On le voit partout, le Che, à cette Fête de l’Huma 2017. Son effigie se retrouve ici et là sur plusieurs stands — et pas seulement celui de Cuba — et sur énormément de t-shirts. En cette année du cinquantième anniversaire de sa mort, il est toujours l’emblème de la Révolución.
Sur le stand du Val-de-Marne, là où se trouve la scène Jazz’ Hum’Ah !, la chanteuse Mireille Rivat a réuni une jolie série d’affiches consacrées à Ernesto Guevara, pour accompagner son spectacle « Lorsque s’allument les brasiers ». Sous les projecteurs, les comédiens Alexis Berecz et Roza Poivert incarnent Ernesto et sa mère. Mireille a écrit leurs dialogues et monologues en s’inspirant tout autant des écrits et poésies du Che qu’en empruntant à Pablo Neruda et autres auteurs. Le futur révolutionnaire nous apparaît comme un lecteur affamé de romans français et espagnols, admirateur de leurs héros, et l’on se doute combien d’Artagnan et Don Quichotte ont pu devenir des sources d’inspiration. Il est également un grand amateur du jeu d’échecs.
Une des grandes originalités de « Lorsque s’allument les brasiers » — un titre qui vient de la belle chanson de Colette Magny — est l’utilisation d’images d’archives, dont la plupart sont rares. On s’étonne ainsi, dès le départ, de la présence d’un Mickey Mouse sautillant à l’écran jusqu’à ce que le Che, enfin Alexis Berecz dans le rôle, précise qu’il est né la même année que le personnage de Disney, en 1928. Son père est tanguero, danseur de tango ? Un couple langoureusement enlacé traverse le voile sur lequel sont projetées les vidéos. Les séquences s’ajoutent, qui peuvent faire comprendre pourquoi un jeune homme exalté choisit de prendre les armes contre l’injustice : le drapeau nazi qui flotte sur l’ambassade d’Allemagne à Buenos Aires ; les bombes atomiques sur le Japon ; la chasse aux sorcières par les maccarthystes américains…
« D’autres terres dans le monde réclament mes modestes forces »
(« Lorsque s’allument les brasiers »)
De la jeunesse du Che à son grand voyage à moto, avec son ami Alberto Granado, à travers toute l’Amérique latine et à sa découverte de la misère dans les mines et les campagnes, nous suivons avec intérêt une trajectoire qui semble d’emblée tracée et qui, complètement ancrée dans la manière de vivre argentine, se nourrit de chansons. Des chansons — « Tantas veces », « Pauvre pampa », « Al odio le dejare »… » — que Mireille emprunte au folklore latino ou traduit de Neruda, Jara… et qu’elle chante formidablement, accompagnée par la guitare d’Éric Sauviat et les claviers et percussions d’Olivier Hestin, seule ou avec Roza Poivert.
Une véritable frustration naît pendant le spectacle, due à la vision parcellaire de la chanteuse et de ses musiciens derrière le rideau, à travers les images d’archives. Quand enfin Mireille Rivat vient sur scène entonner « Hasta siempre » sur des images du Comandante et de Fidel Castro et « Sans la nommer » de Georges Moustaki, où il est question de « révolution permanente », l’émotion monte d’un cran.
On retrouve les chansons du spectacle dans le nouvel album de Mireille Rivat « Poésies rebelles – Lorsque s’allument les brasiers » (Arts et spectacles), orné d’un très beau dessin du Che par Éric Letinier-Simoni.
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