« Mais alors, madame, si on dessine sur les murs, ça va dans un musée, après ? » Cette question, Ninon et Océane l’entendent presqu’à chaque visite… Et à chaque fois, les deux médiatrices culturelles passent la patate chaude aux professeurs, qui s’en sortent en général par la même pirouette : « il faut demander la permission » ! Hum, hum…
Le 13 octobre, les visiteurs de l’expo ont entre 3 ans et demi et 4 ans. Les 24 élèves de moyenne section de Maternelle de Rachel Riou et les 22 « grands » d’Armelle Bouchet sont venus en car depuis le groupe scolaire Anatole-France de Vénissieux, avec leurs Atsem et des mamans, pour visiter l’exposition « One two… street art ! », rue Grolée à Lyon. « Chaque année, les classes de Maternelle choisissent un thème que chaque classe s’approprie, explique Rachel Riou. Ça a été les pirates, les dinosaures, les contes, la cuisine… Cette année, c’est l’art ».
À peine arrivés, les bouts de chou sont accueillis par Ninon et Océane, et par Judith Moreau, de l’association Little Beaux-Arts qui a monté l’expo (voir ci-dessous). La visite guidée prend la forme d’un jeu de piste en petits groupes, où il faut retrouver des objets ou des personnages présents dans les oeuvres. Sur le tableau « Urban Karma » de Speedy Graphito, où grouillent des icônes de la culture pop, les enfants reconnaissent Mario, Mickey, Princesse Peach, Sonic, mais prennent le symbole peace and love pour le sigle de Mercedes…
Juste à côté, un alien en carreaux de mosaïque. S’inspirant des personnages de Space Invaders, énorme succès des jeux vidéo d’arcade au début des années 80, le street artiste français Invader a collé ces monstres geek sur les murs du monde entier. Quand le jeu était à la mode, les parents de Youssef avaient l’âge de leur petit garçon aujourd’hui. Du coup, pour lui, « ah oui, c’est dans Minecraft ! » Changement de génération, changement de référence, mais même univers pixellisé !
La sortie s’inscrit dans le programme de Maternelle, qui fait découvrir aux élèves les arts plastiques (peinture, photo), sonores ou « vivants » (théâtre, danse). « Chaque thème ne fait pas l’objet d’une visite, même si nous essayons d’en faire le plus possible, confie Armelle Bouchet. C’est le rôle de l’école d’apporter une ouverture culturelle. » L’aller-retour en car et la visite sont financés par la « coop » de classe, plus une participation de la Ville. Cette matinée de découverte va être vite ré-investie : « On va faire des pochoirs, fabriquer des petits monstres façon Space Invader et en placer dans toute l’école, travailler sur des affiches collées superposées et arrachées, à la manière de Villeglé. On a donné à voir, maintenant, on va donner à faire ! » Et au printemps, grande chasse aux grafs sur les pentes de la Croix-Rousse. Amateurs d’art, préparez-vous, une génération de street artistes pousse à Vénissieux.
« One, two… street art ! » jusqu’au 8 novembre, du lundi au dimanche de 11h à 18h. Entrée à partir de 4 euros. Dès 3 ans.
LITTLE BEAUX-ARTS, DES EXPOS POUR DEVENIR GRANDS
Aux côtés de productions d’artistes internationaux (Banksy, Miss Tic, Mesnager, Speedy Graphito, Villeglé…) prêtées par des collectionneurs, des galeries et des artistes, dix autres oeuvres ont été réalisées spécialement pour l’expo par de grands noms du street art. Ces oeuvres inédites seront offertes aux services pédiatriques de l’Hôpital femme-mère-enfant de Bron et de l’hôpital Trousseau à Paris. Plus de 80 classes se sont inscrites pour visiter l’expo « One, two… Street art ! », qui se découvre aussi en famille. Pour pérenniser son action, l’association recherche actuellement des locaux dans la Métropole.
Contact : Little Beaux-Arts, 166, bd de la Croix-Rousse 69001 Lyon et www.littlebeauxarts.fr