À 22 ans, Vanessa, Vénissiane, étudiante en informatique, vient de prendre la décision la plus difficile pour une femme : celle d’avorter. “Je suis enceinte. Difficile pour nous de garder ce bébé. Mon compagnon ne travaille pas. Bien sûr que je m’interroge. Et si je n’avais jamais d’autres enfants ? Le rendez-vous est pris la semaine prochaine à l’hôpital Femme mère enfant pour une IVG médicamenteuse. J’aurai sûrement des regrets. Nous n’avons aucun moyen de l’élever aujourd’hui. C est la décision la plus difficile à prendre dans une vie de femme.” Vanessa prend pourtant la pilule. “Mais je suis un peu tête en l’air, il m’arrivait de l’oublier. Quand vous faites le test de grossesse et qu’il est positif, le ciel vous tombe sur la tête.”
Selon un rapport publié le 27 juillet dernier par la Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 218 000 IVG ont été comptabilisées en 2015 en France, soit un taux d’environ de 15 IVG pour 1 000 femmes. Si une légère baisse est notable depuis 2013, aucune inflexion significative n’est à noter sur la décennie. Le recours à l’avortement étant même plus élevé que dans les années 1990, période durant laquelle le chiffre annuel dépassait rarement les 210 000.
C’est parmi les femmes de 20 à 24 ans que les IVG restent les plus fréquentes. Le nombre d’avortements a tendance à diminuer chez les moins de 20 ans : “22 000 ont été concernés l’an dernier (7,6 pour 1 000 adolescentes de 15 à 17 ans et 19,5 pour 1 000 femmes de 18 à 19 ans), ils augmentent en revanche au-delà de 25 ans. L’avortement concerne dans des proportions équivalentes les femmes seules et en couple.”
Autre enseignement : “Les IVG concernent de plus en plus souvent les mêmes femmes plusieurs fois au cours de leur vie”, note le rapport, reprenant les constats de l’Institut national d’études démographiques (Ined). Ainsi, poursuivent les auteurs, “la part des femmes ayant eu précédemment deux IVG ou davantage augmente de 6,8 % en 1990 à 13,6 % en 2011”. Ce qui interroge quant au suivi et à l’information des patientes, notamment sur la contraception.
Dans l’agglomération lyonnaise, il faut en moyenne une semaine pour obtenir un rendez-vous. Ici comme ailleurs, c’est l’hôpital public qui assure le plus grand nombre d’IVG, le privé n’en assurant en moyenne que 15 %. L’hôpital Femme mère enfant (HFME), le centre hospitalier Lyon-Sud, l’hôpital de la Croix-Rousse accueillent les femmes qui veulent interrompre leur grossesse. À Vénissieux, le centre hospitalier Les Portes du Sud également.