Culture

Lycée Jacques-Brel : quarante minutes d’horreur… et de bonheur

Ce 29 juin, le lycée Jacques-Brel projetait « P.O.G. », un court-métrage conçu, écrit et interprété par des élèves, toutes sections confondues, appuyés par Jesse Kinvi, surveillant, et Djamel Tobal, enseignant en ST2S.

Ce 29 juin à 19h30, le lycée Jacques-Brel est encore ouvert. Il y règne même une étrange atmosphère d’attente angoissée. Sur leur 31, quelques élèves tournent en rond, stressées, tandis que le seul garçon du groupe, Malik avoue qu’il est « un peu excité ».

Ce soir, en présence de nombreuses personnes — l’administration du lycée, des enseignants, des élèves, leurs familles, etc. —, va être montré le court-métrage « P.O.G. » (pour « Plague of God », traduction : le fléau de Dieu). Concocté depuis sept mois par des élèves de toutes les filières du lycée (S, ES, L, STMG, ST2S), soutenus par les enseignants, les agents administratifs, le proviseur et, surtout, par Jesse Kinvi, un surveillant, et Djamel Tobal, enseignant en ST2S.

« C’est une expérience intéressante, remarque ce dernier. L’intérêt à terme serait de le refaire en mobilisant les points forts de la ville, par exemple en faisant intervenir les élèves de l’école de musique pour la bande originale. Pour créer une dynamique. »

Une fois réunie l’équipe en octobre 2016, il fallut trouver des plages de travail communes à tout le monde et réagir aux défections normales des élèves qui déclaraient forfaits au fur et à mesure, en modifiant par exemple le scénario. « Ceux qui sont restés, reprend M. Tobal, sont la crème des acteurs. Ils sont venus au lycée pendant les vacances, avec des journées qui allaient de 8 heures à 18 heures. Ils en voulaient ! Ils se sont tous investis dans les maquillages, les coiffures, les costumes et ont même appris à utiliser une perche pour le son. »

« On s’est finalement retrouvés à huit élèves avec deux profs, rappelle Malik, élève de terminale. Jesse nous avait proposé de réaliser un court-métrage et nous avons choisi pour thème l’horreur. » Halimatou précise : « Nous voulions faire quelque chose de ludique. Nous sommes plus branchés sur des films d’horreur. J’ai écrit le synopsis et trois élèves ont travaillé le scénario. Puis, on s’est mis en groupe pour inventer nos répliques, en lien avec nos personnages. »

M. Tobal ironise sur la thématique choisie : « Quand on leur a expliqué le projet, les élèves nous ont dit dès le départ : vos vieux films ne nous intéressent pas ! » Il ajoute avec un sourire : « Et puis, si c’était raté, les gens sortiraient de la projection en disant : quelle horreur ! Bingo ! »

Jesse, lui, avait envie « d’un truc à l’américaine » et il savait « qu’il fallait se baser sur les références des jeunes : les séries, les films tels que « Conjuring » ou « Paranormal Activity ». Il fallait comprendre comment on faisait pour tourner ce genre de séquences et pour les jouer. Il fallait surtout installer une ambiance et créer un univers différent du lycée. »

Bien que tourné presque entièrement dans le lycée avec un téléphone portable, « P.O.G » surprend par la diversité des lieux filmés : les bureaux, les archives, les locaux techniques… Des endroits dont on ne se doute pas qu’ils puissent exister au sein de l’établissement. L’action se déroule à Oskaloosa, Iowa — bravo, la ville existe — et met en scène des agents du FBI, une sororité malfaisante, une pauvre jeune fille assassinée le jour de son mariage, un vengeur masqué, quelques scientifiques… Au cours de la projection, des bravos accueillent l’arrivée de chaque personnage. Outre les élèves, on reconnaît ainsi Jesse en agent, Thierry Cosantino, le proviseur, en chef du FBI, Chantal, l’infirmière, en mère de la mariée assassinée, M. Tobal en scientifique adepte de base-ball, etc.

En tout, 43 minutes bien ficelées et qui se suivent avec plaisir. De ce projet « chronophage » — Djamel Tobal explique que, la veille encore, à deux heures du matin, il était en grande conversation avec Jesse à propos du montage. « Nous avions 300 séquences dans les rushes et nous avons passé une cinquantaine d’heures au montage. »

Ce « défi énorme », selon Jesse, a été mené jusqu’au bout avec beaucoup de talent. Si tous sont satisfaits du résultat, certains élèves ont même découvert « peut-être une vocation, on sait pas », telle Yousra, qui s’est occupée des costumes, des décors et qui a tenu le poste d’assistante à la mise en scène.

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