Alandia Industries, le repreneur de Carbone Savoie, a présenté cet été un projet de « réorganisation » et d’économies qui entraînerait 80 suppressions de postes (50 % de CDI et 50 % d’intérimaires) et la révision à la baisse des accords d’entreprise existants (contrat de prévoyance, mutuelle…). Les deux sites de l’entreprise sont concernés, à Vénissieux et à Notre-Dame de Briançon (Savoie). L’impact sur les « ressources humaines » doit être présenté en Comité central d’entreprise le 11 octobre.
Une reprise agitée. Carbone Savoie (ex-SERS) fabrique des cathodes pour la production d’aluminium primaire. En avril 2016, son propriétaire, le géant minier anglo-australien Rio Tinto, l’a cédé à la holding française Alandia Industries, spécialisée dans la reprise d’entreprises en difficultés. Inquiets du manque de transparence du processus de cession et doutant des ambitions industrielles du repreneur, les salariés avaient fait un mois de grève, en février et mars. Rio Tinto et Allandia s’étaient engagés à ne réaliser aucun licenciement sec jusqu’en 2018 et à investir dans l’outil de production.
En juillet, la nouvelle direction a expliqué au Comité central d’entreprise que les carnets de commandes étaient pleins à ras bord et les perspectives du secteur enthousiasmantes, mais qu’il allait manquer 4,5 millions d’euros sur les deux prochaines années, notamment pour financer les investissements nécessaires. D’où le plan de « réorganisation » examiné en ce moment.
Ruptures conventionnelles favorisées. Comme elle s’y était engagée lors de la reprise, la direction d’Alandia évite de procéder à des licenciements secs. Elle privilégie les reclassements en interne et les ruptures conventionnelles négociées. « Mais les reclassements proposés ne sont pas toujours réalistes, explique Pascal Mirales (délégué FO). Lorsque l’on propose un poste d’opérateur aux fours à une secrétaire du service commercial, il y a peu de chance qu’elle accepte… » Une trentaine de ruptures conventionnelles auraient déjà été signées depuis le mois de juillet. Assorties de primes au départ majorées, elles peuvent sembler avantageuses à des salariés exposés à des conditions de travail pénibles et proches de la retraite. Selon les syndicats, ce sont donc surtout des ouvriers qui ont eu recours à cette opportunité, et non les cadres. Or, il semble qu’Alandia souhaite surtout réduire cette catégorie de sa masse salariale en taillant dans les « fonctions support » (ressources humaines, comptabilité, service qualité, administratif…).
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