Le 29 mars, deux jours avant la fin de la trêve hivernale des expulsions, une centaine de personnes se sont retrouvées sur l’Esplanade Jean-Cagne, à l’appel du Réseau d’alerte et de solidarité des Vénissians (RASV) et de nombreuses associations. Les manifestants sont ensuite allés en cortège devant la Médiathèque.
« Comment accepter que, dans la 5e puissance mondiale, patrie des droits de l’homme, on continue à jeter des gens à la rue ?, a questionné Gérard Nesme, président de la CNL. En France, 150 000 personnes, dont 30 000 enfants, sont sans domicile. Or, sans logement, pas de travail, pas de soins, pas d’école, pas de loisirs, la spirale infernale vers la misère absolue ». André Mazuir, du RASV, a rappelé que les personnes épaulées par le réseau « ne sont pas des fraudeurs, contrairement aux idées reçues, mais des personnes ayant des ressources inférieures à 1 000 euros par mois, touchées par une perte de revenus dues au chômage, à la maladie… Loin de régler les problèmes, l’expulsion les aggrave et atteint la dignité humaine ». Dénonçant une augmentation de 41 % des expulsions effectives par les forces de l’ordre en 10 ans (+ 24 % pour la seule dernière année), atteignant le chiffre record de 14 363 en 2015, la fondation Abbé Pierre demande, elle aussi, aux pouvoirs publics de « stopper la dérive ».
Demain, 31 mars, pour la huitième année consécutive, le maire de Vénissieux, Michèle Picard, va prendre trois arrêtés interdisant sur la commune les expulsions locatives sans solution de relogement, les saisies mobilières et les coupures d’énergie et d’eau. Bien que ces arrêtés soient systématiquement attaqués par la préfecture devant le tribunal administratif, la démarche (réalisée par des maires communistes partout en France) est destinée à faire évoluer la jurisprudence. En 2016, le tribunal administratif de Lyon, statuant sur les arrêtés de Vénissieux, a d’ailleurs estimé que les maires pouvaient interdire une expulsion si elle pouvait constituer un risque de trouble à l’ordre public…
« Les mobilisations de citoyens et d’élus, et le travail effectué en amont par les services sociaux sont nécessaires, mais ça ne suffit pas. L’État doit encourager la construction de logements sociaux dans toutes les communes et faire respecter ses propres lois », a estimé le maire.
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