Sans doute l’acteur Pierre Arditi, le dessinateur de BD Joan Sfar ou la patronne du site d’e-commerce sarenza.com Hélène Boulet-Supau ont-ils rendus d’inestimables services contribuant à la grandeur de la France, et méritent donc de faire partie de la dernière promotion de la médaille de la Légion d’honneur. Il est tout de même permis de penser que certains la méritent plus que d’autres… Roger Gaget fait partie de ceux-ci. Né à Tarare, le 12 février 1923, il réside depuis une quinzaine d’années à Vénissieux. Le 28 juin, à l’hôtel de Ville de sa ville d’adoption, il est devenu Chevalier de la Légion d’honneur à 93 ans.
Maquisard
Roger Gaget a été, pendant plusieurs années, président départemental de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (Anacr). A 19 ans, en 1943, il s’engage dans un maquis du Haut-Jura, qui mène un combat vigoureux contre les nazis et leurs supplétifs fascistes français. Son groupe, le « réseau Périclès », affronte la Wehrmacht à de nombreuses reprises, équipés avec les moyens du bord, crevant de faim et de soif, et sous-armés. Lors d’un combat, une grenade allemande explose à côté de lui, le blessant au visage. Les actions de son maquis empêcheront des renforts allemands venus d’Italie de rejoindre le font de Normandie, où les Alliés venaient de débarquer (voir son portrait dans Expressions en 2013).
Hommages
Après-guerre, Roger Gaget, multipliera les interventions dans des établissements scolaires et au Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation. Evelyne Pascal, vice-présidente de l’Anacr 69, a d’ailleurs rendu hommage à son engagement et salué l’énergie qu’il a déployé pour transmettre les valeurs de la Résistance aux jeunes générations. Prenant la parole à son tour, Louis Vilpini, président des Anciens des maquis du Haut-Jura, a retracé, avec une grande émotion, l’épopée de cette « poignée de garçons et de filles, traités par certains de brigands, qui ont sauvé l’honneur de la France et permis sa libération. Ayons une pensée pour eux, qui ont fait le sacrifice de leur jeune vie. Et pour les autres, bien peu restent aujourd’hui, tous plus que nonagénaires. » C’est Marcel Dauchot, lui-même chevalier de la Légion d’honneur, qui a décoré Roger Gaget, devant la haie d’honneur formée par les porte-drapeaux au garde-à-vous. Pour Michèle Picard, maire de Vénissieux, de même qu’un « Nobel ne récompense pas un livre mais une œuvre, cette médaille de Chevalier de la légion d’honneur récompense non pas un fait extraordinaire, mais une vie entière. »
Passer le flambeau
Enfin, prenant la parole d’une voix étonnamment forte pour un homme de son âge, Roger Gaget a expliqué que « la fin de la guerre n’a pas signifié la fin du fascisme, des idées réactionnaires et racistes. On assiste même à leur résurgence aujourd’hui. Il nous appartient de témoigner pour rappeler ce à quoi ces idées nauséabondes ont conduit. Passons le flambeau à la jeunesse, qui leur fera barrage », a conclu Roger Gaget en citant Lucie Aubrac : « le verbe résister se conjugue toujours au présent ». Moment très fort, la cérémonie s’est terminée par Le chant des partisans, entonné a capella par toute l’assistance.