Écouter, expliquer et rassurer. En résumé, c’était l’objectif des élus en charge du logement et de la rénovation urbaine, et aussi celui des représentants d’Alliade Habitat, lors d’une réunion organisée le 7 juillet à l’hôtel de Ville de Vénissieux avec des locataires de la résidence Edouard-Herriot.
Un immeuble disparu du plan
Ce rendez-vous était demandé par des résidents des allées 1 à 11, toutes situées dans un bâtiment qui n’apparait plus sur les plans du projet de rénovation urbaine des Minguettes (2015 – 2030). Sur ce projet d’architecte, il a été remplacé par deux nouveaux petits immeubles, de chaque côté d’une nouvelle rue reliant le marché à l’avenue d’Oschatz. Une quarantaine de locataires (sur 60) a signé une pétition s’opposant à la démolition de leur immeuble et demandant sa réhabilitation.
Méfiance
Le 7 juillet, une dizaine de locataires se sont rendus en mairie, dont 4 seulement de l’immeuble concerné. Chez eux, la méfiance prédomine encore, voire la défiance. « Les habitants de notre barre n’étaient pas invités à la réunion d’Alliade sur la réhabilitation de la résidence, le 4 avril, s’indigne une locataire de l’allée 11, qui a fait partie de la délégation. C’est logique : notre immeuble n’est pas concerné par ces travaux ! Pourtant, il en a autant besoin que les autres. Ce n’est pas la preuve qu’il va être démoli, ça ? »
Pas à l’ordre du jour
Du côté du bailleur, on explique que l’incertitude autour de l’avenir de cette barre de quatre étages ne l’a pas conduit à l’inscrire dans le plan de réhabilitation. Logique, en effet : comme ces travaux d’ampleur (voir article Résidence Edouard-Herriot, une réhabilitation à 10 millions d’euros) rallongeront considérablement la durée de vie des bâtiments rénovés, il ne serait pas responsable d’engager d’importantes sommes pour un bâtiment qui serait destiné à disparaître. « Sauf que cette démolition n’est pas à l’ordre du jour, insiste Idir Boumertit (adjoint notamment en charge du Grand projet de ville). Nous comprenons l’inquiétude des locataires, mais le projet de l’architecte qui figure sur le plan est une projection qui n’a pas été actée » (voir aussi Locataires inquiets, élus et bailleur rassurants).
Un contournement à l’étude
La nouveauté annoncée à la réunion du 7 juillet, c’est que la Ville a demandé à l’architecte de faire une autre proposition pour désenclaver le plateau, avec une rue qui contournerait le bâtiment actuel au lieu de passer en plein milieu. Ce qui rendrait possible une réhabilitation par le bailleur… Cette évolution sera à l’ordre du jour d’une réunion courant septembre avec les partenaires institutionnels impliqués (Ville, Métropole, ANRU, Alliade…).
La concertation continue
« Notre volonté d’améliorer ce quartier, comme on a pu le faire avec succès avec la ZAC Armstrong et à Vénissy, ne se fait évidemment pas contre l’avis des habitants », assène Idir Boumertit. Pierre-Alain Millet (adjoint notamment en charge du logement) rappelle que la concertation se poursuit, « pour aboutir à une décision début 2018, qui se traduira par une « convention de site » qui fixera les actions financées par l’État et qui donc, pourront être réalisées. Dans ce processus, l’avis des habitants sera un critère de décision essentiel pour la ville. »
Rénover pour les habitants
Et le 2e adjoint d’insister, sur son blog : « nous voulons réussir la rénovation urbaine pour ceux qui habitent ces quartiers aujourd’hui. Il serait anormal que l’argent public vienne transformer des quartiers et que des habitants s’en retrouvent éloignés sans en bénéficier eux aussi. Il est bien légitime pour un locataire de s’inquiéter : “vous voulez démolir, mais moi, dans le contexte très contraint du logement social, qu’est ce que j’y gagne si je me retrouve avec un logement plus petit, plus cher et dans un quartier que je n’ai pas choisi ? » La rénovation urbaine est menée pour la ville et pour ses habitants ».
Logement social et réseaux sociaux
Idir Boumertit déploie un autre argument pour rassurer les locataires d’Édouard-Herriot. « Les nouvelles dispositions de la loi SRU (relative à la « solidarité et au renouvellement urbain », NDLR) nous imposent de ne plus construire de logements sociaux sur le plateau. Dont acte, mais, avec 3 700 demandes de logement social par an à Vénissieux, la priorité n’est pas de supprimer ceux qui existent ! »
Que certains opposants à la municipalité aient largement relayé sur les réseaux sociaux l’inquiétude de résidents fait sourire Idir Boumertit : « c’est amusant de voir ceux qui répètent en boucle depuis des années qu’il y a trop de logement social à Vénissieux se transformer soudain en défenseurs des locataires ! La ficelle est un peu grosse », ironise l’élu.
Des locataires qui restent à convaincre
Du côté des principaux intéressés, les locataires, le sentiment est plutôt mitigé. « J’ai apprécié d’être écoutée, je ne pensais pas avoir le droit à la parole devant un tel projet, confie la résidente de l’allée 11. J’y suis allée parce que je n’avais rien à perdre à y aller. Mais on n’a pas été convaincus. Les élus et Alliade ont essayés d’être rassurants mais je pense que la démolition se fera quand même. J’ai du mal à croire que 60 petits locataires pas très mobilisés feront changer ces grands projets. Ce qui nous convaincrait, c’est qu’Alliade décide de réhabiliter notre bâtiment aussi. Là, on seraient vraiment rassurés ! »