A Lyon, ce 26 mai, 12 000 personnes (selon les organisateurs. 4 000 selon la police), ont marché contre le projet de loi « travail ». Expressions a rencontré quelques Vénissians dans le cortège. Ils expliquent les raisons de leur présence.
Monique Bornu
« En référence au machin créé par Macron, j’ai écrit sur ma pancarte « En marche… arrière toute ! » Je veux le retrait de cette loi qui tue la protection des travailleurs, qu’ils soient actifs, chômeurs ou retraités. J’en ai assez de cette régression sociale constante, qui profite aux super-riches, qui enfonce les petites gens. Je viens de remplir ma déclaration de revenus : 15.000 euros par an. Dans le même temps, le président de Sanofi gagne 16 millions. Et Gattaz, le président du Medef, qui gagnait un smic par jour avant de s’augmenter de 29%… Et ils nous demandent de nous serrer la ceinture ! C’est insupportable, non ? »
Gilles de Gea (salarié de Bosch Rexroth)
« A Rexroth, nous venons de mettre en échec le projet de destruction du site de Vénissieux présenté par la direction allemande du groupe. Si la loi Travail s’appliquait, ça deviendrait plus facile de nous mettre en difficulté en faisant perdre de l’argent à l’une des entités du groupe pour justifier la fermeture de toutes ! Nous avons gagné parce que nous sommes restés unis et fermes. Contre ce projet, c’est pareil. On peut les faire reculer. Si on doit modifier le Code du travail, ça doit être pour mieux protéger les salariés, pas pour torpiller des droits qui ne sont pas des privilèges. »
Gilbert Deschamp (retraité)
« Si la loi passe, les patrons vont baisser les salaires et il sera encore plus facile de licencier. Donc les cotisations sociales diminueront. Et les pensions de retraite par conséquent. CQFD ! Si on laisse passer, on finira dans la misère. »
Patrick, Pascal, Romain, Didier, René, Sergio, Franck… (salariés de Sillia)
« La situation de notre boite est très inquiétante. On sort d’une semaine de chômage technique. La direction dit que les carnets de commande sont pleins mais on tourne au ralenti, à cause de pannes régulières sur un parc de machines pas entretenues. Les banques ne veulent pas prêter pour nous permettre d’acheter du matériel neuf et des matières premières de qualité. Nous sommes mobilisés contre une loi de casse sociale, mais aussi pour obtenir des garanties pour l’avenir industriel, le nôtre à Vénissieux, mais aussi celui de la France. »
Frédéric Panetié, Patrick Dalmas (salariés de Renault Trucks)
« Aujourd’hui, chez nous, 20% des ouvriers sont en grève. Même si le soutien au mouvement est bien plus large, ça parait peu, par rapport à une époque. Mais être en grève, c’est dur, financièrement, surtout quand il n’y a qu’un seul salaire qui rentre à la maison. Beaucoup d’entre nous ont un conjoint au chômage. La peur qu’il n’y en ait plus du tout est forte : on sort de 2 plans sociaux et un 3eme est en cours. Et bien pourtant, le mouvement s’amplifie au lieu de s’essouffler. C’est pas rien, vous savez ! »
Chantal (retraitée de la fonction publique territoriale)
« J’ai fait toutes les manifs depuis le début du mouvement. C’est dur, le gouvernement ne veut pas lâcher, mais nous non plus ! Je refuse de laisser sacrifier toutes les conquêtes sociales faites par les luttes de nos anciens et par les nôtres. Et puis je pense à mes enfants et à mes petits-enfants. Déjà que c’est pas facile, je ne veux pas leur laisser un monde pourri ! »
Photos Raphaël Bert / Expressions