Ce 16 juin, le rideau s’est levé sur la prochaine programmation du Théâtre de Vénissieux. Une saison que Françoise Pouzache, directrice de La Machinerie qui regroupe le théâtre et l’équipement Bizarre !, a résumée par un titre : « La joie est libre ».
« Il faut parler de la joie pour ne pas parler du reste. On ne peut pas, sans arrêt, mettre en avant l’agressivité, la guerre, les attentats, la violence sociale… Nous devons donner un peu d’espoir, avec cette joie ressentie quand on partage un moment particulier. Elle est un sentiment qui peut être complètement libre, qui nous échappe. Citons aussi la liberté de création que l’on doit laisser aux artistes pourvoyeurs de cette joie. Et cette création est encore soutenue cette année, comme nous sommes scène régionale, par l’État, la Région, la Métropole et la Ville. »
Pour donner des éclairages sur cette nouvelle année théâtrale, Françoise Pouzache choisit quelques mots-clefs : résidence, créations, grands noms, grand public, hors-norme, tout-petits et Biennale de la danse, avec deux spectacles en septembre et octobre.
Pour sa troisième et dernière année de résidence, le blÖffique théâtre de Magali Chabroud a décidé de poursuivre son exploration du passé imaginaire de Vénissieux sous le nom de « Oniré », sous-titré « Promène-toi dans ta tête », avec « deux balades fictionnées aux Minguettes et au Centre ». Le point final sera une conférence, « comme un bilan de ce qui a été trouvé sous nos pieds, une sorte de cabinet des curiosités, encore une histoire de Vénissieux, d’un Vénissieux, des Vénissieux ».
Plusieurs créations vont ponctuer la saison, depuis la métaphore de la société argentine sous la forme d’une centenaire qui dévore tout ce qu’elle trouve — « La nonna », texte de Roberto Cosso, mise en scène de Natalie Royer, en novembre — jusqu’à l’histoire d’une famille française de quatre personnes qui, elles, crèvent la dalle — « Les invisibles », texte de Claudine Galea, mise en scène de Muriel Coadou et Gilles Chabrier, en décembre. Le chorégraphe Pierre Bolo transposera quant à lui le fameux « Sacre du printemps » de Stravinsky en une version hip-hop et contemporaine : « In Bloom », en janvier. Quant à la compagnie grenobloise La Bande à Mandrin, c’est à Shakespeare qu’elle s’intéresse avec « La très excellente et lamentable tragédie de Roméo et Juliette » (février). « C’est un grand classique que tout le monde a traité, reprend Françoise Pouzache, au théâtre mais aussi avec « West Side Story », le « Romeo + Juliet » avec Leonardo Di Caprio ou la version montée dans les prisons italiennes. Shakespeare, comme Molière, restent tellement actuels qu’ils sont transposables à l’envi. »
Françoise Pouzache qualifie de « hors-norme » quelques soirées : « Le carnaval des animaux » de Saint-Saëns, créé avec l’école de musique et le conteur Pépito Matéo (février) ou le retour du collectif Mensuel, ces Belges qui nous avaient enchanté avec « L’homme qui valait 35 milliards » et qui, avec « Blockbuster » (avril), vont trimballer dans leur escarcelle une kyrielle de stars hollywoodiennes sur grand écran. Elle cite encore « Mon traître » — texte de Sorj Chalandon mis en scène par Emmanuel Meirieu, en mars —, deux fantastiques monologues sur un militant de l’IRA qui travaillait pour les services secrets britanniques, ce que découvrit avec stupéfaction Chalandon après l’assassinat de son ami Denis Donaldson, dits avec justesse et sobriété par Jean-Marc Avocat.
Et puis, il y aura quelques grands noms qui vont arpenter la scène vénissiane. Les yeux de la directrice se mettent à pétiller, eux qui brillent déjà dès qu’elle évoque les spectacles qu’elle aime. « Nous aurons, en octobre, Brigitte Fontaine, Loïc Lantoine et les Musiques à Ouïr. Puis, en novembre, Oxmo Puccino présentera « La voie lactée ». Il a également accepté d’être le parrain de Bizarre !, dont il lancera la programmation en septembre. Nous aurons ensuite en décembre le cabaret musical loufoque « On a dit on fait un spectacle » où, suivant les lieux et les dates, aux côtés des musiciens, viennent s’ajouter des artistes invités, jamais les mêmes. À Vénissieux, ce sera Renan Luce et J.P. Nataf. »
Citons encore Émilie Loizeau et le cirque du Cambodge, tous deux en mars.
Et ce n’est pas tout. Il faudrait encore parler des spectacles ciblés « grand public » et « jeune public ». Après la bonne saison 2015-2016 qui a bien marché, malgré quelques changements de dates qui ont fait perdre du public et, sans doute aussi, la peur des attentats, Françoise Pouzache, comme elle le dit elle-même, continue « de creuser un sillon ». « On m’a fait remarquer l’an dernier qu’il y avait moins de spectacles purement théâtraux. Cette année, on y revient un peu plus. Ici, le public a été éduqué au théâtre par Gisèle Godard, que j’ai remplacée à la direction. Il faut donc fournir ! »
Derniers commentaires