Malgré un âge déjà respectable, on appelle tout naturellement Pierre Perret l’ami Pierrot. Sans doute parce qu’il a gardé sa bouille de gamin farceur et que des chansons telles que Les jolies colonies de vacances, Tonton Cristobal ou Le zizi, après avoir fait le tour du monde, nous sont toujours restées dans les oreilles.
Mais on aurait tort de cantonner Pierre Perret à ces quelques ritournelles immortelles. Car notre Pierrot a l’art du bon mot et tourne si bien les idées et les phrases — voir Bercy Madeleine, une narration qui passe par toutes les stations du métro parisien — qu’on pourrait encore s’étonner aujourd’hui, à regarder de plus près sa discographie qu’on croit connaître intégralement ou presque, d’y trouver toujours de purs moments de bonheur qu’on avait loupés. Ne serait-ce qu’avec Marcel et cette façon si particulière de raconter l’histoire d’un ménage à trois soudain confronté à la venue d’un quatrième, le Marcel en question. Ce Marcel a fait le tour du monde et tourne les yeux à la belle que mari et amant, pauvres prolos de Gennevilliers, ne savent pas retenir. Tout l’art de Pierrot est là, nous embarquer dans un récit à lectures multiples : la rigolote, la sociale, l’amoureuse. Et, côté musique — qu’il signe également —, l’accordéon y est très présent, qui donne au joyeux natif de Castelsarrasin des accents de Paname.
De même, on imagine mal jusqu’où l’influence de Pierre Perret a pu se nicher. Prenons Le tord-boyaux, une chanson de 1963 qui décrit un « boui-boui bien crado » où, à la fin, se presse le Tout-Paris. Cela ne ressemble-t-il pas au fameux sketch des Nouveaux monstres (1976), signé Ettore Scola, dans lequel les deux cuisiniers incarnés par Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi passent leur temps à se balancer au visage tout ce qui leur tombe sous la main et qui échoue, des poulpes crus aux vieilles paires de godasses, dans les marmites qui iront régaler ensuite quelques snobinards romains ?
On connaît le Perret farceur et le Perret égrillard, y compris depuis plusieurs années le Perret politique, anti-raciste et anti-fasciste (Lily, La bête est revenue, La femme grillagée), mais s’est-on assez arrêté sur le Perret poète, celui qui a chanté La veuve, Blanche ou Quand le soleil entre dans ma maison ? Ce sont tous ces Perret-là qui se retrouveront sur scène, accompagnés, outre le groupe habituel (accordéon, guitare, batterie, violoncelle et contrebasse), par 35 enfants d’une chorale de Caluire et de l’école de musique de Rillieux-la-Pape.
Pierre Perret au Radiant-Bellevue à Caluire, le 16 décembre à 20h30.
Tarifs : 40 et 42 euros.