Voilà, c’est fini aurait chanté Jean-Louis Aubert. Commencée le 14 juillet, la 18e édition des Fêtes escales vient de s’achever le 16 juillet, avec un record — pour cette année — de pas loin de 4000 spectateurs ce dernier soir. Recruté il y a quelques semaines comme programmateur de Bizarre !, ce nouveau lieu vénissian de musiques actuelles, Thomas Prian a été nommé il y a peu directeur du festival d’été et c’est lui qui en assurera la programmation l’an prochain.
Avec un menu travaillé cette année par son prédécesseur Michel Jacques, Thomas s’est bien tiré de cette première épreuve du feu : successivement, il a dû faire face aux intempéries —et elles étaient sacrément fortes ce 14 juillet. Au doute qui a suivi l’attentat de Nice : fallait-il ou pas continuer et en aurait-il ou pas l’autorisation ? Aux problèmes techniques, telle cette artiste qui arrive avec une connectique qui n’est pas conforme aux branchements du festival (tout fut remis en ordre grâce aux électriciens municipaux).
« Le bilan est positif, se réjouit Thomas, malgré ce premier jour difficile et ces averses survenues à un des moments-clefs des Fêtes escales. Nous comptons pas loin de 400 personnes à avoir assisté au concert classique de l’orchestre de l’Opéra de Lyon et, le soir, les spectateurs étaient entre 6 et 700. Pour La Grande Sophie, on estime le public à plus de 2500 personnes. C’était une soirée euphorique, qui a commencé très bien avec les Fat Bastards et Zoufris Maracas. La Grande Sophie a, quant à elle, apporté de la simplicité et de l’émotion. Elle a dû s’adapter à un lendemain d’attentat et ça lui a fait du bien de jouer. Elle nous a ensuite envoyé un mail qui nous expliquait que ce concert du 15 juillet avait été un moment particulier. »
Moment particulier également pour les organisateurs : « Jusqu’à 15 heures, nous ne savions pas si l’on pouvait ou pas maintenir la soirée. »
Thomas a longtemps programmé le festival Woodstower, d’abord implanté à La Tour-de-Salvagny, puis dans le parc de Miribel. Bien sûr, pour lui, les Fêtes escales ont leur spécificité. Déjà parce qu’elles ciblent le « tout public » et pas seulement un style de musique en particulier. « C’est vrai que Woodstower n’a rien à voir mais j’ai beaucoup de plaisir à retrouver l’ambiance d’un festival. La différence de jauge n’est pas énorme. À Vénissieux, j’ai trouvé une équipe soudée. Aujourd’hui, au terme de la manifestation, hyper fatiguée mais soudée. »
Thomas va pouvoir commencer à réfléchir, dès la rentrée, à la prochaine programmation des Fêtes escales. « Elle va dépendre du cahier des charges mais je voudrais garder l’éclectisme ! »
Lequel continuera donc de donner toute sa valeur au festival vénissian. La dernière soirée fut en cela représentative de sa qualité. Après le rock et l’énergie des Monstroplantes, nous avons eu le raï électro beaucoup plus calme de Mazalda, puis l’afro-rock emballant de Rokia Traoré. Il faut également garder en mémoire les prises de paroles des différents artistes, autant d’occasions de communiquer avec le public mais aussi d’évoquer des sujets brûlants dont il n’a pas forcément entendu parler. Ainsi, Rokia Traoré a-t-elle mentionné la crise du Mali : « Les jeunes ont manifesté, ce qui s’est soldé par quatre morts et beaucoup de blessés. Réclamer ses droits peut être compliqué pour certains. Et puis, il y a eu Nice. Il faut vivre et vivre pleinement. Ne pas céder à la peur. Pratiquer la liberté et le respect de l’autre. »
Un message pratiqué depuis 18 ans par les Fêtes escales et prêt à être repris encore et encore.
Derniers commentaires