Ces images ont fait le tour du monde : celle de ce petit binoclard suspendu dans le vide, accroché à l’aiguille d’une grande horloge. Ou celle de ce routier, plongé jusqu’à la taille dans une mare de pétrole et guidant son collègue au volant d’un camion. Ou encore Belmondo entourant son visage peint en bleu d’une ceinture de dynamite avant de s’exclamer « Après tout, je suis idiot ! » Et que dire de ce face à face formidable, le patron incarné par Robert De Niro et l’ouvrier agricole par Gérard Depardieu, amis et ennemis de classes à tout jamais ? Et puis il y a ces couplets, ces phrases musicales, de « Hakuna matata » à « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss. Sans parler de la b.o. de « Scarface » ponctuée de rafales de mitraillettes, due au talent de Giorgio Moroder. Ou de la chanson des Beatles, « Happy Together », qui donne son titre à un bon film, prix de la mise en scène à Cannes 1997.
Pour sa neuvième édition, du 14 au 22 octobre, le festival orchestré par l’Institut Lumière avec le soutien de la Métropole a décidé, parmi plein de bonnes surprises, d’attribuer le prix Lumière au cinéaste chinois Wong Kar-wai. Auteur, justement, du déjà cité « Happy Together » mais également des excellents « Chungking Express », « In the Mood for Love » et de sa suite, « 2046 ». Wong Kar-wai pourrait être le symbole d’une certaine classe, de ces cinéastes qui ont apposé à leurs films une véritable marque de fabrique, faite de modernité, même s’ils se retournent parfois vers le passé. Wong, avec ses cheveux courts et ses lunettes de soleil, en impose physiquement comme artistiquement.
Pendant cette semaine de folies cinématographiques, des rétrospectives balaieront les carrières des cinéastes Henri-Georges Clouzot — Thierry Frémaux, le directeur du festival, nous annonce une intégrale totale —, Jean-Luc Godard, Guillermo del Toro, des rois de la comédie burlesque Buster Keaton et Harold Lloyd, de la réalisatrice lyonnaise Diane Kurys, de l’actrice écossaise Tilda Swinton, du compositeur Giorgio Moroder… On reverra avec plaisir quelques grands classiques restaurés : « Rencontres du troisième type » de Spielberg, « 1900 » de Bertolucci, « 2001 » de Kubrick… Les enfants seront comblés avec un petit festival à l’intérieur du grand festival, à commencer par une projection du « Roi lion ». Lumière 2017, ce sera encore un hommage aux femmes n’ayant réalisé qu’un seul film, comme Barbara Loden, épouse d’Elia Kazan et auteur de « Wanda ». Et un toujours passionnant voyage à travers le cinéma français grâce à Bertrand Tavernier, qui a ajouté des épisodes à sa somme de l’an dernier, destinés ceux-là à la télévision. Tavernier qui viendra également présenter les westerns chers à son cœur.
Citons encore un colloque sur l’état du cinéma français, un marché du film, de nombreux artistes qui viendront présenter les séances. Lesquelles séances se dérouleront dans l’ensemble des salles de cinéma de la Métropole. Donc au cinéma Gérard-Philipe, à Vénissieux. Et si Godard reprenait sa fameuse séquence de « Pierrot le fou », dans laquelle Anna Karina chantonne « Qu’est-ce que je peux faire ? J’sais pas quoi faire ! », Bébel lui conseillerait sûrement d’aller à Lumière.
9e Festival Lumière, du 14 au 22 octobre.
http://www.festival-lumiere.org/
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