Vous l’avez peut-être aperçu voler au-dessus de la ville, en février dernier. Un gros drone équipé d’une caméra thermique infrarouge a inspecté 5 kilomètres sur les 22 que compte le réseau de chaleur de Vénissieux Énergies. Ses clichés, spectaculaires, feraient presque croire que de la lave s’écoule sous la ville… On en est loin, puisque l’eau qui circule entre la chaufferie et les sous-stations des immeubles n’atteint que 105° (tout de même). Une forte pression permet à l’eau de ne pas bouillir et de rester à l’état liquide. Du coup, il faut des tuyaux costauds. Que la corrosion peut tout de même finir par altérer.
« Les problèmes sont souvent dus à l’infiltration d’eaux extérieures au réseau comme les eaux usées ou l’eau de pluie, explique François Fèvre, chargé de communication chez Dalkia* Centre-Est. Leur stagnation abîme la protection qui permet de conserver la chaleur et peut, à terme, corroder les tuyaux et provoquer des casses ou des fuites. » L’objectif de cette thermographie aérienne était justement de localiser d’éventuelles zones susceptibles de se fissurer. Un diagnostic qui permet ensuite d’orienter le programme de renouvellement des canalisations.
Comment ça marche ?
« L’identification de points de faiblesse se fait à la lecture de la carte, explique François Fèvre. La couleur écarlate caractérise une source de chaleur et met en évidence une anomalie thermique d’isolation du tuyau. » Pour bien faire, les clichés doivent montrer un halo lumineux régulier autour de la canalisation. À l’inverse, une zone moins bien isolée se trahira par un rayonnement irrégulier. Lors de cette inspection, neuf de ces points ont été identifiés. Les premiers seront traités dans le cadre des travaux de modernisation du réseau réalisés cet été par Vénissieux Énergies. Pour Jérôme Aguesse, directeur régional de Dalkia Centre-Est et président de Vénissieux Énergies, « l’expérimentation a été un succès. Le drone livre des images de qualité et coûte moins cher qu’une thermographie aérienne menée par avion ou par hélicoptère. Nous allons analyser et modéliser ces données dans notre système informatique ».
L’intégralité du réseau, à terme
Jusqu’à présent, les drones étaient peu utilisés pour la thermographie aérienne car ils ne pouvaient pas supporter le poids des caméras à infrarouge. De récentes avancées technologiques ont changé la donne. C’est la société lyonnaise StudioFly, basée à Gerland, qui a été retenue pour ces vols pionniers. Pionniers, car le travail réalisé par leur drone « Octocopter Mikrokopter » à Vénissieux constitue une première nationale en termes d’utilisation des résultats. En mai 2015, Dalkia avait testé la détection par drone au-dessus de Mazamet (Tarn). Mais le survol de Vénissieux a fourni des données exploitables à 80 %, au lieu des 50 % pour l’expérimentation menée à Mazamet. « Après plusieurs heures de vol au-dessus de la ville, le drone a fait apparaître des anomalies mais aussi un certain nombre d’irrégularités qu’une thermographie traditionnelle n’aurait pas permis de relever, précise Jérôme Aguesse. Contrairement à un contrôle pédestre, il offre un champ de vision plus large et plus précis, avec une restitution d’images plus pointue. » Pour Dalkia, Vénissieux présentait l’avantage d’une portion de réseau où des opérations de thermographie récentes pouvaient servir de point de comparaison. L’opération va se poursuivre et, à terme, l’intégralité du réseau de la ville de Vénissieux sera inspectée.
*Vénissieux Énergies est une filiale de Dalkia (groupe EDF)
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