Ils sont invisibles mais indispensables. Et ils n’en peuvent plus. Au dépôt SNCF de Vénissieux, avenue Pierre-Semard, une équipe de sept personnes nettoie l’intérieur des rames de TER qui desservent l’Est de la région.
Chaque jour, entre 8h30 et 16 heures, ils font le ménage dans quatre trains à double niveau. Payés 10,90 euros de l’heure, ils sont employés par l’agence « Onet – Propreté et services », basée à Bron.
Cinq d’entre eux sont en grève depuis le 16 mai. « On n’y arrive plus, on est pressurés et harcelés », dénonce Mme Bouchemafa, chef d’équipe et déléguée du personnel (FO).
Les grévistes accusent une injonction de rentabilité « irréaliste » et une organisation du travail destinée à les « casser ». « Le niveau de prestation a été diminué, pour que ça coûte moins cher à la SNCF et qu’Onet garde le marché : on est passé d’un contrat de nettoyage approfondi à un nettoyage rapide. Sauf qu’on nous demande le même service, explique la syndicaliste. On nous dit « Vous en faites trop, allez plus vite » mais on nous rajoute une rame à nettoyer et on exige que ce soit aussi bien qu’avant. C’est impossible ! » Pourtant, derrière eux, les contrôles sont effectués avec la même sévérité qu’auparavant. Les sanctions : avertissements, pénalités, suppression de 50% de la prime de qualité…
Conséquences rapides : maux de dos, chutes de tension, burn out, vingt jours d’arrêts maladie cumulés en avril. Dès le 14 avril, ils alertent l’inspection du travail : « nous sommes à bout de nerf ». Un mois plus tard, l’équipe est en grève. Leurs revendications, « arrêt des harcèlements, pressions et provocations », « embauche de trois personnes manquantes depuis 2013 », respect des temps de pause… « Vous savez, deux semaines de grève quand on est payé 1.300 euros par mois, on ne les fait pas par fainéantise », confie une salariée.
Les ouvriers malades ou grévistes ont été remplacés par des intérimaires ou des salariés d’Onet venus d’autres sites. « Notre direction nous a dit qu’ils arrivent à tenir les objectifs et les cadences, eux… Mais quand les croise, au piquet de grève, ils nous demandent comment on peut tenir ce rythme, ils ont hâte qu’on reprenne ! »
Les grévistes ont interpellé la SNCF. « Elle nous a répondu que l’organisation du travail de son prestataire ne la regarde pas. Pourtant, elle a une responsabilité : en tirant sur les prix pour le même service, c’est sur nous que ça retombe ! », estime un employé.
La même situation se retrouverait sur d’autres sites de nettoyage des TER, comme celui de Gerland, même si les salariés n’y sont pas en grève. « Ils ont peur, analyse Mme Bouchenafa. De nos jours, même un boulot ingrat, dur et mal payé, on fait tout pour le garder, surtout si on est précaire. À Vénissieux, on est des anciens, parmi les derniers à avoir un statut. C’est sans doute pour ça qu’ils veulent se débarrasser de nous ».
Contactée, la responsable d’agence d’Onet, Mme Azouz, n’a pas encore donné suite à notre demande d’entretien.