Le gouvernement a annoncé le 26 février le recours aux ordonnances pour « réformer » la SNCF : suppression du statut des cheminots, ouverture à la concurrence… Les syndicats dénoncent ses conséquences pour le service public au niveau national, mais quel en serait l’impact local ? Réponse avec Laurent Brun, leader de la CGT-Cheminots et Vénissian.
Quel pourrait être l’impact local des mesures annoncées par le gouvernement ?
Il y a d’abord ce qui découle de la mise en place de la concurrence dans les lignes de TER. En réalité, il ne s’agit pas d’une véritable concurrence, mais de l’attribution de monopoles de 5 à 15 ans à des entreprises privées. Elle créera un surcoût pour les collectivités et les usagers, puisque le système actuel de solidarité basé sur la péréquation tarifaire ne pourra pas se maintenir dans un cadre concurrentiel. Il faudra donc augmenter les contributions de la Région dans les conventions TER, avec une hausse probable des tarifs et un risque de suppression de trains et de lignes. La gare de Vénissieux pourrait être moins desservie, par exemple, alors que des centaines de personnes l’utilisent chaque jour pour venir travailler à Vénissieux ou aller à Lyon. À terme, le transfert des gares aux régions, qui sont sommées de faire des économies, comporte le risque de devoir payer pour maintenir le service actuel.
Les ateliers d’entretien des TER, situés à Vénissieux, seraient-ils concernés ?
Les ateliers seront transférés à l’entreprise qui aura remporté le marché de l’exploitation des trains régionaux. Au vu de ce qu’il s’est passé avec France Telecom, La Poste, EDF-GDF et Air France, on peut craindre que ces entreprises veuillent augmenter leur rentabilité en réduisant l’activité de maintenance. En licenciant du personnel, en sous-traitant, voire en délocalisant, avec tous les risques que ça comporte et la moindre qualité de service que ça entraîne à chaque fois.
La SNCF pourraient vendre certaines de ses filiales. Là au moins, les Vénissians ne seraient pas touchés…
Si, par le biais des menaces qui planent sur ICF ! Cet organisme HLM est la filiale immobilière de la SNCF. Créé à l’origine pour les familles cheminotes, ICF loge désormais de nombreuses familles à Vénissieux, dont une majorité de non-salariés de la SNCF. Déconnecté de l’opérateur public, que va devenir ce parc locatif social ? Comme le gouvernement impose une restriction des ressources des organismes HLM, le risque c’est que ICF vende une partie de son patrimoine à des bailleurs privés ou ne le livre à la spéculation immobilière.