« Casino en grève, marre de cette galère ! Ras-le-bol, on n’est pas des pions ! On veut des moyens pour bosser ! », scande Mireille. Postée à l’entrée du supermarché Casino du centre-ville, l’employée laisse éclater sa colère et celle de ses collègues.
Ce mercredi, jour de marché, ils sont 11 salariés – sur 26 – à aborder depuis 9 h 30 clients et badauds pour expliquer leur situation et faire signer une pétition. Agrafées à leurs vêtements, leurs revendications : « L’employeur doit veiller à la sécurité de ses employés », « Embauchez avant de nous voir tomber », « Des produits sans étiquette », « Trop d’attente en caisse »…
Le débrayage dure deux heures, face à des clients compréhensifs. À l’intérieur, l’activité bat son plein comme si de rien n’était. Ou presque. Aux caisses, c’est le directeur du magasin, Frank Nottin, qui s’y colle, aidé de deux cadres et deux intérimaires… non prévus au planning, selon une gréviste.
Ce qui ne passe pas ? La liste est longue. « Déjà, on est sans manager de caisse depuis trois mois, car elle est partie pour protester contre les conditions de travail. Ensuite, les changements d’horaires sont imposés sans nous prévenir, du jour au lendemain, parfois le jour même. Les arrêts de travail sont fréquents, mais la direction ne remplace pas les absents, elle dit que ça lui fait faire des économies », s’agace Mireille Abdallah, déléguée FO. Qui dénonce aussi l’utilisation d’un nouveau logiciel de gestion du personnel, qui ne permet pas de faire appel à un nombre suffisant de caissières en cas de pic. « Qu’il y ait 25 ou 100 clients en caisse, il considérera toujours qu’il y en a 9 », soupire-t-elle. Tandis qu’une autre enchaîne : « Il est où le respect ? »
Ce n’est pas tout. Les grévistes pointent aussi de « graves » problèmes de sécurité. « Il n’y a pas de formation du personnel en cas d’agression. Et des agressions, il y en a. Le matériel ne fonctionne pas : les transpalettes, les marchepieds, les portiques, et même la porte d’entrée », assène une autre employée, qui va jusqu’à dénoncer « des squats la nuit, dans les locaux même de l’établissement ». Et quid de l’hygiène, qui pour certains clients « laisse parfois franchement à désirer » ? « Depuis un an que je suis là, je n’ai jamais rien nettoyé alors que c’est aussi mon travail. En fait, on n’a pas le temps, il y a toujours autre chose à faire », lâche un gréviste survolté. Une autre lui emboîte le pas, le sourire triste : « C’est sale, il faut bien le reconnaître ».
Contacté, le directeur du magasin n’a pas souhaité répondre à nos questions.