Selon Gérard Collomb, la pollution de l’air est « un vrai sujet sur lequel il convient de mener des politiques ambitieuses ». Le 21 juin, le président de la Métropole lyonnaise était accompagné de Marie-Blanche Personnaz, directrice d’Air Auvergne-Rhône-Alpes* et du cancérologue Thierry Philip, vice-président chargé de l’Environnement, de la santé et du bien-être dans la ville, pour présenter son « plan oxygène ». C’est qu’il y a urgence. « Même en 2014, qui était une bonne année car les conditions météo étaient toutes hyperfavorables, on est quand même arrivé à 30 jours au-dessus de la réglementation », rappelait Marie-Blanche Personnaz.
Pour les habitants, le dossier reste sensible. Si 56 % des Européens se disent préoccupés par la pollution atmosphérique, ce chiffre monte à 83 % chez les Rhônalpins et les Métropolitains, selon un sondage de 2013 réalisé par Air Rhône Alpes. Dans le monde, 3,7 millions de décès prématurés sont imputés à la pollution, dont 600 000 en Europe. Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue son coût économique à 1 400 milliards d’euros pour l’Europe. Les pics de pollution font toujours partie du paysage métropolitain : on en a dénombré 65 en 2011, 52 en 2012, 57 en 2013, 31 en 2014, 42 en 2015…
Pour Gérard Collomb, cette lutte contre la pollution passe nécessairement par la suppression des autoroutes urbaines lyonnaises, l’A6 et l’A7. « Le décret sera signé avant la fin de l’année », a-t-il assuré. Avant d’annoncer que le tunnel de Fourvière sera prochainement interdit « définitivement » à tous les poids lourds en transit (et non plus seulement aux plus de 7,5 tonnes). Et d’indiquer qu’une voie supplémentaire réservée aux transports en commun et aux taxis serait créée sur le tronçon Pierre-Bénite/Dardilly (à l’exception de la partie sous le tunnel de Fourvière), pour « changer les comportements en matière de déplacement ».
Enfin, celui qui est aussi maire de Lyon a précisé avoir demandé aux services de l’État de mettre en place une signalétique pour envoyer les automobilistes sur l’A432, « au large de l’aéroport ». Ce qui les obligera à emprunter l’A43, mais aussi l’A46 qui traverse l’Est-Lyonnais. Les riverains apprécieront ! D’autant que les conducteurs avertis et leurs GPS auront tôt fait de comprendre que, tant qu’à passer par l’Est, la Rocade offre un raccourci de 12 kilomètres pour contourner Lyon.
Une zone de circulation « à faible émission » dès 2017
Le plan Oxygène, ce sont aussi un milliard d’euros d’investissement prévus de 2015 à 2020 pour développer l’offre de transports en commun, une extension du réseau de pistes cyclables de 640 à 1 000 km d’ici 2020, le développement du réseau Velo’v et le renforcement de l’aide à l’achat de vélos électriques, ainsi que la mise en place d’un « pass urbain » intégré. Pour diminuer la consommation en énergie – nécessairement polluante – la Métropole table aussi sur la plateforme Eco-Renov, qui dispose de 30 millions d’euros pour aider les propriétaires à « éco-rénover » leurs logements. 650 l’ont été à ce jour, pour un coût de 11 millions. L’objectif est de passer à 1 800 par an. Quant au chauffage individuel au bois « non performant », responsable d’une part non négligeable d’émissions de particules, il sera ciblé par une prime au renouvellement.
Avec cette « démarche », qui doit toutefois être encore soumise au vote des élus en début d’année prochaine, la Métropole table à l’horizon 2020 sur une baisse de 20 % des émissions de dioxyde d’azote, et de 15 % des émissions de particules fines. Ce serait une première étape, avant d’atteindre en 2030 les seuils préconisés par l’OMS. Pour réaliser cet objectif, elle compte aussi sur une zone de circulation « à faible émission », qui devrait être mise en place fin 2017. Les restrictions de circulation pour les véhicules les plus anciens et les plus polluants qui la caractériseront ne concerneront toutefois que les utilitaires et les poids lourds, « après concertation avec les professionnels ». Exit donc les vignettes automobiles, que l’État mettra au 1er juillet à la disposition des collectivités « qui souhaitent conduire des politiques volontaristes ». En cas de pic de pollution, les fumées noires des vieux diesels des particuliers seront toujours autorisées, et la circulation alternée restera une idée « utopique »… Mais pour combien de temps ?
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