Plus d’un mois. Il aura fallu 36 jours à la famille Rey pour se retrouver de nouveau chez elle. La cause ? Une invasion de punaises de lit, à laquelle sont venus s’ajouter plusieurs déboires administratifs, juridiques et médicaux.
Nous sommes la nuit du 14 février. La famille Rey dort tranquillement dans son appartement de la rue Jules-Guesde. Soudain, la maman est réveillée par son conjoint. Il s’est fait “piquer par une bestiole”. C’est une punaise de lit. Mais elle n’est pas seule. Le matelas est colonisé par des centaines d’insectes, et souillé par leurs déjections. Les trois enfants aussi ont été piqués par ces envahissants hétéroptères. La famille doit quitter son logement, absolument inhabitable.
À ces dégâts s’ajoutent les effets, plus inquiétants encore, d’un insecticide pulvérisé mi-décembre à titre préventif dans l’appartement, par une société lyonnaise d’hygiène et d’entretien. L’aînée des enfants, âgée de neuf ans, en serait victime : l’état de ses lèvres (sèches, douloureuses, et présentant plusieurs lésions) correspondait bien aux effets indésirables du produit. La société de nettoyage aurait-elle fait preuve de légèreté ? Les professionnels du secteur, les bailleurs et les scientifiques que nous avons consultés nous ont tous assuré qu’un traitement digne de ce nom doit comporter au moins trois pulvérisations.
Reste que la famille n’a pas de point de chute dans la région. Elle dormira donc chez des voisins et à l’hôtel le temps de trouver un nouvel appartement. “On nous disait d’aller dormir à Lyon dans des foyers pour SDF. Mais il était hors de question d’emmener les enfants là-bas”, se souvient Mme Rey. Pendant plus d’un mois, la famille va donc naviguer à vue, entre démarches administratives ou médicales, recherche de logement et procédures juridiques. Elle devra passer quelques nuits à l’hôtel, mais sera principalement hébergée chez des voisins.
A l’heure où nous mettons sous presse, elle doit enfin emménager dans un nouvel appartement qu’elle a trouvé par ses propres moyens. Il est situé dans le même quartier. “Pour les enfants, c’est une chance, car ils ne changeront pas d’école. Mais nous avons tous les trois perdu de nombreuses affaires dans l’histoire. La pente sera longue à remonter.”
Les habitants des tours gérées par GLH n'ont toujours pas de chauffage. Ils étaient une soixantaine à manifester leur mécontentement ce mercredi matin.