Mardi 24 janvier à 18 heures, le président et le directeur de la Sacoviv (bailleur social de la Ville de Vénissieux) présentaient leurs voeux pour 2017 à leur personnel et à leurs partenaires institutionnels et économiques, à la Halle aux grains, une salle polyvalente municipale située à l’angle du boulevard du Dr Coblod et de la rue Allende, près de la résidence Max-Barel.
C’est cette résidence que des fuites sur le réseau de distribution ont privé de chauffage et d’eau chaude pendant près d’une semaine, du 17 au 20 janvier. Le chauffage est désormais rétabli dans presque tous les logements, mais avec des disparités selon les allées et les étages, et une eau plus tiède que chaude au robinet. Des travaux sont d’ailleurs encore en cours sur le segment où les fuites ont été détectées.
Une crise pas encore terminée. Prenant la parole en premier devant une cinquantaine d’invités, Pierre-Alain Millet, le président de la Sacoviv, a évoqué « l’épreuve que la résidence vient de subir, une panne exceptionnelle, la plus longue de son histoire, dans une période de grands froids avec des nuits à moins 7° ». Soulignant la patience des habitants et la mobilisation des employés de la Sacoviv, des services de la Ville et des équipes techniques de Dalkia, il a remercié chacun de son engagement au cours d’une crise « pas complètement terminée ». En effet.
Irruption soudaine. Prévenant « qu’il faudra tirer les leçons de cet événement », Pierre-Alain Millet a estimé que la Sacoviv devra « notamment travailler à améliorer les relations directes avec les locataires ». De ce côté-là, les participants allaient être servis : alors que le directeur de la Sacoviv, Thierry Beaudoux, terminait son propre discours, une trentaine de locataires de Max-Barel a fait soudain bruyamment irruption dans la salle.
Ratés de communication. Très remontés, les riverains venaient d’une réunion du Conseil de quartier (prévue de longue date), qui se tenait non loin de là. Prévenus, apparemment par hasard, de la tenue des vœux de la Sacoviv juste à côté, ils ont profité de cette double opportunité — de date et de lieu — pour interpeller directement leur bailleur. Exaspérés par cette longue période de froid dans leurs logements, ils ont dénoncé les ratés dans la communication de la Sacoviv et de la Ville en direction des habitants. « Il paraît que la police municipale est passée une fois dans le quartier pour informer au mégaphone qu’on pouvait aller dormir au gymnase, s’emporte une dame. Qui l’a entendu ? Personne ne l’a su ! Vous ne pouviez pas faire du porte-à-porte, mettre une affiche sur les portes des halls ? »
« Faites des travaux ! » Le sentiment d’être « relégués », « ignorés », « méprisés » revient souvent dans les interpellations des locataires. Loin de se défiler, les élus présents (certains habitent le quartier) et des techniciens répondent, posément, à des questions souvent véhémentes, voire aux accusations d’immobilisme. « Tous les hivers c’est pareil, on a droit à des coupures de chauffage. Si le réseau est pourri, faites des travaux l’été, quand on n’a pas besoin de chauffage ! » s’insurge un jeune homme. « Rénovez, s’exclame un autre, même si ça fait augmenter les loyers ». Une perspective qui emballe moyennement autour de lui…
Inquiétudes. En même temps qu’ils dénoncent un service dégradé (« alors que si j’ai du retard pour payer mon loyer, je suis harcelé » assure un monsieur âgé), la plupart des locataires craignent une note d’électricité salée par l’utilisation des chauffages d’appoints pendant une semaine. La veille, la Sacoviv s’était engagée à dédommager de manière forfaitaire cette dépense, mais peu sont au courant. Un père de famille demande qui lui remboursera les nuits passées à l’hôtel pour que ses enfants « dorment au chaud ».
Grève des loyers ? Commencée par une menace de faire « une grève des loyers », la discussion s’apaise peu à peu. L’arrivée de Christophe Girard, chef de file de l’opposition municipale de droite n’ajoute pas d’huile sur le feu, même si elle ravive l’ardeur de certains sympathisants. Selon lui, « cette crise vient sur un arriéré de problèmes, qui découlent d’un manque d’investissement dans la résidence, notamment sur le réseau d’eau chaude. Au lieu de faire ces voeux dans le dos des habitants, il faut les recevoir, faire avec eux un compte-rendu exact de la situation. Le conseil de quartier de ce soir aurait été une bonne occasion, mais non… C’est une forme de mépris des gens »
Dans le groupe d’habitants, certains, même les plus remontés, tiennent à préciser : « c’est pas contre vous, M. Millet, on vous a vu sur le terrain tous ces jours, à répondre aux gens, mais il faut faire quelque chose pour nous, le quartier se dégrade sous nos yeux. On ne demande pas la charité, juste d’être écoutés et respectés ». Une date pour une réunion sera bientôt proposée.