Le groupe Jean Delatour a-t-il organisé sa propre faillite ? C’est la question que se posent certains de ses salariés et l’union locale CGT de Vénissieux. Qui ont décidé de saisir le procureur de la République du tribunal de grande instance de Lyon, en vue de dépôts de plaintes et de constitution de partie civile.
Le 16 mai, à la demande du maire de Vénissieux, Michèle Picard, Valérie Talbi (élue au comité d’entreprise) et François Marques (secrétaire général de l’UL CGT) ont rencontré Xavier Inglebert (secrétaire général de la préfecture de région) et Jean-Daniel Christoforetti, (directeur de la direction régionale du travail). Le lendemain, le syndicat a entamé une démarche auprès du procureur de la République, pour demander l’ouverture d’une enquête de la brigade financière.
Cette enquête porterait sur les conditions de la liquidation judiciaire du groupe familial de vente de bijoux et d’horlogerie, prononcée par le tribunal de commerce de Lyon, le 11 avril. Cette décision portait sur les 25 magasins de l’enseigne, et avait conduit au licenciement de 125 salariés dans la foulée. Les services administratifs de la holding et la centrale d’achat, qui emploient 46 personnes au siège vénissian, sont traités à part, et feront l’objet d’une liquidation « à l’amiable » avec les créanciers, cet été. Ce sont donc 171 personnes qui perdraient leur emploi à l’issue des procédures.
« Il s’agit de faire la lumière sur les zones d’ombre du dossier, explique François Marques, et d’attirer l’attention des pouvoirs publics, car les conséquences sociales sont assumées par la collectivité et les salariés subissent injustement la perte de leur emploi. »
Un expert en analyse économique et financière, qui planche sur le dossier pour l’UL-CGT, soupçonnerait l’existence d’autres sociétés détenues par la famille de Serge Fréty, fondateur de l’entreprise en 1978 à Vénissieux. Des sociétés (notamment des SCI mais pas seulement) mises hors du périmètre de la liquidation, alors qu’elles auraient pu contribuer à la déroute des boutiques (en exigeant des loyers très élevés, par exemple). Épargnées par la procédure judiciaire, elles pourraient poursuivre leurs activités, de vente par correspondance ou de location d’immobilier d’entreprise notamment. « Si ces soupçons étaient avérés, ces manœuvres pourraient s’apparenter à une faillite frauduleuse et à des abus de biens sociaux », estime le dirigeant syndical. Affaire à suivre.
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