Alice Batel : “Femme de ménage, ce n’est pas juste un balai, un seau et deux bras”
“Je veux que mon entreprise soit rentable, et que mes employées aient envie de se lever à quatre heures du matin pour venir travailler, même si c’est un métier dévalorisé.” Depuis 2014, Alice Batel s’est lancée sur le marché très concurrentiel du nettoyage pour les entreprises.
Mais cette trentenaire souriante et volontaire ne rêve pas de taux de croissance à deux chiffres, de spectaculaires levées de fonds ni de stock-options. Son objectif est avant tout… social. “Ma mère a été femme de ménage toute sa vie. C’est un métier que je connais bien, confie-t-elle. Je sais à quel point il abîme les femmes. Les produits, les postures, les horaires, les cadences sont rarement adaptées. Moi, je ne veux pas gagner ma vie sur la santé des gens.”
Pour y parvenir, la jeune femme peut compter sur plusieurs compétences. Titulaire d’un BEP bio service orienté nettoyage, elle possède un bac professionnel “Hygiène et environnement”, ainsi qu’une maîtrise en droit du travail, option ergonomie ! “Au départ, je voulais intégrer l’inspection du travail pour défendre les droits des femmes de ménage. C’est pour cette raison que j’ai fait ces études. Mais j’ai finalement pensé que je serais plus utile en tant qu’employeur.”
Reste donc à concrétiser ce rêve. Alice Batel table notamment sur la formation et la motivation de ses employées. “Femme de ménage, ce n’est pas juste un balai, un seau et deux bras, c’est un vrai métier qui nécessite des compétences. Et quand les gens sont formés correctement, ils font leur travail plus consciencieusement.”
Pour se démarquer des grosses enseignes, l’entrepreneuse met aussi en avant sa présence sur le terrain — balai à la main lorsque c’est nécessaire — et le contact qu’elle entretient avec ses clients. “Tout se passe en direct, ça coûte moins cher et c’est plus efficace”, sourit-elle. Déterminée, Alice Batel compte bien se verser ses premiers salaires début 2017. Les premières embauches devraient alors intervenir dans la foulée.
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Sakina Beldjoudi : “Sans certains organismes, je ne me serais pas lancée”
C’était il y a tout juste un an. À 26 ans, Sakina Beldjoudi ouvrait les portes de “Sagesse”, un salon de coiffure, d’esthétique et d’onglerie en plein cœur des Minguettes, avenue Jean-Cagne. Avant de se lancer, la jeune femme possédait une solide expérience professionnelle : elle a travaillé un an dans un salon à Vénissieux Centre, deux ans au Moulin-à-Vent, puis dans la galerie marchande d’Auchan, enfin à domicile plusieurs années.
“Aux Minguettes, il n’y a pas de concurrent. L’emplacement est très agréable. Les locaux sont tout neufs et le tram a un arrêt juste à côté. De nombreuses familles y vivent, donc potentiellement mon entreprise devait fonctionner”, analyse-t-elle.
Sakina reconnaît avoir eu des craintes avant de s’installer dans le quartier. “Pourtant je connais bien la ville. Des membres de ma famille y résident. Mais j’avais le souvenir de l’ancienne galerie marchande ! Aujourd’hui ce n’est plus du tout pareil. Et je ne regrette rien puisque tout se passe au mieux. Depuis un an, je n’ai pas de souci.” Elle a embauché une apprentie et deux salariées. Une esthéticienne en free lance vient en cas de demande. “J’ai beaucoup de client(e)s qui vivent dans le quartier : c’est très familial, tout le monde se connaît, le bouche-à-oreille fonctionne bien.”
Avant son installation, Sakina, a été aidée par CréActeurs (Aujour-d’hui Planet Adam) notamment par M. Charbonnier : “Son aide a été précieuse, sans lui je ne me serais peut-être pas lancée. Il m’a informée, aidée à remplir les papiers, orientée dans de bons choix. Il m’a guidée pour la mise en place de mon business plan. D’autres organismes sont présents : que ce soit l’ADIE (Association pour le droit à l’initiative économique) ou le RDI (Rhône développement initiative) qui permettent d’obtenir entre autres des prêts à taux zéro. Ces aides sont des précieux coups de pouce.”
Pour l’instant Sakina ne regrette rien même si la conjoncture n’est pas facile : “Ce que je veux aujourd’hui c’est que ma société vive bien. Je fais travailler du monde. Et ceci est une réelle satisfaction.”
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Michèle Feuillet
Monia El Mazni : “J’avais besoin d’oxygène”
Depuis début septembre, Monia El Mazni a rejoint les rangs des chauffeurs VTC (Voiture de transport avec chauffeur). Ses journées sont désormais rythmées par le démarchage des clients, l’entretien de son véhicule et les itinéraires dans toute la région.
“Je travaille avec les clients que m’envoie la plateforme Über, mais aussi avec des personnes qui me contactent directement. C’est un métier intéressant, dans lequel on rencontre beaucoup de gens. Il faut être organisé et méthodique, avoir une excellente présentation et le sens du contact. On ne s’ennuie jamais, il y a toujours quelque chose à faire”, relate-t-elle. Avant d’ajouter que les journées sont parfois longues mais que “c’est plutôt une bonne chose”.
Il y a un peu plus de trois ans, Monia El Mazni était assistante de direction, un poste qui ne lui correspondait pas vraiment. “À un moment, j’en ai eu marre des bureaux. J’ai voulu voler de mes propres ailes. L’idée de devenir chef d’entreprise s’est donc naturellement imposée. Bien sûr, je voulais mieux gagner ma vie, mais surtout cela signifiait pour moi l’épanouissement, la liberté… J’avais besoin d’oxygène !”
En février dernier, après deux ans d’inactivité, le projet devient plus clair. Comme plusieurs de ses proches, elle va se lancer dans le transport de personnes. “En fait, chez nous, le transport est une histoire de famille. Certains sont chauffeurs VTC, d’autres ont une licence de taxi… Ce sont deux métiers distincts, qui correspondent à des attentes différentes des clients.”
Avec l’aide de Pôle emploi, de l’ADIE et de Planet Adam (lire ci-contre), elle obtient un prêt de 5 000 euros et un accompagnement dans son projet. Elle remplace alors sa voiture, retrouvée brûlée un matin sur un parking, par un véhicule plus conséquent qui lui permettra de transporter des clients. L’avenir ? Monia El Mazni l’envisage sereinement. “J’espère bien arrêter de conduire d’ici deux ou trois ans, et gérer plusieurs chauffeurs”, conclut-elle.
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