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Sillia au bord du dépôt de bilan

Moins de trois ans après avoir repris l’activité photovoltaïque de Bosch, la société Sillia VL risque fort de déposer le bilan d’ici le printemps prochain. Dans les prochains jours, la société procédera à une déclaration de cessation de paiement.C’est ce que son PDG, Bruno Cassin, a expliqué aux 128 salariés du site vénissian, le 11 janvier après-midi.

Moins de trois ans après avoir repris l’activité de fabrication de panneaux photovoltaïques de Bosch, la société Sillia VL risque fort de déposer le bilan d’ici le printemps prochain. Elle emploie 128 salariés à Vénissieux et 45 à Lannion (Côtes-d’Armor). Dans les prochains jours, la société procédera à une déclaration de cessation de paiement pour ouvrir une procédure judiciaire gelant les dettes. C’est ce que son PDG, Bruno Cassin, a expliqué aux salariés du site vénissian, le 11 janvier après-midi.

Difficultés de financement

Depuis le printemps 2015, le repreneur recherchait en vain des liquidités auprès des banques (13 millions d’euros) pour acheter la matière première et de nouvelles machines permettant de relancer la production, qui tournait au ralenti, « malgré un carnet de commandes bien rempli », selon M. Cassin. Faute de réponse positive de la part des banques, l’entreprise avait envisagé de recourir au « lease-back », un procédé qui permet de vendre un actif mais de continuer à l’utiliser en location longue durée. Sillia VL aurait alors pu faire entrer quelques millions d’argent frais mais n’aurait plus été propriétaire de ses machines. Le personnel s’était opposé à cette solution.

Engagements non tenus

Les organisations syndicales CGT et CFDT de l’entreprise ont alerté les pouvoirs publics à plusieurs reprises depuis des mois. Le 9 janvier encore, la CGT avait envoyé un courrier au Premier ministre décrivant la « situation financière très préoccupante » de Sillia. Selon le syndicat, cette situation est notamment due au fait que l’État ne tient pas ses engagements. En 2013, lorsque Sillia avait repris l’unité du groupe Bosch à Vénissieux, l’État s’était engagé à « garantir des charges de travail à travers une politique volontariste en faveur des énergies renouvelables et en particulier l’énergie photovoltaïque, via les appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) ». Mais l’État et les lauréats des appels d’offres CRE n’ont pas passé les commandes fermes promises. Or, le plan économique sur lequel les experts et le tribunal de commerce s’étaient prononcés lors de la reprise s’appuyait sur ces volumes de production et cette charge de travail jamais atteints.

Responsabilité de l’État

La CFDT de l’entreprise donne un exemple. « Un million de panneaux solaires ont été utilisés pour construire la plus grande plateforme photovoltaïque d’Europe, à Cestas, en Gironde, en 2015. Ils proviennent tous de sociétés chinoises. Quelle immense déception pour nous de savoir que pas un seul de ces panneaux n’a été produit en France, poursuit le syndicat. À entendre les responsables de ce projet colossal, la France n’était pas en capacité de répondre à un tel appel d’offres… «  Pour la CGT, « l’État a failli sur ce dossier. Il doit sans tarder prendre ses responsabilités et assurer l’avenir de Sillia et de ses salariés », tandis que le groupe Bosch « doit contribuer à son redressement financier. Il en a les moyens ».

Fatalisme

La « solution Bosch » est dans la tête de beaucoup. Mais pas tant pour un retour dans le giron du groupe allemand (voir historique ci-dessous) que pour bénéficier du plan social que Bosch s’est engagé à financer en cas de « défaillance » de Sillia VL dans les trois ans suivant la reprise. Le terme de l’échéance est en juin prochain… Persuadés qu’ils seront de toute façon licenciés à moyen terme, un grand nombre de salariés préféreraient donc l’être avant l’été, car les conditions offertes par la multinationale seraient plus « avantageuses » que celles de Sillia seule.

Investisseurs ou repreneurs ?

« La société Sillia VL n’est pas en mesure de s’en sortir seule, mais je continue de me battre pour la poursuite de l’activité, car la charge de travail existe, explique Bruno Cassin. C’est dans cette optique que je discute actuellement avec deux acteurs industriels. » Mais les syndicats craignent qu’il ne s’agisse pas tant d’investisseurs venant en renfort de Sillia que de repreneurs pour le site. « C’est un dossier compliqué dont il faut sortir par le haut, estime Simon-Pierre Eury commissaire au redressement productif à la Dirrecte Auvergne-Rhône-Alpes, interrogé par Acteurs de l’économie-La Tribune. Il faut trouver une solution pérenne pour maintenir les emplois et la production de modules photovoltaïques dans cette usine de Vénissieux sans réel équivalent en France. Ne pas maintenir cette production serait un recul. » Un de plus ?

Historique

2004 : Bosch Vénissieux est la première entreprise en France à conclure un accord de compétitivité : en échange de la suppression de 6 jours de RTT, du blocage des augmentations et de la suspension de la prime d’intéressement sur trois ans, Bosch s’engage à installer une production de pompes à injection diesel nouvelle génération sur le site et garantit la pérennité de l’activité.

2009 : Bosch annonce qu’elle va délocaliser la majeure partie de sa fabrication de pompes à injection, qui emploie alors 900 personnes, dont un gros volant d’intérimaires.

2012 : Bosch opère une reconversion partielle de site, en ouvrant une unité de fabrication des panneaux photovoltaïques employant 220 salariés.

2014 : Bosch cède son usine, pour un euro symbolique, à Sillia Énergie qui reprend 128 salariés. Bosch verse 9,3 millions au repreneur.

2017 : Sillia se déclare en cessation de paiement. En sept ans, ce site a perdu 772 emplois.

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