Construite en deux tranches dans les années trente et cinquante, la résidence Aulagne a donné de sérieux de signes de faiblesse en 2010. 152 logements ont déjà été lourdement réhabilités. Les autres appartements, trop fragilisés, seront démolis et reconstruits.
Nous sommes début août 2010. Pour la seconde fois de l’été, un plafond vient de s’effondrer dans un logement de la résidence Aulagne, située entre l’avenue de la République et la rue Gabriel-Péri. Fort heureusement, aucun blessé n’est à déplorer. Mais cet accident, dû semble-t-il à l’effritement de briques en hourdis, ne serait pas le premier. « Le premier cas répertorié remontait à 1949, et le dernier à 1991 ou 1992 », affirme le secrétaire actuel de l’amicale des locataires, Jean-Maurice Gautin.
L’Opac du Rhône — devenu depuis Lyon Métropole Habitat (LMH) –, qui gère la résidence, fait alors poser des étais dans deux appartements, afin de soutenir les plafonds. Il saisit ensuite le tribunal administratif, qui nomme un expert. Ce dernier fait rapidement état d’un « péril potentiellement grave », même s’il exclut tout risque d’effondrement des planchers porteurs. À sa demande, tous les plafonds de la résidence seront sondés. Et quelques jours plus tard, le verdict tombe : une quarantaine de logements au moins présentent des signes de fragilité. Finalement, des filets de protection, voire des étais, seront posés dans 254 appartements sur 278. Certains resteront en place plus de deux ans.
« Nous avons pris toutes les précautions d’usage, et même plus, car nous ne voulions faire courir aucun risque à nos locataires, explique Sophie Descroix, directrice communication de LMH. Nous avons dû abattre un travail énorme, mais il y a eu aussi énormément de désagréments pour les locataires. »
Le bailleur met également en place une cellule de relogement. Une cinquantaine de familles seront contraintes d’abandonner leurs appartements 10 à 15 jours, le temps d’effectuer les travaux nécessaires. Elles trouveront refuge dans d’autres logements LMH, après parfois un passage éphémère à l’hôtel. Les appartements fragilisés, souvent bâtis dans les années trente, sont situés majoritairement dans les allées impaires. Dans les allées paires qui datent des années cinquante, les planchers sont apparemment plus résistants. Trois d’entre elles (8, 10 et 12) seront mêmes épargnées, car des procédés de fabrication différents y ont été utilisés.
Entre 2013 et 2016, le bailleur mène une vaste opération de rénovation et de sécurisation de 152 logements, pour un montant de 7,2 millions HT. Situés principalement dans les bâtiments 2 à 18, ils ont été construits dans les années cinquante. Outre d’importants travaux d’isolation, l’opération comprend, entre autres, la réparation des plafonds, le ravalement des façades, la reprise des peintures, le désenfumage des montées d’escaliers… Sont aussi concernées les allées 19 à 23, avec la reprise des peintures, le remplacement des chaudières individuelles, le changement des portes palières et de certains équipements sanitaires, ainsi que l’isolation des sous-sols.
126 logements détruits, 126 reconstruits
Le 13 décembre dernier à l’hôtel de ville, le bailleur a présenté son projet pour les 126 logements restants, désormais inoccupés. En concertation avec la Ville et la Métropole, décision a été prise de les détruire, faute de pouvoir les réhabiliter dans des conditions satisfaisantes. LMH en reconstruira autant, 63 en locatif social et 63 en accession sociale à la propriété. « La Ville a donné son accord, notamment grâce au maintien sur le site d’une partie des logements sociaux, a précisé le maire, Michèle Picard. À Vénissieux, je rappelle que l’attente est forte, avec 4 000 demandes en 2017. »
Tous les détails de l’opération — notamment le coût de la construction — ne sont pas encore connus. On sait cependant que les logements seront a priori répartis dans cinq « îlots » de cinq étages maximum, tous les appartements disposant d’une place de parking en sous-sol. Quand au square, présenté comme « un élément qualitatif agréable et très utilisé par les habitants », il sera « préservé« . La Ville, la Métropole et le bailleur insistent aussi sur l’indispensable concertation avec les résidents. « Il est important de dialoguer, de vous entendre, d’évoquer avec vous les sujets qui vous touchent à votre quotidien », a souligné le maire.
Mais pourquoi avoir écarté la réhabilitation ? « D’une part, elle aurait été trop coûteuse, justifie Sophie Descroix. D’autre part, les logements neufs ont de véritables avantages pour les résidants. Ils apportent un meilleur confort thermique et acoustique, les salles de bains et les cuisines seront mieux équipées, et les immeubles disposeront d’un ascenseur, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »
Le bailleur met aussi en avant des conditions de vie plus agréables pour les personnes âgées, à qui seront réservés 13 logements adaptés en locatif social, équipés de douches extra-plates, barres d’appui, volets roulants automatisés et autres facilités.
Les opérations de démolition, dont le coût est estimé à près de deux millions d’euros, devraient commencer au plus tard à la mi-2018, et durer environ un an. Elles s’effectueront par « grignotage », c’est-à-dire avec l’aide d’engins de chantier (grues, pelleteuses, etc.). Pas de dynamitage donc. La reconstruction des nouveaux bâtiments devrait quant à elle débuter « après 2020 ».
Quelques dates
2010 : effondrement de deux plafonds
2010-2013 : sécurisation de 254 logements sur 278
2013-2016 : rénovation de 150 logements
Décembre 2017 : présentation d’un nouveau projet
2018-2019 : destruction de 126 logements
Après 2020 : reconstruction de 126 logements
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