Audrey, la maman du jeune Vénissian sauvagement agressé le 11 novembre dernier à la Part-Dieu, revient sur la terrible épreuve qu’a subie son fils et sur sa difficile rémission après un coma de deux semaines.
Avant son agression, qui était Marin ?
Marin était un jeune sans histoire, courageux, fiable et drôle à la fois. C’était aussi un fêtard, un amoureux… Bref, un garçon de vingt ans ! Il a toujours un sens de l’humour incroyable aujourd’hui malgré ses difficultés. Côté études, c’est un travailleur qui sait mettre le paquet lorsque c’est nécessaire. Il a eu son bac avec mention très bien, avant de rentrer en double licence droit et sciences politiques à Lyon III. L’injustice l’insupporte, il n’accepte pas de voir quelqu’un en situation d’infériorité. Son objectif, c’était de devenir commissaire de police.
Quelles sont ses séquelles ?
Il n’a toujours pas retrouvé toutes ses capacités physiques et intellectuelles. Il se fatigue très vite. Il a un problème de mémoire immédiate, et des difficultés pour se décider à faire les choses. Il faut tout lui dire : de lui-même, il n’y pense pas. Il a aussi du mal à faire des choix. Il peut par exemple rester vingt minutes à regarder sa douche et sa brosse à dents, avant de décider par quoi il commence. Sinon, il a encore du mal à gérer son côté gauche. Son visage n’a pas été très touché, même s’il a été légèrement modifié.
Comment va-t-il ?
Marin a dû être ré-hospitalisé en urgence il y a un peu plus de trois semaines. Il faut savoir que, lors de sa première opération, on lui avait enlevé une partie de l’os du crâne, en recousant la peau par-dessus. L’objectif était d’éviter que le cerveau – qui s’était mis à gonfler – ne soit pris en étau. Courant mars, cet os lui a été remis, mais deux œdèmes se sont déclarés. Il s’en est fallu de peu qu’il soit opéré de nouveau, avec toutes les douleurs que cela engendre. Dans ce moment très difficile, j’ai senti à la fois chez lui de la tristesse et de la colère. J’ai donc refusé qu’il soit opéré sans l’avis du neurochirurgien qui le suit. Finalement, il a décidé d’attendre et les œdèmes se sont résorbés. La perspective de l’opération s’éloigne, le moral est revenu.
Sur quoi repose son traitement ?
Dans son centre de rééducation, il a un kinésithérapeute, un ergothérapeute et un orthophoniste. Cela représente 25 à 30 heures de travail par semaine. Mais je fais intervenir aussi des gens de l’extérieur : deux kinésithérapeutes, un ostéopathe, un psychologue et quelqu’un qui fait de la médecine chinoise. Sans oublier un nutritionniste et un médecin généraliste. C’est une sacrée équipe ! Mais comme l’histoire de Marin a touché des gens, une partie d’entre eux interviennent à titre gracieux. Et leur travail porte ses fruits. Par exemple, grâce au travail de l’ostéopathe, Marin peut se passer d’un médicament qui ralentissait la rééducation de son cerveau. Il peut commencer à se déplacer, même s’il s’avère qu’il a un problème d’équilibre.
Comment se passe votre vie au quotidien ?
C’est une grosse organisation. Le matin, je me lève et je prépare mes deux autres enfants. Comme on a une seule voiture, je les amène à l’école, et je dépose mon mari à son travail. Je rentre et je fais les courses, toujours des produits frais. Puis je prépare les repas pour Marin. Pour moi, ces repas font partie d’un retour à la vie, ils doivent donner envie ! Or ceux qu’on lui donne, en plus d’être mauvais au goût, ne sont pas adaptés à des traumatisés crâniens… Les huiles et les protéines utilisées ne sont pas les bonnes, il lui faut des oméga 3, des poissons gras et des protéines. C’est donc moi qui fais ses repas et les porte dans son centre de rééducation. Je passe ensuite beaucoup de temps avec lui. Nous faisons des jeux pour entraîner sa mémoire et sa concentration, des balades, je lui masse le corps…
Êtes-vous satisfaite de sa prise en charge ?
