Le tribunal de commerce de Lyon a prononcé ce jeudi 15 juin la liquidation du fabricant de panneaux photovoltaïques Sillia VL, sa reprise partielle par la société Recom Italia et la fermeture du site de Vénissieux.
Placée en redressement judiciaire début mars, la société employait 174 salariés sur deux sites de production, l’un à Vénissieux, l’autre à Lannion (Côtes-d’Armor). Deux sociétés avaient fait une offre de reprise. La première sur les rangs a été Recom Italia SRL, basée à Milan, filiale du conglomérat japonais Inabata. Un second repreneur potentiel s’était ensuite fait connaître, VMH, basé à Châtellerault (Vienne), filiale du groupe français FBJB. Cette dernière offre avait conduit le tribunal de commerce à reporter sa décision à deux reprises (le 12 avril et le 24 mai).
Les deux repreneurs potentiels n’étaient intéressés que par l’usine bretonne. La presque totalité du personnel (42 salariés) sera conservée. En revanche, le site vénissian sera fermé totalement. Ses 132 salariés devraient recevoir leur lettre de licenciement autour du 4 juillet et « bénéficier » d’un accompagnement supra-légal accordé par leur ancien employeur, le groupe Bosch.
En effet, lorsque la société bretonne Sillia avait repris l’activité photovoltaïque de Bosch à Vénissieux et la moitié de ses effectifs, en 2014, la multinationale allemande s’était engagée à verser des indemnités supra-légales de licenciement à ses ex-collaborateurs en cas de défaillance du repreneur dans les trois ans suivant la cession. Mince consolation pour des salariés dont la majorité va se retrouver au chômage à plus de 50 ans…
« C’est bien joué pour Bosch, tacle Guillaume Dumoulin, de l’union locale CGT. Le groupe paye la destruction d’emplois, achète la paix sociale et les médias ne parlent que de Sillia, pas de l’échec de Bosch. Les salariés partiront avec un gros chèque pour éviter tout risque de rébellion, mais les jeunes de Vénissieux, et notamment ceux du lycée Marc Seguin en face, voient encore une possibilité de débouchés professionnels s’évaporer. » Au total, entre 2013 et 2017, du départ de Bosch Solar Energy à la liquidation de Sillia VL, le site vénissian aura perdu près de 250 emplois.
Pour Franck Fontimpe et Jean-Pierre Bégarin, respectivement secrétaires du CHSCT et du CE de Sillia à Vénissieux, « faute de rentabilité face à la concurrence asiatique et en l’absence de soutien de l’Etat ou de grands investisseurs comme Total ou la CNR, le site était condamné à péricliter. De fait, nous avons été en sous-activité pendant trois ans. Un beau gâchis ».
Dans une déclaration intitulée « Chronique d’une mort annoncée », Michèle Picard, maire de Vénissieux et conseillère métropolitaine, rappelle que « depuis des années, les salariés alertent sur la situation du site industriel, conscients d’être au centre d’une stratégie plus globale, le désengagement industriel de Bosch hors du territoire français. Et ce malgré leurs efforts pour sauver leurs emplois, leur savoir-faire et leur outil de production. »
Les bâtiments (5 000 m2) et les 2 hectares de l’ex-site de production restent la propriété de Bosch, qui les louait à Sillia VL. Que vont-ils devenir ? « Bosch doit assumer ses responsabilités, de nouvelles productions industrielles doivent être recherchées pour maintenir l’activité et tous les emplois, estime Michèle Picard. L’État et la Métropole ont aussi leur rôle à jouer et doivent peser de tout leur poids pour garantir l’implantation d’activités industrielles sur le secteur ».
En 2007, Bosch employait quelque 900 salariés à Vénissieux. Un nombre tombé à 660 en 2009, quand le groupe a décidé de confier la production de pompes diesel à d’autres usines. Et lorsque le site a achevé sa mue photovoltaïque en 2012, on ne dénombrait plus que 240 ouvriers autour des lignes de montage, et autant pour la division diesel. « Espérons que cette reprise du site soit l’aube d’un nouveau jour et non une étape supplémentaire du crépuscule de l’histoire de Bosch à Vénissieux », écrivait Expressions le 19 juin 2014, alors que Sillia VL venait de débuter son activité. Trois ans plus tard, la réponse est connue.