Le « plan logement » du gouvernement fait porter tout l’effort sur le secteur social. Les associations de locataires et les organismes HLM s’insurgent. Trois questions à Jean-Louis Dumont, président de l’Union sociale pour l’habitat (USH), organisation représentative du secteur HLM, qui fédère 720 organismes HLM et regroupe plus de 10 millions de foyers en France.
Quelles seront les conséquences de la réforme annoncée ?
La baisse de ressources des bailleurs sociaux projetée par le gouvernement, de l’ordre de 1,7 milliard d’euros, équivaut à la moitié des sommes consacrées à l’entretien courant et aux frais d’entretien, et aux trois quarts de leurs capacités d’investissement dans la production de logements neufs. En affaiblissant les moyens des organismes, le gouvernement pénaliserait davantage les locataires HLM et les personnes en attente d’un logement social. Au-delà des 80.000 salariés du secteur HLM, c’est l’ensemble du secteur professionnel de la construction qui sera touché, entraînant notamment une hausse majeure du chômage. Le gouvernement fait courir un risque majeur à un secteur qui loge aujourd’hui 11 millions de personnes, qui produit plus de 100 000 logements sociaux par an et génère 300 000 emplois. Cette mesure est absolument contradictoire avec l’annonce du président de la République d’un « choc de l’offre ».
Les locataires HLM verront-ils vraiment leurs dépenses de logement baisser ?
En l’état actuel des textes, les baisses de loyer compenseraient les baisses d’APL, à quelques euros près. Cette disposition ferait supporter aux locataires HLM les arbitrages budgétaires, sans produire la moindre amélioration de leur pouvoir d’achat. Même les réhabilitations thermiques, qui garantissent d’importantes économies de charges pour les locataires, sont menacées par les mesures budgétaires annoncées. Alors que la demande de logement social ne cesse de croître et que les locataires HLM sont de plus en plus pauvres, cette disposition ferait peser sur eux seuls la solidarité que le budget 2018 refuserait à nos concitoyens les plus modestes.
Aujourd’hui, qu’attendez-vous du gouvernement ?
Nous lui demandons d’être proche des réalités qui concernent les acteurs du logement, qu’il soit à l’écoute des faisabilités de son projet de loi afin qu’il ne mette pas en place des mesures drastiques visant à confiner les locataires du parc social dans plus de pauvreté. Les acteurs du logement se réunissent, se mobilisent, se montrent solidaires pour faire reculer le gouvernement sur cette mécanique de baisse parallèle des APL et des loyers dans le parc social qui n’est pas soutenable et qui n’améliorera en rien le pouvoir d’achat des locataires bénéficiant de l’APL.
Photo © T. Gogny
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