Dans son centre de rééducation, les équipes sont dévouées. Mais je suis stupéfaite de devoir chercher moi-même des études scientifiques pour leur proposer des protocoles médicamenteux ! Pour y parvenir, je vais voir des conférences, je me documente avec des livres sur le cerveau, je prépare des argumentaires. En fait, on passe notre temps à tout surveiller et à chercher des solutions. […] On a un système de santé génial, mais il tombe en décrépitude. Je ne veux pas m’en prendre au service public, mais il n’y a pas de moyens, tout ne fonctionne que sur la bonne volonté des soignants. Heureusement qu’ils sont là, c’est un sacerdoce !
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Je n’aurais jamais imaginé que l’on puisse souffrir autant et vivre encore. J’ai l’impression d’être tombée d’un immeuble le 11 novembre. Toute la famille a eu un moment d’abattement incroyable… Tant qu’on n’a pas été confronté à cela, on ne sait pas à quoi cela ressemble. Nous allons donc continuer à collecter de l’argent. L’objectif premier, c’est Marin. Il faut continuer à stimuler son cerveau, pour augmenter les connexions entre les neurones. Il doit aussi suivre une véritable rééducation, et nous allons tout faire pour qu’il intègre un centre de rééducation que nous avons repéré, mais qui est à l’étranger. Nous voulons bénéficier d’une prise en charge qui nous remette à notre place de parents. Et on essaiera tous de sortir grandis de cette épreuve.
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Association La tête haute
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69 631 Vénissieux
caugnon
17 avril 2017 à 4 h 16 min
Maman exemplaire brave petit soldat devant l adversité debout jusqu a la fin pour nos enfants et même au delà quoi qu’ il arrive je ne sais pas si j aurai cette force de caractère mais en tout cas j essairai c est ce que je fais tout les jours pour mon mari atteint d cancer je prie pour lui et pour tout ces braves petites soldates qui ne veulent qu’ une chose que leurs enfants et petits enfants soient en sécurité quand ils mettent un pieds dehors est ce que c est trop demander de ne plus jamais au grand jamais nous les meres de ne plus jamais verser de larmes de sang commes l ont fais nos grands meres et nos arrieres grands mersen voyant partir leurs enfants au front pendant les 2 derniers gueurres .quelle difference entre hier et aujourd hui quand on pense qu on ne sait jamais si nos enfants vont rentrer indemne ou même seulement rentrer.je suis de tout coeur avec vous madame et avec votre famille et je souhaite longue vie a votre fils.
Chessebeuf Gilles et Mireille
16 avril 2017 à 12 h 59 min
Bonjour,
Merci pour cet article.
Audrey, c’est grâce à votre volonté de gagner, à la présence dévouée des tantines, la présence secrète et active du papa, et la puissance de vie de Marin, que toutes ces énergies se sont rejointes.
Au-delà de la guérison de Marin, qui va se poursuivre, c’est un espoir pour l’humanité auquel vous nous avez permis de participer, bien que pour l’aspect DONS, vous vous êtes fait prier!…
Cela aussi a du être difficile, également pour modérer les propos inutiles. Bravo.
Également je souhaite ajouter quelque chose qui me tient à coeur. Il existe de part ce monde de nombreuses autres victimes de souffrances de santé et de blessures bien difficiles à vivre. Physiquement, émotionnellement, et financièrement. Beaucoup auraient besoin de tant de soutien. Vous avez fait le nécessaire de façon formidable pour Marin. Il est malheureusement impossible d’aider et soutenir tant de monde. Mais je reste persuadée que cet élan a indirectement aidé d’autres blessés de la vie.
A chaque fois, c’est-à-dire tous les jours, que je pensais à Marin et sa Tribu, mes pensées allaient aussi, directement et longtemps, vers ces inconnus. Et j’aime à espérer que les autres soutiens, parfois eux-mêmes en lutte, en faisaient autant.
Excusez-moi de la longueur de ce commentaire, je tenais à vous remercier et vous dire: « chapeau!! »
Bonnes Pâques.
Bises angevines à Marin.
Mireille Chessebeuf, squatteuse page Gilles.
Muriel Chapon
16 avril 2017 à 11 h 04 min
Vous dire courage,vous en avez plus que la vie . Force, votre détermination en est preuve pour affronter tous ces moments difficiles ,tous ces défis sur votre chemin et ce pour pour votre fils:Marin. Marin mérite la maman qu’ il a. Gardez espoir vous allez tous gagner. Et nous c est la plus preuve d amour d une maman , d une famille à son enfant . Je vous soutiens très fort. Bonnes Fêtes de pâques.