de la Maison de quartier Darnaise proposent une restitution – sous forme de courts-métrages – de leur travail mené autour des stéréotypes féminins. Présentation des projets réalisés par l’EPJ Charréard et d’une exposition typographique par l’EPJ Léo-Lagrange.
19 h 30 : concert de Sarah Halgan
Elle sera accompagnée par Aymeric Krol aux percussions et de Maël Salètes à la guitare. Elle témoignera de son exil, de son retour au pays (le Somaliland) et de son rôle d’ambassadrice de la culture. Avec la participation des élèves de l’École de musique Jean-Wiener.
Bizarre ! 9, rue Louis-Jouvet
Information et réservation : 04 72 50 73 19
www.bizarre-venissieux.fr

• Vendredi 9 mars
10 heures :
au centre associatif Boris-Vian (CABV), table ronde avec Laurence Fischer et Alice Gautreau qui agissent auprès de femmes victimes des guerres. Table ronde suivie d’un débat avec le public, animé par Brigitte Martel-Baussant, secrétaire générale de la CLEF (Coordination française pour le lobby européen des Femmes).
12 heures : repas au CABV
Uniquement sur inscription (pour la table ronde seule ou table ronde et repas) auprès du CABV : 13 A, Avenue Marcel-Paul – 04 72 50 09 16 ou par mail contact@cabv.com
18 h 30 : rencontre avec Maha Yammine
Espaces arts plastiques Madeleine Lambert, Maison du peuple 12, rue Eugène-Peloux
Information au 04 72 50 89 10
20 heures : concert de Lior Shoow suivie de Mon côté Punk
Tarifs de 8 à 19 euros
Théâtre de Vénissieux – 8, boulevard Laurent-Gerin
Information au 04 72 90 86 68
www.theatre-venisseux.fr

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