André Chassaigne, président du groupe « Gauche démocrate et républicaine » à l’Assemblée nationale, était à Vénissieux jeudi 4 mai. Venu soutenir la candidature de Michèle Picard (PCF) aux législatives lors d’une réunion consacrée à l’emploi industriel, il pourfend le programme d’Emmanuel Macron, mais appelle sans ambiguïté à voter pour lui, contre Marine Le Pen. Interview.
Élu d’une circonscription auvergnate, on vous connaît plus pour votre travail législatif en lien avec la ruralité plutôt que sur les questions industrielles…
Détrompez-vous, ma circonscription présente aussi une composante industrielle, il n’y a pas que la coutellerie à Thiers, mais aussi de la plasturgie, tandis qu’Ambert est la capitale mondiale de la tresse industrielle ! Un important tissu de PME, leaders dans la fabrication de gaines isolantes, câbles électriques, tuyaux flexibles, etc. Localement, j’ai beaucoup de liens avec ce secteur, et à l’Assemblée nationale je suis membre de la commission des affaires économiques.
Selon vous, quel est le rôle d’un député élu dans une circonscription ?
Pour un élu de ma sensibilité politique, c’est bien sûr d’être le porte-voix des salariés à l’Assemblée nationale, permettre d’ouvrir des perspectives politiques aux luttes et aux propositions.
Notre rôle, c’est aussi de s’impliquer dans les enjeux industriels. D’accompagner aussi les PME-PMI sous-traitantes étranglées par les donneurs d’ordre, par exemple. En tant que maire de la principale ville de la circonscription la plus industrielle de la région, Michèle Picard défend depuis des années cette présence de l’industrie, ses emplois actuels mais aussi ses perspectives. Un territoire qui a une culture ouvrière, une culture et un respect du travail, c’est un atout énorme pour l’implantation de secteurs innovants.
Pour le second tour de la présidentielle, vous parlez de « bonnet blanc et brun bonnet ». Vous renvoyez les candidats dos à dos ?
Non. Je voterai Macron. Je ne vais pas faire de périphrases, c’est pas mon genre de tourner autour du pot, et la période est trop grave. J’appelle clairement et sans ambiguïté à utiliser le bulletin Macron pour barrer la route à l’extrême droite. Le 7 mai, je stoppe la peste brune, et dès le lendemain je m’oppose à la politique libérale de casse sociale portée par le candidat d’En Marche. Macron est l’incarnation de ce que dit le personnage du riche propriétaire dans le film Le Guépard : « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Il y aura besoin d’une opposition forte à ce système, qui passera par l’élection de députés de combat ! Mais d’abord, écartons la menace de la violence d’extrême droite.
André Chassaigne n’est rien moins que « le meilleur élève » de l’Assemblée nationale, selon le magazine Capital d’avril (« Les députés qui bossent et ceux qui glandent… notre classement »). S’appuyant sur les travaux du collectif « Regards Citoyens », qui a compilé toutes les données disponibles sur les travaux des parlementaires pendant cinq ans, le magazine a classé les députés sur la base de six critères jugés représentatifs du travail d’un parlementaire : nombre de rapports rédigés, d’amendements proposés, présence en commission, d’interventions dans l’hémicycle, propositions de loi écrites et de questions orales posées aux membres du gouvernement. Arrivé en tête, le député communiste de Thiers-Ambert a cumulé 260 présences en commission, 1 600 amendements et 11 rapports, tout en étant très présent dans sa circonscription. Yves Blein, député sortant (PS) de la 14e circonscription du Rhône occupe une honorable 48e place dans ce classement.
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